Ron Rash : Plus bas dans la vallée

ron rashRon Rash, né en Caroline du Sud en 1953, titulaire d’une chaire à l’Université, écrit des poèmes, des nouvelles et des romans. Son premier roman paru en France en 2009, Un pied au paradis, avait fait forte impression et Serena en 2011, l’imposera comme l’un des grands écrivains américains contemporains et j’ai chroniqué tous ses bouquins.

Et de Serena il est encore question dans ce recueil qui vient de paraître. Recueil, car l’écrivain nous propose une novella de 150 pages qui donne son titre au livre avec sa cruelle héroïne, suivie de six nouvelles.  

Serena, veuve et patronne d’une exploitation forestière revient du Brésil pour négocier un contrat de vente en Caroline du Nord. Ses équipes ont trois jours pour déboiser un immense flanc de montagne, sinon elle devra payer de fortes indemnités à l’acheteur. Une mission impossible aux dires de tous tant la météo est infecte. Cruelle et sans pitié, secondée par Galloway son homme de main manchot qui vit avec sa vieille mère douée du pouvoir de divination, elle pousse ses hommes aux bouts de leurs forces sur une terre infestée de crotales…

Ce texte est très bon et on y retrouve toute la malfaisance de Serena, son absence de scrupules ou de morale, n’hésitant à recourir à aucune manœuvre pour toujours obtenir ce qu’elle désire. Seul regret, c’est trop court et j’en suis sorti un peu frustré d’autant que l’épilogue me laisse un peu perplexe mais autorise Ron Rash à remettre en selle sa virago. A suivre…

Les six nouvelles qui suivent sont très réussies, dans des genres différents. Vous les découvriez vous-mêmes, l’une, très poignante, se déroule durant la Guerre de Sécession (Les Voisins), une autre met en scène un mari violent et un pasteur (Le Baptême), L’Envol est une histoire de garde forestier débutante aux prises avec un récalcitrant fraudeur ; une très belle nouvelle (Le Dernier pont brûlé) où un gérant d’aire d’autoroute donne sa chance à une paumée droguée ; les deux derniers textes jouent plutôt dans le genre amusant ou l’humour noir par leurs réflexions, situations ou chutes.  

Avec Ron Rash on n’est jamais déçu. Ce que j’apprécie particulièrement chez lui, c’est son style, il écrit d’une voix douce (sic !) ce qui n’interdit pas d’être effrayant.


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