Le Dernier Soulèvement de Sébastien Garnier : place à la Bio-Révolution

FOND FOCUS LITTERATURE (9)

Imaginez un monde où l’eau est aussi précieuse qu’un diamant, où la nature a pris le contrôle de notre quotidien... Un pays où la dictature écologiste règne en maître, la surveillance est omniprésente dans vos foyers et la révolution est en marche. C’est bon : vous avez le « pitch » du prochain livre que vous lirez. Bienvenue dans l’univers du Dernier Soulèvement, le nouveau roman de Sébastien Garnier. Un véritable trésor de science-fiction, qui prend la forme d’une œuvre réussie, complète et satisfaisante. En effet, malgré son épaisseur (le récit s’étend sur plus de 400 pages), l’auteur parvient brillamment à captiver, à effrayer, à enchanter… 

L’intrigue principale tourne autour de Lazare, le personnage central, qui est aussi courtisan dans une version de Paris misérable, soumise à la Bio-Révolution. Il se rend chez la Comtesse de Roquefeuil, qui possède une collection d’objets en plastique, un matériau rare et même interdit dans cette société obsédée par la préservation de la planète. Lazare se retrouve en possession d’un œuf en plastique, ce qui lui attire les ennuis... En effet, dans cette œuvre bien construite, l’écologie est montrée sous un angle excessif, avec la dictature dirigée par le chancelier Valdeck : un antagoniste menaçant, charismatique…

Ce roman met surtout en avant une histoire de rébellion et de renversement de régime. Valdeck est en connexion ave « Mère », le fruit d’une fusion entre une IA (Intelligence artificielle) et un être humain de genre féminin. Cette IA est la maîtresse absolue et elle ne se trompe jamais. Impressionnante et effrayante à la fois, cette icône représente bien la crainte des personnes vis-à-vis des robots ou des machines, qui pourraient finir par gouverner le monde entier. 

Autre point intéressant de ce texte glaçant, la relation entre Lazare et sa fervente cliente : la Comtesse. Cette femme riche et violente est une figure ambiguë, détestable sous bien des aspects, mais aussi viscéralement fascinante. Un passage du livre décrit les catacombes de Paris comme étant une « légende urbaine », prouvant bien que la dictature a bel et bien affecté les connaissances de l’Histoire. Les yeux grands ouverts, Lazare comprend que le monde baigne dans le mensonge absolu. D’autant plus que les écoterroristes ne lésinent pas sur les moyens : ils sont donc prêts à tout : tuer, empoisonner, pour pouvoir régner et maintenir la Révolution bien en place. Dans ce climat de terreur, l’on peut ressentir à quel point le fanatisme transforme les gens… Ce roman s’imprègne d’une réalité et d’une urgence qui ne semble pas être prise au sérieux en 2023 : l’environnement. Garnier puise dans ce cauchemar que pourrait être la planète dans quelques années, si personne n’agit. L’Enfer est pavé de bonnes intentions et Sébastien Garnier l’a bien compris. Il explore la complexité des questions au sujet du climat et politiques qui se posent aujourd’hui. Dans cette société faite de mensonges, il règne comme une ambiance à la 1984 d’Orwell. La rébellion a pris le pouvoir, mettant la nature en danger… Lazare s’éloigne petit à petit de sa condition originelle, connaissant un développement inattendu et réussi. Que deviendra-t-il ? Pour le savoir, il faudra découvrir cet ouvrage croustillant !

D’ailleurs, Le dernier Soulèvement est un roman ambitieux et intelligent. Il n’est pas seulement divertissant. En effet, le récit invite le lecteur à réfléchir sur notre relation avec la planète et sur les enjeux qui en découlent. Où iront les humains, une fois qu’ils auront détruit la Terre ? La nature elle-même pourrait-elle rivaliser avec les erreurs de l’humanité ? Tant de questions universelles, qui se posent aujourd’hui et qui résultent des excès industriels opérés dans les siècles passés, mais aussi de nos jours — malgré les avertissements des scientifiques et experts.

Pour en revenir au livre, l’auteur a su créer une intrigue qui tient vraiment la route, avec des personnages attachants et une intrigue digne de ce nom. Le texte est publié chez IGB Anticipation, une maison d’édition spécialisée dans les romans de genre. Avec un grand « final » explosif, le lecteur referme cet ouvrage avec une certaine appréhension. Est-ce qu’il y aura une suite à ce roman ? Ce serait une excellente idée et une bonne nouvelle. Cette fin donne envie de savoir ce que deviendront les personnages et l’univers de l’artiste, qui raviront les fans de jeux vidéos à la « Fall Out »

Sébastien Garnier révèle une plume efficace et à la portée de tous. Cependant, certains passages comprennent des scènes explicites, sexuelles ou violentes, sanglantes. Il est important aussi d’ajouter que Garnier ne cherche pas à choquer son public, puisque ces éléments considérés comme gores ou inappropriés servent le récit et la narration. Rien n’est gratuit, tout est parfaitement mesuré. 

408 pages inoubliables, qui révèlent vraiment le talent d’un auteur qui ne demande qu’à être reconnu pour son imagination débordante… Sébastien Garnier livre ici un roman réussi, bien ficelé, mettant en lumière de nombreux tabous. Les fans de ce type de récit vont adorer suivre Lazare et les autres personnages de ce roman à la couverture sublime et à la mise en page aérée. 

Le site de l’auteur : http://sebastien-garnier.com/


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois