Quand le Neuvième Art rend hommage aux débuts du Septième Art

Quand le Neuvième Art rend hommage aux débuts du Septième Art

Les Pionniers – Tome 1/2: La machine du diable (Damien Maric – Guillaume Dorison – Jean-Baptiste Hostache – Editions Rue de Sèvres)

Le 4 mai 1897, un terrible incendie causé par un projecteur de cinéma entraîne la mort de 125 personnes, dont 118 femmes, lors de la vente de bienfaisance du Bazar de la Charité. Quelques heures après le drame, Charles Pathé, l’un des pionniers de cette industrie naissante qu’est le cinéma, marche hagard au milieu des cendres et de la fumée. Alors que des femmes l’interpellent en tenant dans leurs bras le cadavre calciné d’une de leurs amies, il peine à trouver ses mots face à l’ampleur du désastre. Charles serait-il donc maudit? Toutes les initiatives de cet entrepreneur dans l’âme semblent en tout cas vouées à l’échec. Au fil des ans, sa blanchisserie à Buenos Aires, sa société d’import-export de perroquets de Patagonie ou bien son café du Polygone à Vincennes ont été autant d’échecs cuisants. Et pourtant, Charles Pathé ne se résout pas à revenir travailler dans la boucherie familiale, comme son père ne cesse de lui demander. Avant de rendre les armes, il tente un dernier pari. Séduit par le phonographe puis par le cinématographe, il décide de se lancer dans la vente de ces deux inventions révolutionnaires. Miracle: cette fois-ci, la sauce prend! Malgré la publicité désastreuse engendrée par le drame du Bazar de la Charité, rien ne peut arrêter l’inexorable marche en avant du cinéma, que l’on surnomme bientôt le Septième Art et qui séduit des foules de plus en plus importantes, aussi bien en France que partout dans le monde. Charles Pathé est d’ailleurs loin d’être le seul à vouloir profiter du potentiel gigantesque des machines mises au point par Edison et par les frères Lumière. Aidé par sa secrétaire Alice Guy, qui s’apprête à devenir l’une des premières réalisatrices de l’histoire du cinéma, l’entrepreneur Léon Gaumont rêve lui aussi de gagner beaucoup d’argent grâce à ce nouvel eldorado…

Quand le Neuvième Art rend hommage aux débuts du Septième Art

Décidément, Alice Guy inspire les auteurs de BD. Alors qu’elle était retombée dans l’oubli depuis des dizaines d’années, cette pionnière du cinéma français avait été remise à l’honneur l’an dernier par Catel et José-Louis Bocquet dans une de ces biographies dessinées dont ils ont le secret. Aujourd’hui, ce sont les scénaristes Damien Maric et Guillaume Dorison et le dessinateur Jean-Baptiste Hostache qui choisissent, eux aussi, de remettre en lumière le rôle fondamental joué par Alice Guy durant les premières années du cinéma. Dans le premier tome de leur diptyque « Les Pionniers », intitulé « La machine du diable », Alice occupe une nouvelle fois le haut de l’affiche. Mais contrairement à la BD de Catel et Bocquet, elle doit cette fois partager la vedette avec plusieurs autres figures marquantes des débuts du Septième Art, notamment les industriels Charles Pathé et Léon Gaumont, de même que les inventeurs Georges Demenÿ et Louis et Auguste Lumière. Sans oublier le génial réalisateur Georges Méliès, qui est en quelque sorte l’inventeur des effets spéciaux. La BD « Les Pionniers » raconte avec brio et passion comment cette poignée d’hommes et de femmes ont progressivement mis en place tous les éléments qui ont abouti à la création de l’industrie du cinéma telle qu’on la connaît aujourd’hui. En tâtonnant souvent, en tombant parfois, mais sans jamais renoncer. La force de cette BD est de s’appuyer sur une documentation solide pour reconstituer fidèlement ces années héroïques, sans être un cours d’Histoire barbant pour autant. Au contraire, « Les Pionniers » se révèle avant tout une formidable aventure humaine, avec tout ce que ça implique: intuition, mauvaise foi, drames, trahisons, rivalités, réussites… Un véritable scénario de film! Pour ne rien gâcher, cette BD est aussi un très bel objet, dont le grand format et la qualité du papier mettent superbement en valeur les dessins de Jean-Baptiste Hostache.


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