Le château de ma mère • Marcel Pagnol

château mère Marcel Pagnol Le château de ma mère • Marcel Pagnol

Éditions de Fallois, 2016 (217 pages)

Ma note : 17/20

Quatrième de couverture ...

Le plus beau livre sur l'amitié enfantine : un matin de chasse dans les collines, Marcel rencontre le petit paysan, Lili des Bellons. Ses vacances et sa vie entière en seront illuminées. Un an après La gloire de mon père, Marcel Pagnol pensait conclure ses Souvenirs d'enfance avec ce Château de ma mère (1958), deuxième volet de ce qu'il considérait comme un dyptique, s'achevant sur la scène célèbre du féroce gardien effrayant la timide Augustine. Le petit Marcel, après la tendresse familiale, a découvert l'amitié avec ce merveilleux Lili, sans doute le plus attachant de ses personnages. Le livre se clôt sur un passage mélancolique, poignante élégie au temps qui a passé. Pagnol y fait vibrer les cordes d'une gravité à laquelle il a rarement habitué ses lecteurs.

La première phrase

" Après l'épopée cynégétique des bartavelles, je fus d'emblée admis au rang des chasseurs, mais en qualité de rabatteur, et de chien rapporteur. "

Mon avis ...

Après mon coup de cœur pour La gloire de mon père (lu cet été), il me fallait évidemment lire la suite des Souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol. J'ai trouvé Le château de ma mère quelque peu différent, tout aussi émouvant oui mais plus mélancolique aussi.

Nous retrouvons Marcel qui a bien grandi depuis. Et quel bonheur de retrouver cette famille si aimante, en plus du soleil de la Provence ! J'aime toujours autant le petit Paul, mais le couple formé par Joseph et Augustine (les parents de Marcel Pagnol) ou encore l'oncle Jules et la tante Rose me sont tout aussi sympathiques. Dans ce roman, l'été s'estompe pour faire face à l'automne. Viendront ensuite les fêtes de Noël. La tendresse familiale laisse place à un nouveau paysage. S'annonce bientôt la fin de l'enfance, le début des obligations auxquelles on ne peut se soustraire, la prise de conscience que la vie n'est un long fleuve tranquille pour personne, aussi. La fin de l'histoire fut d'ailleurs un choc pour moi. Même avec un regard adulte, j'ai senti l'émotion monter face à ce saut dans le temps (de plusieurs années) que nous propose Pagnol.

La plume de Marcel Pagnol est toujours aussi belle. L'on prend même une véritable bouffée d'oxygène à courir dans les collines aux côtés de Marcel et de Lili. Hauts comme trois pommes, nos deux amis font les quatre cents coups. Fuir la foudre, attraper des oiseaux, se détacher (doucement) de leurs parents : tout est synonyme d'aventures ! À nouveau, Pagnol réussit un véritable tour de force : celui de partager ses souvenirs, de manière très réaliste, tout en gardant cette magie et cette insouciance propres à l'enfance. Pour rappel, Marcel Pagnol avait environ une soixantaine d'années au moment de rédiger les deux premiers tomes de ses Souvenirs d'enfance.

Pour moi, Le château de ma mère c'est le personnage de Lili des Bellons, ce petit garçon des collines qui n'a peur de rien... Ni de l'orage, ni de l'école, ni de la vie. C'est aussi la timide mais si tendre Augustine, que Marcel Pagnol perdra jeune. Ce sont aussi des scènes inoubliables, dont celle (inévitablement) où toute la famille longe, en file indienne et de manière illégale, plusieurs domaines pour rejoindre plus rapidement leur maison de campagne. Il y a également ces valeurs d'entraide, et de goût du bonheur alors que l'on possède parfois peu. De ce que j'ai pu lire de Pagnol jusqu'ici, les romans de cet auteur sont pour moi une valeur sûre, à lire et à relire sans modération.

Extraits ...

" Moi, je suis Lili, des Bêlions.
- Moi aussi, dis-je, je suis des Bêlions."
Il se mit à rire :
"Oh ! Que non, tu n'es pas des Bêlions ! Tu es de la ville. "

" Le temps passe, et il fait tourner la roue de la vie comme l'eau celle des moulins. "

" Mais dans les bras d'un églantier, sous des grappes de roses blanches et de l'autre côté du temps, il y avait depuis des années une très jeune femme brune qui serrait toujours sur son cœur fragile les roses rouges du colonel. Elle entendait les cris du garde, et le souffle rauque du chien. Blême, tremblante, et pour jamais inconsolable, elle ne savait pas qu'elle était chez son fils. "


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