Nous sommes en 1814 une époque où les Anglais et les Français se vouent une haine féroce : les tentatives d'invasion napoléonienne ont l'art et la manière d'alimenter la répulsion réciproque. À la suite d'un naufrage, le village anglais d'Hartlepool se met en émoi : un survivant est retrouvé et va payer pour toutes les humiliations subies.  

En quittant ce roman graphique Le singe de Hartlepool, j'ai eu le même sentiment qu'à la fin de ma lecture du roman Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé : le sentiment de "tout cela pour cela", la sensation d'un scénario tiré sur la longueur qui aurait pu être davantage réduit. J'ai passé un moment agréable mais je n'ai pas réussi à rentrer complètement dans l'histoire, à y être parfaitement intégrée. J'ai bien aimé les illustrations (rondes, colorées, avec des visages parfois esquissés ou plus précis, pour leur côté feutré). J'ai apprécié certains jougs verbaux, certaines scènes (celle du naufrage en particulier, le jeu des enfants), l'équilibre des protagonistes (le sage et savant médecin, la couardise du maire), la respiration des scènes (le divertissement avec le jeu des enfants, la cruauté discrète et suggérée d'un abattoir en grandeur nature). J'ai été moins fan de l'exubérance des villageois (comme s'il avait fallu amplifier leur bêtise et leur ignorance) et de la répétition en longueur de certaines scènes. Et d'un autre côté, je comprends la difficulté des auteurs à expliquer l'inexplicable : la confusion collégiale et culturelle d'un être.

Bref, j'attendais peut-être trop de ce roman graphique en raison de son prix littéraire et de la renommée de ses auteurs. Peut-être que je l'ai lu également au mauvais moment, sans en apprécier suffisamment la qualité historique. Il y a un personnage qui défie le groupe et semble être l'exception : le personnage du médecin, très utile pour répondre aux attaques en tous genres !

L'avantage de découvrir Le singe de Hartlepool est de s'instruire sur un épisode de vie communautaire étonnant et cruel.

Éditions Delcourt