Et la forêt brûlera sous nos pas

Et la forêt brûlera sous nos pas

" Et la forêt brûlera sous nos pas "

LILJESTRAND Jens

Suède. Une Suède d'avant. D'avant le grand bouleversement qui verra le vieux modèle social-démocrate s'effacer du monde des encore vivants et laisser la main à une alliance entre droite et droite extrême. L'été. Des vacances heureuses au pays des lacs et des forêts. Pour une famille qui présente les apparences conformes du bonheur. Maman ; papa ; les deux ainés et la petite dernière. Le meilleur des mondes. Lorsque survient la catastrophe. Un incendie. Le brasier géant qui s'étend sur tout le nord du pays, qui détruit tout sur son passage. La forêt, bien sûr. Mais aussi tout ce qui fait obstacle à sa course folle. La fuite éperdue des vacanciers. Leur éparpillement au gré de circonstances que personne ne maîtrise - et surtout ni celles ni ceux qui ont reçu du peuple souverain la responsabilité d'assurer la protection de tous -.

Trois récits. Dans la continuité. Avec, ce qui est normal dans de telles circonstances, des tas d'incohérences, des emballements, des dérobades, des cris de colère, et des souffrances intolérables dès lors que l'on appartient à une des sociétés parmi les mieux traitées par celles et ceux qui la gouvernent. Le foutoir. Tout s'écroule. Rien ne ressemble plus à rien. A ce point qu'il n'est plus indécent de s'exclamer Quel pays de merde. La débrouille. Pour tenter de survivre. Quand les " autorités " établissent le décompte obscène des cadavres. Dans un pays où l'on n'était jusqu'alors censé mourir que de grande vieillesse.

Un roman qui met à nu cette société-là qui a déjà dépassé le stade de l'obsolescence. Une société qui agonise. Des thématiques qui renvoient très probablement aux diatribes qu'une jeune et médiatique passionaria suédoise fit entendre de par le vaste monde au cœur duquel l'avenir de l'animal humain est d'ores et déjà compromis. Un roman qui s'essaie à sonner le tocsin et qui, au bout du compte, y parvient assez bien. " ... si vous pensez que ce n'est pas crédible, je vous demanderai de regarder par vos fenêtres et de décrire ce que vous voyez. "