Katharina Volckmer : Jewish Cock

Katharina Volckmer Katharina Volckmer, née en Allemagne en 1987, s'est installée à l'âge de 19 ans à Londres où elle travaille aujourd'hui pour une agence littéraire. Son premier roman, Jewish cock, date de 2021.

Londres. Une femme, la narratrice, cuisses écartées entre lesquelles s’affaire le Dr Seligman, s’adresse à lui dans un long monologue introspectif.

Le pitch de départ est franchement hilarant mais si la situation est cocasse voire saugrenue pour la forme, le fond l’est moins puisque cette femme venue faire traiter son corps a priori, va plus certainement tenter de soigner un traumatisme psychologique. Et notre pipelette, de déblatérer sans reprendre haleine durant cent-cinquante pages, abordant les sujets les plus divers d’un ton affirmé, cynique, sans filtre quant à la bien-pensance. Un grand déballage de fantasmes et d’obsessions liés à son trauma indigérable, être née Allemande, ce pays qui a engendré Hitler initiant l’extermination des Juifs, l’obligeant à fuir son pays pour se réfugier en Angleterre afin d’essayer d’oublier.

Et question fantasmes, ça y va ! Rapports sexuels avec l’Adolphe et petits noms donnés à sa bistouquette ; tentative de contact avec un nommé Shimada qui a créé au Japon des robots à utilité sexuelle pour qu’il lui « fabrique une petite bite douée de la parole » ; sa rencontre avec K, un peintre vivant aux crochets de sa femme, rencontré dans des toilettes publiques pour vous imaginez quoi… ; et bien entendu son psy, Jason, auquel elle raconte tout cela mais qui lui-même n’en peut plus de son baratin, ce qui la pousse à inventer d’autres fantasmes !

Tout ceci est assez amusant, encore qu’on soit à la limite du lassant avec toutes ces bites qui reviennent à longueur de pages, mais le roman est court. Par contre, le fond est plus dramatique, cette pauvre femme qui se débat avec son mal-être et sa quête d’amour fait peine à voir. Misère sexuelle, poids de la religion, culte de la beauté, les rapports conflictuels entre mère et fille etc. etc. une longue liste de griefs énumérés, presque sans fin. Pour en terminer définitivement avec ses problèmes psychologiques transposés dans son propre corps et atteindre la rédemption ou la libération, la seule solution qui lui paraisse adaptée, c’est de changer de sexe et de se faire greffer un pénis circoncis !

Mouais… Très amusant au début, on évite de justesse la lassitude car c’est court, avec néanmoins de bons passages et quelques réflexions intéressantes. Pas mal.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois