Queen Kong d’Hélène Vignal

Queen Kong, Hélène Vignal, Collection l’ardeur, Thierry Magnier, septembre 2021, 81 pages

Hélène Vignal (dont j’ai tous les livres) est une auteure qui n’écrit jamais le même roman. Après son flamboyant Si l’on me tend l’oreille, elle nous offre, ici, un texte âpre, dur, incisif.

Sa capacité à se mettre dans la peau d’une ado qui nous parle d’une manière assez crûe (mais jamais vulgaire) de sa sexualité, est étonnante.

Les mots frappent par leur justesse, par leur combativité, ils percutent le lecteur, ils le malmènent aussi, ils pénètrent l’intimité des femmes avec naturel, sans tabou. J’ai été très sensible à toutes les évocations du corps féminin.

« Choisir la liberté, c’est choisir la solitude », et c’est aussi choisir d’être mise au pilori… La narratrice choisit sa voie, elle choisit d’expérimenter sa sexualité, de la vivre telle qu’elle en a envie, de comprendre ce qu’elle ressent, d’être à l’écoute de son corps. Elle ne veut surtout pas mêler les sentiments à l’acte sexuel. Elle ne veut pas le dénaturer, elle veut sentir, voir, toucher, entendre, goûter. Elle choisit d’être libre. Et libre signifie aussi seule contre tous. Car elle sera jugée, vilipendée, honnie, détestée par ses pairs (jeunes hommes comme jeunes femmes).

Peu de mots, des phrases brèves, pour une explosion d’émotions. Et un texte entrecoupé de sonneries, ou plutôt d’alertes du téléphone indiquant un message rageur, insultant, sur le réseau social. Aujourd’hui, à l’heure des réseaux sociaux, on ne cherche pas à comprendre, on condamne avec la meute.

Ce texte parle à nos tripes, il est d’une puissance suggestive forte et il finit en apothéose.

Ce livre a été élu Pépite d’or au salon du livre jeunesse de Montreuil 2021. Et j’applaudis à deux mains ceux qui ont eu le courage et l’audace de le choisir.

A vous qui ne lisez pas de romans jeunesse, ne vous attardez pas sur cette appellation. C’est un roman interdit aux moins de 15 ans et surtout, il n’entre dans aucune case, il peut être lu aussi bien par de jeunes adultes que par des personnes plus matures (comme moi), par des hommes comme par des femmes… il est transgénérationnel.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois