Marcel Aymé : Le Bœuf clandestin

marcel aymé, Marcel Aymé (1902-1967) est un écrivain, dramaturge, nouvelliste, scénariste et essayiste français. Ecrivain prolifique, il a laissé deux essais, dix-sept romans, plusieurs dizaines de nouvelles, une dizaine de pièces de théâtre, plus de cent soixante articles et des contes. Il a également écrit de nombreux scénarios et traduit des auteurs américains importants : Arthur Miller (Les Sorcières de Salem), Tennessee Williams (La Nuit de l'iguane). Le Bœuf clandestin est un roman datant de 1939.

Berthaud, directeur de la succursale d’une banque de l’avenue des Ternes est végétarien depuis deux ans. Il mène une vie aisée entouré de sa femme, de leur fille Roberte d’une vingtaine d’années et de leur jeune fils Jacques. Maurice, leur ainé fait son service militaire. Malencontreusement, un jour qu’il se croit seul à la maison, Roberte revenue à l’improviste, surprend son père, ceint d’un tablier de cuisine, attablé devant un steak qu’il s’est préparé en douce… !

Une intrigue de départ finalement assez mince mais à partir de laquelle Marcel Aymé va esquisser la vie de bourgeois parisiens par une belle étude de caractères.

Si M. Berthaud était jusqu’alors le chef de famille incontesté, son secret percé le rend vulnérable face à sa fille, or la demoiselle, personnage fort du roman, ne manque pas de jugeotte. En quête d’un mari elle saura habilement faire le tri entre les prétendants : Dino, le beau gosse frimeur et tendre mais faible, le général d’Amandine, un vieux libidineux qui écrit un livre « révolutionnaire », pour finalement élire Philippe Lardut, un fils de paysans un peu rustre mais sorti des grandes écoles, dont elle sait qu’elle pourra le manœuvrer pour en faire un bourgeois convenable.

D’autres personnages complètent ce tableau, avec la famille Dûlatre dont le père médecin tente de gérer avec difficultés la vente d’un médicament créé par son père, leur fille Josette aux mœurs légères, le fils Eustache avocat pas très fûté etc.

La vie bourgeoise n’est pas si agréable qu’on pourrait le penser. Tous sont pris dans des corsets de règles, de mœurs, qui les engoncent aux entournures. Comme les cocotte-minute, il faut une soupape d’évacuation : le steak de M. Berthaud découvert, il va vainement s’imaginer une maîtresse et un studio, refuge de libertés. In fine, il aura bien le studio mais vide, espace de tranquillité tristounet… Pour d’autres, comme Roberte, la liberté sera de se marier et de s’extirper du cadre familial, et quoi de plus idéal, à défaut de grand amour, qu’un mari qu’on sait solide et qu’on se sent capable de dominer astucieusement ? 

Si le roman peut sembler un peu simple par son intrigue, il recèle néanmoins quelques touches ici et là qui font mouche et peignent joliment cette société bourgeoise typique d’avant-guerre (la seconde).


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