Des ronds dans l’eau – Morgane Alvès

Des ronds dans l’eau – Morgane Alvès

Titre : Des ronds dans l’eau

Auteur : Morgane Alvès

Édition : Flammarion

Genre : Contemporain

Pages : 450

Parution : 5 avril 2023

Des ronds dans l’eau – Morgane Alvès Des ronds dans l’eau – Morgane Alvès

Un matin, l’esprit de Joséphine s’emballe lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte. En l’absence de son mari, Vincent, en déplacement pour le week-end, son cœur se gonfle de ce bonheur à venir. Elle n’est sûre de rien, se dit qu’il est trop tôt pour se réjouir mais imagine déjà un monde plus grand. Elle attend Vincent, encore et encore le dimanche soir. Il ne rentrera pas.


Sans lui, la jeune femme perd pied. Devant la cruelle synchronisation des événements, elle ne sait plus si elle est prête à accueillir un bébé. Pour la première fois de sa vie, elle choisit l’inconnu et part pour la Bretagne, à Locmariaquer, dans cette vieille maison en ruine que Vincent voulait à tout prix conserver en mémoire de son grand-père. Joséphine s’enfuit, n’emportant rien d’autre que son chat Georges, et laisse à Paris sa vie, son métier, ses amis, espérant trouver face à la mer un nouveau souffle.

Des ronds dans l’eau – Morgane Alvès

J’ai eu l’occasion de découvrir ce livre un peu avant sa sortie grâce à 20minutes.

Je n’ai pas résisté longtemps quand j’ai découvert le résumé, une histoire qui se déroule en grande partie à Locmariaquer, je ne pouvais qu’aimer ce livre. Je suis ravie d’avoir découvert la plume de Morgane Alvès, je comprends pourquoi elle a été Lauréate du Prix des étoiles 2021.

Après quelques doutes, Joséphine découvre qu’elle est enceinte, partager entre peur et excitation, elle n’a qu’une hâte en parler à son mari Vincent. Ce dernier est parti pour le week-end faire du vélo en Normandie avec ses amis. Elle attend fébrilement que la porte d’entrée s’ouvre pour qu’elle puisse enfin le retrouver et lui annoncer sa grossesse. Mais c’est un coup de fil d’un des amis de Vincent qui va faire basculer sa vie dans un cauchemar.

Vincent ne reviendra pas, il ne passera pas la porte et elle restera seule. Elle va perdre pied, elle ne va plus sortir, ne plus répondre aux messages et aux appels. Elle va passer des semaines dans le brouillard, dans le déni, dans l’attente que Vincent passe la porte d’entrée. Elle va mettre son début de grossesse de côté, la plupart du temps, elle oublie que ce bébé est dans son ventre.

Ce sont ses frères qui vont la sortir de ce brouillard en l’emmenant un peu de force passé quelques jours à Sarlat chez leurs parents. Une parenthèse à cinq, le noyau de la famille, comme avant. Elle va peu à peu reprendre pied même si c’est loin d’être gagné. Elle va aussi pour la première fois allé vérifier sa grossesse grâce à sa mère. Tout va bien, mais elle va devoir choisir quoi faire de ce bébé.

En rentrant de ces quelques jours, elle décide sur un coup de tête de quitter Paris, quitter l’appartement, dans lequel elle étouffe et se sent si mal. Elle va prendre le train direction la Bretagne, plus précisément à Locmariaquer. Dans ce village côtier Morbihannais, elle va s’installer dans la maison du grand-père de Vincent dont il avait hérité. Vincent avait déjà dans l’idée de s’y installer à long terme et avait lancé le gros œuvre pour maintenir cette vieille maison en vie. Tout le reste est à refaire, l’aménagement, les peintures, la décoration… C’est exactement ce que Joséphine cherchait, elle va pouvoir s’occuper les mains et l’esprit la journée, elle va établir des objectifs à atteindre en commençant par repeindre les volets de la maison…

Cette maison te semblait trop lointaine alors que pour moi, c’était le lieu qui m’abritait lorsque j’en avais besoin, là où je pouvais me dérober, là où je pouvais disparaître aux yeux du monde, complètement.

J’ai été réellement conquise par l’histoire et la plume de l’autrice.

Je vais d’ailleurs exceptionnellement commencer par là, Morgane Alvès a une plume vraiment particulière que j’ai beaucoup aimée. Elle met beaucoup d’énumération dans ces textes et j’ai trouvé ça très beau, très original. Elle décrit avec beaucoup de douceur les émotions de ses personnages. Je ne saurais pas vraiment comment vous l’expliquer, mais sa plume a un petit quelque chose en plus.

J’ai beaucoup aimé le personnage de Joséphine, on la suit à travers les étapes de son deuil et surtout dans sa reconstruction. J’ai trouvé ce personnage extrêmement bien construit, ses peurs, ses doutes, sa colère, sa tristesse, tout est d’une merveilleuse justesse. Je l’ai trouvé très courageuse, très forte. En partant se reconstruire ailleurs, en rénovant cette maison, c’est elle-même qu’elle reconstruit, c’est le foyer d’elle et son bébé qu’elle prépare.

J’aurais réellement aimé connaître Vincent, heureusement, l’autrice nous laisse quelques chapitres de son point de vue. Des flash-back de son histoire avec Joséphine, son amour pour elle, pour son grand-père, pour la Bretagne. J’ai trouvé que ces chapitres étaient vraiment un énorme plus dans ce livre. C’est une très jolie façon de l’intégrer dans l’histoire.

Les personnages secondaires ont aussi une énorme place dans ce livre, outre la famille de Vincent et Joséphine qui n’hésitent pas à l’épauler. Il y a surtout les personnes qu’elle rencontre à Locmariaquer. Ces personnes qui vont devenir indispensables à Joséphine, ils vont devenir un peu comme sa famille. Il y a d’abord Paul et Suzanne, ses voisins qui connaissaient bien Louis, le grand-père de Vincent. Ils vont l’accueillir à bras ouvert et vont l’obligé à déléguer certaines tâches. Et puis il y a Milie, cette franco-britannique, croisé au hasard sur la plage, qui s’est inquiété de voir Joséphine pleurer. Un lien fort va se tisser très vite entre ces deux femmes, malgré leur différence d’âge.

Cette histoire est donc une histoire de deuil, une histoire d’après, comment s’en sortir quand l’autre a disparu, comment survivre. C’est la question que Joséphine se pose tout au long de l’histoire. Mais elle va réussir, à franchir chaque étape de deuil, à se reconstruire, principalement grâce à la rénovation de cette maison à laquelle Vincent tenait beaucoup. J’ai trouvé cette reconstruction vraiment belle, elle prend son temps, pas à pas, elle est très réaliste.

L’histoire tourne aussi autour de la grossesse de l’héroïne. Une grossesse tant désirée avec la présence de Vincent, mais qui n’a plus de sens avec son absence. Les sentiments de Joséphine fluctuent, elle l’ignore, puis lui en veut d’être là, puis l’acceptation qu’il est là et qu’elle doit prendre soin d’elle et de lui. Les questionnements, la peur de ne pas l’aimer, de ne pas y arriver. Joséphine est loin de la grossesse épanouie dont elle rêvait, elle est souvent dans le déni, il est là, mais sans plus. J’ai beaucoup aimé la façon dont l’autrice a abordé cette grossesse. Comment aurions-nous réagi à la place de Joséphine …

Et puis bien sûr, il y a la Bretagne, on sent l’attachant de l’autrice à cette région. À travers les paroles de Vincent, les sentiments de bien-être de Joséphine. Le fait que Joséphine se sente immédiatement chez elle, près de la mer, dans cette région qu’elle connaît à peine. Pourtant, elle aime voguer sur le golf, parcourir la région avec ses maisons traditionnelles bretonne. Elle qui est originaire de Sarlat, qui clamait haut et fort qu’elle n’aimait que le soleil, va même aimer la pluie, les journées où les quatre-saisons défilent, les orages, le vent dans les pins. C’est un peu un hymne à la Bretagne et en tant que bretonne, je suis ravie d’avoir retrouvé ces magnifiques détails de ma région, de mon département.

C’est pour moi une excellente lecture, une plume magnifique qui a un petit quelque chose en plus. Une histoire de deuil et de reconstruction, une histoire de femme qui se bat pour se relever, pour accepter. Une grossesse qui ne se passe pas du tout comme prévu. Une histoire où les émotions sont omniprésentes. Une histoire bouleversante, mais d’une douceur incomparable. Une immersion en Bretagne où l’amour, la famille et l’amitié réchauffent le cœur.


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