Les marches de l’Amérique, Lance Weller

Les marches de l’Amérique, Lance Weller

Les marches de l’Amérique, Lance Weller, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par François Happe, 2017, 353 pages en poche.

J’avais déjà été touchée par Wilderness, et là encore, Lance Weller fait mouche. Qu’est-ce que je me suis sentie bien dans ce roman !

J’ai tout aimé : la construction, les personnages, l’écriture, les paysages, le côté historique.

Nous sommes entre 1815 et 1846, dans une Amérique en construction, on se dispute les territoires. La violence régit les rapports entre les hommes, on tue, on scalpe, on viole, on n’épargne personne.

« Tom prit alors la parole et leur dit que ce n’était encore rien d’autre que des marches frontières, rien d’autre qu’un territoire sauvage situé entre deux pays, où les hommes pouvaient aller mais où la loi ne les suivait pas. Il leur dit que c’était par le fer, le feu et le sang, qu’on ferait de ce pays autre chose que des marches sauvages, mais qu’on pouvait compter sur les hommes pour cela, parce que c’était ce qu’ils faisaient toujours : partout où ils allaient, les hommes apportaient avec eux, le fer, le feu et le sang. »

Tom, Pigsmeat et Flora : trois personnages, une rencontre improbable. Ces trois personnages sont très différents mais ils ont un point commun : leur vie n’a pas été un long fleuve tranquille jusqu’à ce que l’auteur les réunisse. J’ai beaucoup aimé cette manière de passer d’une époque à une autre. Nous ne comprenons pas les personnages en un chapitre mais en plusieurs, avec des allers et retours qui apportent vie et dynamisme à l’ensemble et qui éclairent au fur et à mesure les situations.

Roman de l’errance, le lecteur arpente les États-Unis, ou plutôt ce que deviendront les États-Unis, au gré des pérégrinations des uns et des autres. C’est remarquablement bien écrit, bien décrit. On suit leurs histoires respectives en apnée, pour ensuite, parcourir avec eux trois, quelques centaines de kilomètres vers le Mexique. Peu importe la raison qui les pousse à se rendre dans ce pays qui vient d’entrer en guerre avec les États-Unis, ce qui est important dans ce roman, c’est le voyage en lui-même, les rencontres, les souffrances, les paysages, les ciels étoilés, les rivières traversées, la poussière des chemins balayée. La crasse, l’alcool, la sueur, les maladies, non pas l’Amérique des beaux cow-boys séduisants, mais plutôt celle de la rudesse, il n’y avait pas beaucoup d’endroits pour se laver et se faire beau !

C’est un roman foisonnant et dense dont on relit certains passages avec délectation ou alors pour s’en imprégner davantage ou pour confirmer qu’on n’avait pas totalement oublié ce qui avait été dit de tel ou tel personnage ou de tel ou tel événement.

Quand je lis de tels textes, je me dis que décidément, certains auteurs américains ont vraiment du talent… Et Lance Weller tout particulièrement !


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