Le Serpent majuscule – Pierre Lemaitre

Annoncé comme tel à sa sortie, Le Serpent majuscule serait un adieu de l'auteur au genre polar. Etonnamment, ce livre est un des tout premiers qu'il a écrit et publié sur le tard... Je me demande pourquoi sortir des tiroirs un manuscrit de jeunesse très peu revu et corrigé pour en faire son testament dans un genre où il s'est précédemment parfaitement illustré ( Alex, Cadres Noirs, Trois jours, une vie, entre autres), mais je me dis avec espoir que Pierre Lemaitre changera un jour d'avis, un peu comme les chanteurs qui annoncent leur ultime tournée et puis qui reviennent sur scène quelques années plus tard pour le plus grand bonheur de leurs fans... Si Le Serpent majuscule n'est pas un des meilleurs livres de l'auteur, il est tout de même parvenu à me séduire, en grande partie grâce à la lecture audio faite avec brio par Nicolas Djermag.

Mathilde, le personnage principal, est une femme que l'on pourrait croire ordinaire: âgée de 63 ans, elle vit seule avec son dalmatien en banlieue parisienne. Déjà veuve, elle est mère d'une jeune femme mariée qu'elle voit peu. Ce qui la diffère des autres françaises de son âge n'est pas son sale caractère ni son embonpoint disgracieux mais le fait qu'elle soit... une tueuse à gage, au service d'Henri, son ancien amant, qu'elle espère de façon platonique reconquérir. Pour cela, il lui faut faire ce qu'il demande, et ça ça ne lui pose pas problème! Elle n'a aucune morale, aucun problème de conscience: Mathilde tue froidement et efficacement comme une impitoyable machine de guerre. Sauf que celle-ci s'emballe et s'enraye parfois, l'âge peut-être !

J'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver la plume de l'auteur, qui est, même s'il s'agissait de ses premiers écrits, méticuleuse et cocasse, et laissait à l'époque présager de son talent futur. Il dépeint des personnages issus de classes sociales différentes, tisse avec beaucoup d'humour des portraits emplis de finesse, même si le personnage principal de Mathilde est improbable, c'est je crois le seul élément qui m'ait gênée dans cette histoire mais la plume caustique de Pierre Lemaitre, m'a plus d'une fois donné à sourire. Et puis Mathilde m'a rappelé un autre personnage qui cache des fusils dans ses tiroirs, elle est un peu de la même veine que la de Benoît Philippon, si ça vous parle, avis aux amateurs !


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois