L’enfant qui voulait disparaître, Jason Mott

L’enfant qui voulait disparaître, Jason Mott

L’enfant qui voulait disparaître, Jason Mott, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jérôme Schmidt, Autrement, janvier 2022, 429 pages

Le narrateur a une maladie : il ne peut pas distinguer la réalité des fruits de son imagination. Alors, ce garçon à la peau noire, si sombre que les enfants l’ont surnommé Charbon, existe-t-il ? Est-il réel ou fantasmé ? Est-ce une version de lui ou est-ce lui-même enfant ? Il le suit partout, il apparait là où il l’attend le moins et surtout il a cette faculté d’être invisible aux yeux des autres, seul le narrateur le voit.

Le narrateur ? C’est un auteur, ou plutôt l’auteur d’un seul livre dont il fait la promotion dans tout le pays, sous l’œil averti de son éditrice qui ne parle de son roman qu’en terme de chiffres. S’il se présente à tel endroit et évoque la mort d’un enfant noir, le nombre de ventes augmentera dans les quelques minutes qui suivent.

Ce roman est original, atypique, parfois déstabilisant, à la narration inventive et débridée, il est follement intéressant. Il mériterait une relecture… Il y a des passages très drôles, d’une grande cocasserie, et d’autres poignants, terribles. On ne sait jamais où on est. Sur le fil en permanence. Tout est imbriqué, se chevauche, s’entrelace. Sous des allures de comédie un peu déjantée, ce texte dénonce l’oppression des noirs, les violences policières. Quand on nait noir aux États-Unis, on apprend la peur, on ne peut sortir dans la rue sans se sentir menacé. C’est la raison pour laquelle les parents de Charbon l’ont poussé à devenir invisible. C’est l’objet du premier chapitre… Une merveille narrative.

Difficile de conseiller de lire ce livre, cela dépend de vous… Êtes-vous prêt à vous laisser embarquer dans une histoire dont vous ne serez pas maître ? Est-ce que ce sera le bon moment ? Lâcherez-vous prise ?

« Disparaître, c’est l’échappatoire de tout dans la vie. Disparaître, c’est sortir du cercle de la violence. Disparaître, c’est une façon de ne pas se détester quand il voit sa peau dans le miroir. Disparaître, c’est une façon de ne pas détester tous ceux qui ont la même peau que lui. »

« – Tu ne me voyais pas du tout, hier ?

– L’important n’est pas de savoir si je te voyais ou pas, répondra le père. L’important c’est que tu te sentais à l’abri. »

Ingannmic et Ceciloule ont aimé aussi et en parlent mieux que moi qui ai eu du mal à trouver les mots…


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois