Sans répit - William Seabrook ***

Je dois la lecture de Sans répit à l'opération Masse critique du site Babelio et j'ai choisi cette œuvre uniquement pour sa maison d'édition (Oui, j'ai bien conscience de faire parfois des choix surprenants mais que voulez-vous, j'aime beaucoup les éditions Rue Fromentin (grâce à elles, j'ai découvert les romancières J. Courtney Sullivan, Aurore Bègue, Sylvia Hansel, Sigrid Nunez)). Avant d'ouvrir Sans répit, je ne connaissais pas l'auteur américain William Seabrook, je savais juste que Sans répit allait être son autobiographie. Après lecture, je ne suis pas sûre de mieux cerner ni l'homme ni l'artiste.

Lorsque j'ai reçu Sans répit et j'ai lu la quatrième de couverture qui au lieu de m'attirer a eu l'effet contraire. Je me suis imaginée des tas de trucs ignobles avant lecture, j'ai même pensé que j'allais lire le roman d'un pervers, même si...

Sans répit - William Seabrook ***

Même si William Seabrook est loin d'être une oie blanche, il s'offusque à raison de massacres d'innocents mais ne trouve rien à redire de disposer lors d'un voyage d'une servante qui lui sert aussi d'objet sexuel. Ce qui fait qu'on reste avec lui quand même malgré son alcoolisme, son épanchement à envoyer valdinguer son quotidien ronronnant et en réussite pour affronter les bourrasques, le déracinement, les découvertes insolites, les aventures au fin fond des civilisations, en dépassant les interdits (et s'il n'arrive pas à les dépasser au cours de ses péripéties, il s'assure de le faire en revenant au bercail)... est le fait qu'on ne s'ennuie pas avec lui, parce qu'il a su rester lui-même tout le temps, parce que la vie avec lui est folie et aventure(s), défis et découvertes. Je pense que cela explique en partie pourquoi malgré sa nature d'épicurien toujours malheureux et torturé, il a su s'entourer de compagnes intelligentes, attachées à lui, fidèles à le suivre : il a en effet un côté sympathique et modeste, avec une sacrée dose de réflexion, une plume à la fois très franche (doucement acerbe) et très stylée sans être littéraire au sens proustien. Il se livre sans détour et en devient intriguant, malgré son côté chtarbé.

De Sans répit, je garderai en mémoire les épisodes dans la brousse et dans le désert, l'expérience de l'internement. Seabrook a gardé toute sa vie et dans sa façon de relater ses écrits, une farouche volonté d'empirisme, de dépassement de soi, d'éclairer les autres d'univers tous plus violents les uns que les autres comme si affronter des démons était le meilleur moyen qu'il a trouvé de fuir les siens. D'ailleurs c'est lors de ses nombreuses explorations qu'il a su trouver un peu de paix, parce que parler des autres  revient à s'oublier un peu soi-même et à prendre de la distance.

Intéressant. 

Éditions Rue Fromentin.

Traduction de Sophie Troff


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