Les 10 BD de 2021 à mettre sous le sapin

Les 10 BD de 2021 à mettre sous le sapin

1. Ne m’oublie pas (Alix Garin – Editions Le Lombard)

De quoi ça parle: La grand-mère de Clémence, qui souffre de la maladie d’Alzheimer, a une nouvelle fois fugué de sa résidence pour personnes âgées. Pour résoudre le problème, la responsable de la maison de retraite propose d’augmenter fortement la dose de calmants de la vieille dame. Mais Clémence n’est pas d’accord. Elle décide alors, sur un coup de tête, d’enlever sa grand-mère et de l’embarquer dans sa voiture. Direction la côte, où la mamy de Clémence a passé son enfance, et où elle rêve de retrouver son papa et sa maman. C’est le début d’un road movie plutôt agité, avec un côté « Thelma et Louise » par moments. Une échappée tendre et émouvante.

Pourquoi c’est bien: Parce que c’est une BD sincère, qui déborde d’humanité. Parce que c’est la toute première bande dessinée d’Alix Garin, une jeune autrice belge de seulement 23 ans. Parce que c’est une BD en partie autobiographique, dans la mesure où Alix Garin a commencé à écrire cette histoire lorsque sa propre grand-mère, qui souffrait elle aussi d’Alzheimer, a été placée en maison de retraite. Parce que c’est un roman graphique qui trouve le ton juste pour parler de la vieillesse et de la maladie. Parce que le dessin d’Alix Garin est sans fioritures mais rempli d’émotion.

A qui ça plaira: A tous ceux qui ont déjà été confrontés à la maladie d’Alzheimer.

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2. Jours de sable (Aimée de Jongh – Editions Dargaud)

De quoi ça parle: John Clark est un jeune photographe de 22 ans. Comme beaucoup d’Américains durant la Grande Dépression des années 30, il vit dans la misère. Il saute donc sur l’occasion lorsque la Farm Security Administration lui demande d’aller en Oklahoma pour prendre des photos de la situation dramatique des agriculteurs de cette région ravagée par le « Dust Bowl », ces effroyables tempêtes de sable liées à la sécheresse et à la surexploitation agricole. John part avec une liste d’images à photographier: un nuage de poussière, des enfants orphelins, une famille sur le départ, des maisons abandonnées… Au début, le jeune homme suit cette liste de manière un peu scolaire, mais petit à petit il prend conscience du terrible drame humain qui est en train de se jouer sous ses yeux. Il décide alors de remettre en question son rôle en tant que photographe…

Pourquoi c’est bien: Parce que c’est un livre qui nous fait découvrir un épisode historique méconnu de ce côté-ci de l’Atlantique. Parce que c’est une BD qui reste d’une grande actualité dans le contexte de la surexploitation agricole et du réchauffement climatique. Parce que c’est une histoire à la fois émouvante et intelligente, notamment parce qu’elle nous questionne sur la réalité des images et sur la manipulation de l’information. Parce que l’autrice néerlandaise Aimée de Jongh mélange des dessins très expressifs avec des véritables photos d’époque. Parce qu’elle utilise des couleurs jaune-rouge-orange qui rendent magnifiquement les tempêtes de poussière.

A qui ça plaira: Aux férus d’Histoire et de photographie.

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3. Madeleine, Résistante – Tome 1: La Rose dégoupillée (Jean-David Morvan – Madeleine Riffaud – Dominique Bertail – Editions Dupuis)

De quoi ça parle: Madeleine Riffaud paraît frêle et menue, mais il ne faut pas se fier aux apparences, car sa détermination et son courage sont immenses. Elle n’a que dix-sept ans lorsqu’elle s’engage dans la Résistance en 1942. Rien ne peut dévier Madeleine de sa trajectoire: elle veut s’engager à tout prix. Envoyée dans un sanatorium des Alpes pour y soigner ses poumons, elle tombe par hasard sur un membre de la Résistance. Enfin, se dit-elle, car elle attend ce moment depuis des années. Un peu plus tard, Madeleine quitte le sanatorium pour rejoindre Paris avec le résistant Marcel Gagliardi. C’est là que celle qui se fait désormais appeler « Rainer » mène ses premières actions contre l’occupant allemand, grâce aux contacts et aux réseaux de son compagnon.

Pourquoi c’est bien: Parce que c’est un témoignage historique passionnant, dans lequel on découvre la description précise, étape par étape, du parcours d’une résistante. Parce que cette BD raconte une histoire tout à fait vraie. Parce que Madeleine Riffaud, qui a aujourd’hui 97 ans, a raconté son histoire directement au scénariste Jean-David Morvan et au dessinateur Dominique Bertail. Parce que Madeleine est un personnage hors normes qui a continué à s’engager même après la guerre, notamment au Viêt Nam et en Algérie. Parce que Dominique Bertail démontre plus que jamais son immense talent graphique dans cet album, avec surtout une utilisation merveilleuse du bleu.

A qui ça plaira: Aux amateurs de destins extraordinaires.

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4. Le jeune acteur – Aventures de Vincent Lacoste au cinéma (Riad Sattouf – Editions Les Livres du futur)

De quoi ça parle: « Le jeune acteur » raconte les coulisses du tournage du film « Les Beaux Gosses », César du meilleur premier film en 2009. La BD raconte plus précisément la manière dont le réalisateur Riad Sattouf a choisi l’adolescent qui doit jouer le premier rôle dans son film. Cet ado, c’est Vincent Lacoste, un collégien de 14 ans plutôt timide et complexé à l’époque, qui n’avait jamais vraiment imaginé être acteur. Passionné par les films de François Truffaut, Riad Sattouf rêve surtout de trouver son Antoine Doinel, ce fameux personnage incarné dans plein de films de Truffaut par l’acteur Jean-Pierre Léaud. C’est ce qui explique sans doute la relation très spéciale entre Sattouf et Lacoste, qui sont restés très proches, le réalisateur veillant sur son jeune acteur comme une sorte de papa, avec la hantise qu’il sombre dans la drogue ou qu’il prenne la grosse tête.

Pourquoi c’est bien: Parce que ce livre au sujet inattendu fonctionne à merveille, grâce aux talents de conteur et de dialoguiste de Riad Sattouf. Parce que le récit est très drôle et que tout sonne juste. Parce que Sattouf démontre avec cet album qu’il peut encore se réinventer, lui qui cartonne depuis des années avec ses séries « L’Arabe du futur » et « Les Cahiers d’Esther ». Parce que Vincent Lacoste, dont le potentiel comique est évident, a participé activement au scénario de cette BD.

A qui ça plaira: Aux cinéphiles.

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5. Le bal des folles (Véro Cazot Arianna Melone D’après Victoria Mas – Editions Albin Michel)

De quoi ça parle: Dans la société française très patriarcale du dix-neuvième siècle, le père de famille a droit de vie et de mort sur son épouse et ses filles. Quand l’une d’entre elles se révèle un peu trop dérangeante, ce n’est pas difficile de la faire passer pour folle et de la faire interner, histoire de s’en débarrasser. C’est exactement ce qui arrive à la pauvre Eugénie Cléry, une jeune femme vive d’esprit, mais trop indépendante et insolente aux yeux de son père. Lorsque ce notaire parisien bien établi apprend que sa fille affirme qu’elle est capable de voir et d’entendre des gens qui sont morts, il décide de l’interner de force à l’hôpital de la Salpêtrière. Et tant pis si elle n’est pas vraiment folle…

Pourquoi c’est bien: Parce qu’il s’agit d’une très belle adaptation du livre de Victoria Mas. Parce que la scénariste Véro Cazot parvient à capter l’essentiel du roman pour montrer à quel point les femmes de l’époque étaient tributaires des hommes, qui leur interdisaient toute déviance. Parce que les personnages sont très attachants. Parce que les dessins à l’aquarelle réalisés par Arianna Melone sont magnifiques et insufflent beaucoup de sensibilité et de délicatesse au récit.

A qui ça plaira: A tous ceux qui détestent l’injustice.

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6. Quelqu’un à qui parler (Grégory Panaccione – D’après Cyril Massarotto Editions Le Lombard)

De quoi ça parle: Sur la table de l’appartement trône un magnifique gâteau avec une trentaine de bougies, entouré de coupes de champagne. Samuel souffle toutes les bougies d’un seul coup. Mais bizarrement, personne ne l’applaudit. La raison est simple: il n’y a personne pour faire la fête avec lui. Samuel est seul au monde dans son petit appartement parisien… Désespéré, il décide alors d’appeler le seul numéro de téléphone qu’il connaît par cœur: celui de sa maison d’enfance. À sa grande surprise, le numéro fonctionne encore. Il y a même quelqu’un qui décroche. Il s’agit d’un garçon de 10 ans, qui s’appelle Samuel lui aussi… et qui fête son anniversaire aujourd’hui! Au bout de quelques minutes, Samuel le trentenaire se rend compte qu’il est en train de parler au petit garçon qu’il était…

Pourquoi c’est bien: Parce que dès les premières pages de ce roman graphique, on est pris par le dynamisme de la mise en scène et des dialogues, qui alternent sans cesse entre humour et émotion. Parce que cette BD s’appuie sur le personnage de « loser » de Samuel pour raconter une histoire qui peut tous nous parler, en particulier ceux qui ont dépassé la trentaine. Parce que Grégory Panaccione lui-même a attendu d’avoir 42 ans avant d’enfin oser accomplir son rêve d’enfant: devenir auteur de BD. Parce que ce livre dégage un enthousiasme et un optimisme qui font du bien.

A qui ça plaira: A ceux qui oublient parfois d’écouter leur enfant intérieur.

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7. Goldorak (Xavier Dorison – Denis Bajram Brice Cossu Alexis Sentenac Yoann Guillo Editions Kana)

De quoi ça parle: L’histoire de la BD débute plusieurs années après le dernier épisode du dessin animé. Alors que l’empire de Véga a disparu et que les ennemis de Goldorak sont morts, Actarus et sa sœur Phénicia sont rentrés chez eux sur la planète Euphor, tandis que leurs amis Alcor et Vénusia tentent de mener une vie normale sur Terre. Mais un nouveau monstre surgit: un terrible Hydragon. Il est piloté par les derniers représentants de Véga, qui exigent que tous les habitants du Japon quittent leur pays dans les 7 jours s’ils ne veulent pas être détruits. Face à cette nouvelle menace, Goldorak, Actarus et le reste de la bande vont devoir reprendre du service pour sauver ce qui peut encore l’être…

Pourquoi c’est bien: Parce que cette BD événement est signée par cinq auteurs chevronnés, qui sont tous des passionnés de Goldorak. Parce qu’on y sent leur respect immense pour l’univers créé par Gô Nagai, mais aussi pour l’enfant de huit ans qu’ils ont tous été. Parce que cette BD ultra-soignée est le résultat de quatre années de travail acharné. Parce que les fans de la première heure vont s’y retrouver, mais aussi les nouveaux lecteurs, même ceux qui n’ont jamais entendu parler du robot géant.

A qui ça plaira: Aux nostalgiques de Récré A2.

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8. 1984 (Xavier Coste – D’après George Orwell Editions Sarbacane)

De quoi ça parle: En 1984, Londres est devenue une ville remplie de buildings en béton froids et impersonnels. Elle se situe désormais en Océania, l’un des trois grands blocs nés suite aux guerres nucléaires qui ont ravagé le monde dans les années 1950. Winston Smith est l’un des employés du Ministère de la Vérité. Dans son bureau anonyme, il est chargé de corriger les articles du passé pour faire en sorte qu’ils restent cohérents avec la ligne politique du moment et avec l’idéologie du parti. « La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force », sont les trois grands slogans du parti. Winston voudrait résister, mais comme tout le monde, il est surveillé de près. Sur les murs de Londres, des grandes affiches rappellent en permanence que « Big Brother is watching you »

Pourquoi c’est bien: Parce que cette version signée Xavier Coste est la meilleure des cinq adaptations BD du roman de George Orwell qui sont parues en 2021. Parce que ce récit glaçant reste d’une grande actualité au vu de l’évolution de nos sociétés, puisque nous sommes aujourd’hui suivis à la trace grâce à nos smartphones et que nous sommes abreuvés de « fake news ». Parce que Xavier Coste rêvait d’adapter « 1984 » en bande dessinée depuis l’âge de 15 ans. Parce que son livre nous plonge corps et âme dans un univers sombre, froid et inquiétant. Parce que ses dessins sont particulièrement graphiques, avec certaines séquences qui ressemblent carrément à de la peinture.

A qui ça plaira: A ceux qui aiment les récits très graphiques.

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9. Sangoma, les damnés de Cape Town (Caryl Férey – Corentin Rouge – Editions Glénat)

De quoi ça parle: Au Parlement de Cape Town, le ton monte entre les partisans et les détracteurs d’un projet de réforme agraire, dont l’objectif est de redistribuer aux noirs les terres usurpées par les blancs du temps de l’apartheid. Les députés finissent par en venir aux mains. Le ministre de la réforme agraire Mark Savela tente de rapprocher les points de vue, mais il est loin de se douter que sa propre fille Amy est la maîtresse de Van Der Wiese, la figure de proue des afrikaners d’extrême-droite. Il est tout aussi loin de se douter qu’Amy entretient également une liaison avec le lieutenant de police Shane Shepperd. Celui-ci se retrouve confronté aux tensions post-apartheid lorsqu’il est appelé sur une scène de crime dans une ferme exploitée par Kobus Pienaar et sa fille Eva. On vient d’y retrouver le cadavre d’un des ouvriers noirs, tandis que dans le même temps, un bébé de deux mois a disparu…

Pourquoi c’est bien: Parce que c’est une plongée passionnante dans un pays qui reste marqué par les fantômes de l’apartheid. Parce que le scénariste Caryl Férey connaît extrêmement bien son sujet, puisque son roman « Zulu » se déroulait déjà en Afrique du Sud. Parce que le dessinateur Corentin Rouge est un digne héritier des grands noms que sont Jean Giraud, François Boucq ou Christian Rossi. Parce que c’est une BD sans temps mort, avec des dialogues ciselés. Parce que c’est une bande dessinée dure et violente par moments (esprits sensibles s’abstenir), mais très cinématographique, avec une bonne dose de rythme et d’action.

A qui ça plaira: Aux fans de thrillers haletants et intenses.

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10. L’étreinte (Jim – Laurent Bonneau Editions Grand Angle)

De quoi ça parle: Benjamin et sa compagne Romy viennent de passer quelques jours de vacances à Cadaqués, en Catalogne. Sur la route du retour, Benjamin est absorbé par une photo prise la veille avec son smartphone. C’est la photo d’une inconnue sur la plage. On ne voit pas son visage, mais il s’agit d’une jeune femme vêtue d’un maillot noir. Soudain, un crissement de pneus sort Benjamin de sa rêverie. La voiture conduite par Romy est percutée de face par un autre véhicule. Benjamin s’en tire miraculeusement, mais sa compagne est grièvement blessée et se retrouve plongée dans un coma artificiel. Tout en allant régulièrement voir Romy à l’hôpital, Benjamin continue à penser à cette mystérieuse femme au maillot de bain noir. Petit à petit, cela devient une véritable obsession…

Pourquoi c’est bien: Parce que c’est un livre au ton particulier, dans lequel l’ambiance pèse plus que l’histoire en elle-même. Parce que les auteurs n’ont pas fonctionné de manière classique, en déployant leur récit au fur et à mesure sans but narratif précis et en se laissant porter par les images et les mots. Parce que le scénariste Jim et le dessinateur Laurent Bonneau ont finalement réussi à pondre un récit qui est non seulement tout à fait cohérent, mais également passionnant et émouvant. Parce que les dessins sont à mi-chemin entre peinture et photographie.

A qui ça plaira: Aux amateurs de récits romantiques et sensibles. 

QUAND Y’EN A PLUS, Y’EN A ENCORE…

D’autres BD parues en 2021 auraient très bien pu figurer dans ce Top 10, qui est forcément un choix subjectif. Mention spéciale aux titres suivants, car tous valent certainement le détour: Les amants d’Hérouville, Grand silence, Sousbrouillard, Océan noir, Les Chimères de Vénus, Entre les lignes, Oleg, Yellow Cab, La Trilogie Berlinoise – L’été de cristal, Asphalt Blues…


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois