La route des mortes

Ça y est, je prends un peu de temps pour faire baisser ma PAL ! Je commence avec ce roman écrit à quatre mains par Franck Linol et Joël Nivard. J’avais tellement hâte de découvrir ce que ces deux-là nous réservaient…

La route des mortes

352 pages – Le Geste Noir Éditions – Broché – (03/2020)

Ce qu’il en est : Les deux auteurs ont eu la bonne idée de réunir leurs inspecteurs fétiches pour une enquête inédite. Dumontel et Varlaud, Varlaud et Dumontel : un duo haut en couleur, à l’image de leurs créateurs.
Ces flics incontournables du Limousin pour tout polardeux qui se respecte, se retrouvent confrontés à une série de meurtres aussi sordides que violents, de jeunes femmes turques le long de la route D940.

Ce que j’aime avec Linol et Nivard, c’est qu’ils attaquent leurs récits dans le vif du sujet, et La route des mortes ne fait pas exception. On se retrouve d’emblée dans une prison turque des années 80, et croyez-moi, ça ne vend pas du rêve !
Après une ellipse de trente ans, les vieux de la vieille (les flics, pas les auteurs 😉 ) arpentent le plateau des Millevaches de long en large pour résoudre une enquête aux pistes diverses. Chacune d’elle est crédible, tirer le fil de la pelote pour remonter jusqu’au meurtrier ne sera pas chose aisée.
Les personnages principaux sont fidèles à eux-mêmes, avec leur histoire et leur passé propres. Chacun ses failles, ses blessures, sa vision de la vie et du métier ; mais finalement ces deux écorchés se complètent plutôt bien et dès les premières pages, on sent poindre une amitié sincère et indéfectible.

J’ai dévoré ce livre que les auteurs ont eu la gentillesse de me dédicacer lors d’un salon en mars 2020. L’écriture est fluide, le style direct et sans fioritures, et les transitions d’une plume à l’autre sont indécelables. À côté de toute l’horreur des crimes de leur récit, Nivard et Linol partagent à travers leurs inspecteurs le côté humain et bon vivant qui les caractérise. Le livre est bourré de références — musicales et oenologiques — avec quelques pincées d’humour (grinçant ou pas…), et on ne devine pas la fin à la moitié de l’histoire.

« L’innocence, ça te va comme des bretelles à un lapin. »

Alors c’est sûr, on n’a pas un nouveau cadavre toutes les dix pages ni le côté scientifique des recherches (détails sur les empreintes, ADN, etc), mais le travail des enquêteurs est pointilleux et leurs points de vue respectifs qui s’affrontent parfois sont intéressants. On se laisse complètement aller dans cette balade guidée par deux limousins pur souche, qui nous parlent à leur façon de la campagne et des banturles* qui la composent.

J’ai beaucoup aimé ce livre, vous l’aurez compris, et j’imagine bien d’autres enquêtes en duo, histoire de creuser les personnages (et la région) : cela ne peut être un one shot !
Je vous avais déjà parlé de ces auteurs dans mes chroniques (je vous mettrai les liens en commentaire si vous voulez), et je vais continuer de découvrir leurs ouvrages, dont quelques uns sont déjà dans ma PAL…
En attendant, vous reprendrez bien un petit Chardonnay pour la route des mortes ?

Toutes les infos sur ici : Geste Noir


*banturle : personne qui se comporte bêtement, qui fait preuve de manque de sérieux (limousin)


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois