La mort est parfois préférable (Sacha Erbel)

La mort est parfois préférable (Sacha Erbel)

Auteur : Sacha Erbel

Éditions : Taurnada

Paru le : 08 Septembre 2022

256 pages

Thème : Thriller

disponible sur le site de l'éditeur

et sur Amazon

J'ai aimé :)

 Résumé 

  « Yan est flic à la police judiciaire de Lille.
Depuis quelque temps, un « passager clandestin » s'est invité dans sa vie : « l'Araignée », c'est le surnom qu'elle lui a donné.
Alors que Yan traque l'auteur du meurtre d'un journaliste connu pour ses reportages à sensation, elle n'a pas d'autre choix que de composer avec son « invisible ennemie » : insidieuse, omniprésente, l'Araignée tisse sa toile, cuisante morsure dans ses chairs survenant n'importe où, n'importe quand…
En parallèle, Brath, son collègue, enquête sur la mort étrange d'un homme retrouvé décapité, assis au volant de sa voiture, la tête reposant sur la banquette arrière.
En équilibre sur un fil, Yan ne baisse pas les bras, avance sur son chemin de douleurs au risque de se perdre… définitivement. »
   

 Ma chronique

Je remercie la maison d'éditions Taurnada pour cette nouvelle lecture. Je ne me souviens pas avoir déjà lu cet auteur, donc je suis ravie de pouvoir le faire. Une fois le livre terminé, j'ai mieux compris le résumé et la couverture, j'avais un doute sur ce qui allait se produire et je dois admettre que j'étais complètement à côté de la plaque. La fameuse araignée n'est pas un être physique qui doit être arrêté, il s'agit de quelque chose de bien plus proche de Yan, de n'importe quelle femme. Nous l'apprenons très vite dans le récit et probablement ceux et celles qui l'appellent l'araignée : l'endométriose. Enfin l'un de ces cas de maladie, car l'endo est une maladie qui peut toucher n'importe quelle femme à n'importe quel niveau de douleur. Il est vrai que pensant tomber sur un personnage qui s'amusait avec les nerfs de Yan, notre femme policière, je n'ai pas été complètement conquise par le récit. Mais passons, place à tout ce qui fait que cette histoire est très intéressante.
    Le commissariat de Lille est appelé sur plusieurs crimes, dont 2 que nous allons suivre par le biais de plusieurs personnages : celui de Yan sur un homme retrouvé mort dans sa baignoire de manière très particulière et celui de Brath avec un homme dont la tête se retrouve sur le siège arrière de sa voiture. Yan et Brath sont collègues et amis depuis longtemps et si Yan pense pouvoir cacher des choses sur elle-même à tout le commissariat, cela est impossible vis-à-vis de son meilleur ami. J'ai adoré les enquêtes et surtout la manière dont le légiste est mis en avant avec la façon dont il voit les corps, dont il s'en occupe et retrouve des preuves qui vont aider à peut-être comprendre ce qui se passe pour l'un comme pour l'autre. Ce côté scientifique m'a énormément plu et j'ai adoré me retrouver à leurs côtés (sans les odeurs) pour suivre les techniques pointilleuses. C'est ce que vous allez retrouver tout au long du récit, des termes précis, des actes pointilleux et parfois une sensation de flou lorsque la douleur est bien trop présente. Et cette douleur ne quitte plus l'esprit de Yan et son travail en pâtit quoi qu'elle en dise. Les deux enquêtes sont menées de main de maître, avec des questions, des flics qui vont un peu, voire beaucoup au culot par moment afin d'avoir des réponses à leurs questions.     Les enquêtes ne sont pas forcément mises en avant, je dirais que la maladie et les enquêtes sont au même niveau. Et je pense que c'est ce qui m'a gêné. La tension des vautours dans chacun de ces crimes retombaient assez facilement lorsque la douleur se présentait. J'ai très bien compris où l'auteur voulait en venir avec l'araignée. Ayant une forme moins invasive que celle de Yan, il faut savoir que la douleur arrive n'importe quand, n'importe où et surtout elle ne fat pas de quartier. Elle peut débuter du foie, d'un ovaire, du ventre, de n'importe quel organe qui est impacté pour rester une seconde, une minute, une heure à l'emplacement où la toile se forme. Il faut vivre avec... Facile à dire lorsque l'on en cesse de penser à ce qui pourrait arriver si notre corps ne nous appartient plus vraiment. Le cerveau est impacté par le fait de savoir que oui, la souffrance va revenir, elle sera inévitable malgré des soins, ou une opération (qui tiendra combien de temps ?) , ou une autre forme de protection, mais elle sera présente et cela fait peur. Même si une femme est forte, même si elle a déjà eu des enfants et connaît la douleur de l'accouchement, même si cette personne a déjà vécu d'importances souffrances, l'esprit lui devient conditionné et ne pense plus qu'à ça : à quand sera la prochaine crise ? Et comment le corps va réagir ? L'auteur met en avant l'importance de ces moments où ce corps n'est plus vraiment à nous. Durant le récit, Yan tente toujours de garder la tête froide et pour cela, pour éviter de trop souffrir, elle va jusqu'à prendre des médicaments, un peu trop. Il lui faut travailler, continuer comme si de rien n'était. Et pourtant...     Pourtant, c'est cette araignée que la plupart des gens (pour ne pas dire les hommes et me faire lapider) ne comprenne pas ce que peuvent ressentir ces femmes. Ce n'est pas parce que cela ne se voit pas qu'il n'y a rien. Et puis je connais très bien ce que Yan vit, ce n'est rien, ce ne sont que des règles, tu vas pas nous faire BIP avec ça, oh la chochotte, et ainsi de suite. Chaque être à une capacité à supporter, aussi bien le vocabulaire qu'il reçoit tout comme la douleur qui vient sans qu'on s'y attende. Lorsque Bath qui se doute largement de quelque chose apprend la vérité, il reste un peu sur les bords (oui j'ai décidé d'être presque polie dans cette chronique). Le soulagement pour Yan est de courte durée afin de pouvoir lâcher un peu de son fardeau, mais... Il ne comprend pas, n'imagine même pas et pense que le dire aux supérieurs serait la solution de facilité. Oui, mais pour qui ? Yan cache tout ce qu'elle peut, comme elle peut et enquêter dans ses conditions, et cela depuis des années, n'est pas de tout repos. Alors nous avons une Yan qui se bourre de cachets jusqu'à la moelle. Elle le sait, s'en rend compte, mais pour tenir un peu plus en attendant une solution "miracle" elle fait ce qu'il faut, quitte à passer la frontière : celle qui nous dis que nous passons de l'autre côté de la barrière.  Comme indiqué plus haut, j'ai bien compris ce que l'auteur voulait montrer et même plus encore que ce que j'ai pu écrire, mais c'était un peu trop pour moi, j'aurai préféré plus d'enquêtes.     Concernant les crimes, nos enquêteurs vont devoir aller au-delà de ce qu'ils croient pour imaginer encore pire que le pire. Entre un journaliste qui avait une histoire sordide à ne pas divulguer (le tout pour le tout) et un homme décapité par suicide, les recherches se posent bien là. Non, mais même moi je n'y crois pas, enfin tout est là pour le prouver, alors le doute est permis et même avec le final, je me pose encore des questions. Pas que le récit laisse de la place à l'imagination dans notre cas, mais plutôt : waouh, il en a fallu pour faire cela ainsi. Bien entendu, lorsque ce crime ne s'arrête pas là, cela devient de plus en plus étrange. Jardiner devient dangereux, tout comme travailler le bois, passons. Ces enquêtes nous entrainent dans les profondes noirceurs de certains hommes et femmes qui veulent montrer leur supériorité d'une manière ou d'une autre. Par la force, la manipulation avec des sourires, des gestes ou autre. La vérité semble si proche et pourtant en creusant bien il se trouve que Mulder avait raison : la vérité est ailleurs. Mais sur notre planète ! Le récit a plusieurs thèmes bien voyants, comme celui de la maladie et la manière de la gérer, la violence des mots aussi bien des morts que des vivants. On ne peut que ressentir le travail de fourmi derrière beaucoup de scènes et le passif de l'auteur y est également pour beaucoup. C'est la première fois que certains termes ont été mis en évidence et j'ai adoré les découvrir.     La violence n'est pas que dans la douleur, si parfois elle est insidieuse cachée par des sourires ou des photos, la manipulation n'en est pas moins une souffrance que porte certains personnages. J'ai adoré les surnoms entre eux, le fait que le métier, comme tout métier à contact avec du public n'est pas simple, surtout pour eux qui ont une arme, un badge et doivent fouiller dans les passés de ceux qui ne sont plus. L'histoire de ce frère est affolant et imaginer que pour un prix on puisse faire ce qui a été fait est impensable. Malheureusement encore trop vrai. Granulé est un de mes personnages préférés avec sa façon de faire, son besoin de protéger les autres. Tous forment une famille, une grande famille, ils travaillent ensemble durant des heures et cela crée des liens. Bien entendu tout le monde ne peut pas plaire à tout le monde, mais pas dans leur secteur. Ils ont besoin d'être soudés afin d'avancer et de donner des réponses aux vivants.Le travail sur les personnages est important et bon nombre d'entre eux gravitent pour l'un ou l'autre des crimes. J'avais bien vu pour l'un d'entre eux et cela en est effrayant d'imaginer cela (Pas de bol, il faudra lire l'histoire pour comprendre ce que je veux dire).     En conclusion, j'ai adoré l'autopsie et la manière de se protéger, les enquêtes et ce que cela apporte sur le monde (l'homophobie et la manière d'être vu dans certains pays, le fait de vouloir à tout prix quelque chose quitte à faire du mal aux autres, la peur de la différence, les sectes, les diverses manipulations, la maladie qui prend le pas sur la raison...) le seul bémol est le fait que l'araignée prend trop de place pour ma part dans le récit en comparaison des enquêtes. Dans tous les cas, la plume est très agréable à suivre, incisive, avec beaucoup d'éléments que certains auteurs ne peuvent pas avoir du fait de son travail et des recherches de précisions. Je comprends parfaitement bien le titre. C'est une belle découverte et je vais suivre cet auteur avec intérêt.
 

 Extrait choisi :  

« Elle se sent si lasse. Cette lutte de chaque instant pompe toute son énergie. Elle vit avec cette douleur en permanence, ce fléau rythme ses journées, ses nuits, son boulot, ses repos, sa vie, tout. Elle est en train de tomber dans un gouffre et ne trouve aucune branche  laquelle s'accrocher. Elle s'asperge le visage d'eau froide pour atténuer ses joues rouges et ses yeux larmoyants, s'essuie avec des serviettes en papier presque aussi granuleux que du papier de verre. Yan observe son reflet quelques instants dans le miroir, puis ressort des toilettes, lessivée, mais l'air de rien. Sauf pour Brath. il sent que quelque chose ne tourne pas rond, ce n'est pas la première fois qu'il constate des comportements étranges chez son amie. »

La mort est parfois préférable (Sacha Erbel)


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois