Le droit d'abandonner un livre

 Cet article a été publié sur un autre blog, avant d'être transféré ici. Il date du 30 août 2017.

Si j’en crois mon profil livraddict, j’ai lu 367 livres depuis que je me suis mise à compter mes lectures, autrement dit depuis 2013. Et parmi, ces 367 je peux vous dire que je n’en ai pas aimé plus de 80. Et pourtant je les lu jusqu’à la dernière page. La question à se poser c’est pourquoi ?

En éliminant toutes les lectures scolaires qui étaient obligatoires, on en arrive à environ 6O livres. 60 livres que je n’ai pas aimés voire détestés pour certains mais que j’ai lu jusqu’au bout, malgré tout. Maintenant quand j’y pense, je me dis que c’était peut-être une perte de temps, que je suis peut-être passer à côté de somptueuses lectures parce que je m’obstinais à lire quelque chose qui ne plaisait pas. Mais à vrai dire, je sais exactement pourquoi j’ai fait ça.

La première raison c’est l’argent. Je m’explique : quand vous dépensez 15 euros dans un livre, vous vous devez de lire ce livre jusqu’à la fin. Parce que si vous arrêtez votre lecture en cours de route, si vous osez l’abandonner alors vous aurez perdu 15 euros. Non pas perdu, gaspillé 15 euros. Et lorsque vous êtes jugés parce que vous dépensez beaucoup dans les livres, vous ne pouvez simplement pas les laisser tomber parce que vous ne les aimez pas.

La deuxième raison, et sûrement la plus bête, c’est que j’ai privilégié la quantité à la qualité. En entrant dans le monde des blogueuses littéraires, je voulais faire comme elles, c’est-à-dire lire beaucoup. Et si pour cela, je devais lire quelques romans pas terribles ce n’était pas grave, parce que si je les abandonnais je ne pouvais plus les compter. Et malheureusement je pensais que lire 8 livres dont 3 qui ne m’avaient pas plu en un mois c’était mieux que d’avoir lu seulement 5 bons livres.

Et enfin, la dernière raison mais pas la moindre, c’est l’espoir. L’espoir que tout change, que soudainement ce livre bof se transforme en un bon livre. L’espoir que passé la moitié du roman, ça devienne meilleur. L’espoir que je finisse par aimer. Et tant que l’on a pas lu la dernière ligne, l’espoir est présent. Mais pour vous dire la vérité, ce n’est jamais arrivé pour moi. Je n’ai jamais fini par apprécier un livre que je n’aimais pas au début (mais le contraire s’est souvent produit).

Aujourd’hui, les choses sont différentes parce qu’aujourd’hui je suis capable d’abandonner un livre si je ne l’aime pas. Et oui c’est vrai, on peut se dire que peut-être, si j’avais lu ne serait-ce qu’un chapitre de plus, j’aurais aimé. Mais j’ai le droit, en tant que lectrice, d’interrompre ma lecture avant la fin. Et en tant qu’être humain, j’ai le devoir de cesser une lecture qui me fait plus de mal que de bien.

Avant je me disais je lis au moins la moitié et si vraiment ça passe pas, j’arrête. Mais vous savez ce qui se passait ? Arrivé à la moitié, je me disais maintenant que j’en suis là autant finir. Et je finissais. Et aujourd’hui, je ne regrette pas de les avoir fini, mais dorénavant si je n’aime pas un roman, je le lâcherai. Même si j’ai pas atteint le chapitre 3.

J’écris cet article pour tous ces lecteurs qui se sentent coupable d’abandonner un livre, pour ceux qui se forcent à lire quelques pages de plus afin de légitimer l’abandon. Rien ne vous oblige à finir ce roman, même si vous l’avez payé cher, même si vous vouliez tant le lire. Peu importe, vous avez le droit de l’abandonner.

Ps : Si vous êtes obligés de lire un livre parce qu’il est au programme scolaire, et que vous ne l’aimez pas, je vous souhaite bien du courage (surtout si c’est Madame Bovary) !


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois