Le silence des repentis, Kimi Cunningham Grant

Le silence des repentis, Kimi Cunningham Grant

Le silence des repentis, Kimi Cunningham Grant, traduit de l’anglais par Alice Delarbre, éditions Buchet/Chastel, mars 2022, 384 pages. Lu sur liseuse.

Cooper et sa fille de 8 ans, Finch, vivent coupés du monde dans une cabane au nord des Appalaches depuis la mort de la mère de Finch. Cette cabane appartient à Jake, un ami de Cooper, son meilleur ami, celui à qui il a sauvé la vie en Afghanistan. Une fois par an, le 14 décembre, il leur apporte des provisions pour l’année. Ainsi, cette petite fille ne connait pas le monde extérieur, n’est jamais entrée dans un magasin, ne sait pas ce qu’est une télévision (bon, ça ce n’est pas très grave) et n’a pas d’amis de son âge. Elle n’est jamais allée à l’école, mais elle connait plein de choses, notamment en poésie, la cabane est pleine de livres et cette petite fille a un esprit curieux, très aiguisé.

« Ce qui me console malgré tout, ce qui m’empêche de m’empêtrer dans un sentiment de culpabilité, c’est que la vie que je lui offre, si elle n’a rien de conventionnel, est fondamentalement une bonne vie. Une vie saine. En ce qui concerne ses besoins essentiels, elle ne manque de rien. Elle est prise en charge. Aimée. »

Ses seuls amis sont Jake et Scotland, un homme mystérieux qui vit non loin de chez eux et qui passe son temps à les observer à la longue-vue et à leur rendre visite de manière impromptue.

Encore un roman survivaliste ! Oui, un peu, beaucoup, mais ce n’est pas que cela, heureusement. C’est aussi un roman qui fouille les rapports filiaux.

« Quand on devient parent, il y a cette chose en vous qui s’épanouit et grandit. On aime comme on n’a jamais aimé auparavant. »

C’est un roman qui évoque la guerre et ses méfaits sur l’homme. Cooper est revenu un héros dans sa ville mais dès qu’il « vrille », il n’y a personne pour l’aider, et certains souhaitent même l’enfoncer.

« Elle ne respecte personne, la guerre. Même quand elle ne touche pas au corps, elle abîme l’âme. La mienne notamment. Je viens d’ailleurs de sombrer à nouveau dans le souvenir de cette horrible journée. J’ai l’impression d’être incapable de la fuir, de m’en libérer complètement. »

C’est un roman qui ménage le suspense sans en faire trop. Il n’y a pas abondance d’événements, on ne sursaute pas à chaque fin de chapitre (je déteste ça), c’est un roman d’atmosphère dans lequel on apprend au compte-goutte les raisons pour lesquelles Cooper et sa fille doivent vivre cachés.

C’est aussi un roman sur la rédemption, cet homme a pris conscience de ses actes passés, tous ses actes passés, y compris des plus atroces, ceux qui ne le quittent pas, qui s’accrochent à sa peau et qui l’empêchent de mener une vie totalement paisible.

Et comme dit Eve qui m’a incité à demander ce roman sur Netgalley, les personnages sont vraiment attachants.

Quelques bémols : je l’ai lu après un roman de Lance Weller et j’avoue que le texte manque de résistance, il se lit vite, trop vite, son style est très fluide, il est parfait pour un moment détente, mais si on cherche un bouquin un peu littéraire, avec un style qui nous incite à relire plusieurs fois certains passages, à se retourner sur certaines phrases, on peut être frustré.

Quant à la fin, elle est inattendue et m’a quelque peu déçue (je ne peux malheureusement en dire davantage). Ceci dit, le titre prend tout son sens dans les dernières pages.

Merci aux éditions Buchet/Chastel et à Netgalley pour l’envoi de ce roman.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois