Les premières enquêtes de Miss Silver • Patricia Wentworth

premières enquêtes Miss Silver Patricia Wentworth Les premières enquêtes de Miss Silver • Patricia Wentworth

Éditions 10/18, 2017 (760 pages)

Ma note : 18/20

Quatrième de couverture ...

Dans les années 30, alors que la haute société britannique vit son âge d'or, l'ineffable Miss Silver exerce ses talents d'éminence grise auprès de ses clients à la politesse sulfureuse.

La première phrase

" Mr Parker agita un instant le lourd trousseau de clefs avant de le déposer sur la table :
- C'est long quatre ans d'absence, dit-il d'une voix si sèchement polie que Charles Moray ne put s'empêcher d'y percevoir un reproche. "

Mon avis ...

Comme j'ai aimé ce recueil qui reprend les trois premières enquêtes mettant en scène Miss Silver, une détective discrète et grisonnante, au sens de l'observation infaillible ! Je ne connaissais pas la plume de Patricia Wentworth, et je dois dire que j'ai été on ne peut plus conquise. Son écriture est simple, sans fioritures, mais c'est tout à fait le genre de romans que l'on se plaît à déguster sous un plaid, une tasse de thé ou de café à la main. L'atmosphère est so british à souhait. Le lecteur est amené à voyager entre le Londres des années 30 et la campagne anglaise. Ce recueil comprend trois romans : Le masque gris (1929), L'affaire est close (1937) et Le chemin de la falaise (1939).

Selon l'auteure, Agatha Christie se serait fortement inspirée du personnage de Maud Silver pour créer Miss Marple. Miss Silver est une vieille dame, qui aime plus que tout tricoter tout en recevant dans son bureau de nombreux protagonistes qui n'ont qu'une hâte : que notre détective les aide à résoudre les plus sombres affaires. Miss Silver n'est pourtant pas vraiment le personnage principal de nos intrigues. Elle n'a ni le charisme ni la prestance (tout comme la modestie !) d'Hercule Poirot. Sa présence se fait finalement très discrète. Les enquêtes sont davantage centrées sur d'autres personnages (Charles Moray pour Le masque gris, Hilary Carew dans L'affaire est close ainsi que Rachel Treverne dans Le chemin de la falaise). Si elle ne se montre pas follement attachante, j'ai aimé sa grande bienveillance vis-à-vis des autres protagonistes et j'ai évidemment envié son côté fine mouche.

Le masque gris

Suite à son emménagement dans une demeure londonienne, héritée de feu son père, Charles Moray n'en croit pas ses oreilles lorsqu'il découvre que des réunions clandestines (tenues par une société secrète) se tiennent à son propre domicile ! Le chef de la bande a le visage recouvert d'un masque. Un complot semble se tramer. Plus incroyable encore, une certaine Margaret Langton, semble être de la partie. La jeune femme n'est autre que l'amour de jeunesse de notre héros...

Bon, Miss Silver ne fait que quelques apparitions dans ce roman et c'est à peine si elle mène l'enquête mais j'ai tout simplement adoré l'intrigue pour son côté improbable, parfois angoissant, mais aussi pour l'humour dont fait preuve Patricia Wentworth (le personnage de Margot Standing en blonde écervelée se goinfrant de chocolats vaut le coup d'œil). J'ai également aimé suivre la romance entre Charles et Margaret. Les rebondissements en pagaille ne manquent pas, et oui le Masque gris finit par être découvert. J'étais d'ailleurs à mille lieues de me douter que l'auteure nous réserverait un tel final.

L'affaire est close

Bien décidée à reprendre l'enquête ayant mené à la condamnation de Geoffrey Grey, Hilary Carew est prête à tout pour innocenter le mari de sa cousine. Un meurtre. Trois neveux, dont deux possédant de solides alibis et le dernier ayant ramassé le pistolet... Et si tout avait été calculé pour dissimuler l'identité du vrai coupable ?

Dans cette enquête, de nombreuses scènes d'action ont réussi à me tenir en haleine. On craint pour la vie de la pauvre (et terrorisée) Mrs Mercer dont le mari se montre plutôt violent. On frissonne quand Hilary, à vélo, manque de se faire renverser par une voiture (de manière délibérée !) en plein brouillard, perdue dans la campagne anglaise. C'est sans doute ce que j'ai le plus aimé dans ce roman. Sans compter que j'ai à nouveau été menée en bateau du début à la fin.

Le chemin de la falaise

Lorsque Rachel Treherne contacte Miss Silver, la jeune femme est terrifiée. Elle reste persuadée que quelqu'un essaie de la tuer suite à plusieurs incidents ayant eu lieu de manière rapprochée. Et si c'était un membre de sa famille ? Rien d'étonnant à cela puisque suite au décès de son père, notre héroïne détient une fortune colossale qui suscite bien des jalousies de la part des autres membres de la famille. Rideaux qui prennent feu, serpents dans son lit, chute de la falaise... Rien n'est épargné à Rachel qui tente désespérément de découvrir ce qui se trame à son encontre.

Ce roman est mon préféré du recueil. D'abord parce que le personnage de Rachel est on ne peut plus attachant, ensuite parce que Miss Silver se fait davantage présente. La vieille dame s'installe dans la demeure de notre héroïne, et mène tout doucement son enquête en rencontrant tous les membres de la famille. Patricia Wentworth nous réserve une nouvelle fois de nombreux rebondissements (pour mon plus grand bonheur). Chute de la falaise. Découverte d'un puits ouvert en plein milieu d'une cuisine ! J'ai adoré frissonner, mais aussi soupçonner tour à tour de multiples personnages.

La plume de Patricia Wentworth a donc été une très jolie découverte. Miss Silver n'est pas une enquêtrice très présente pour le moment, mais j'espère bien la retrouver dans d'autres romans. J'ai été conquise par l' humour de l'auteure, mais surtout par toutes ces petites scènes d'action et de rebondissements qui permettent au lecteur d'être maintenu en haleine. On sent également que Patricia Wentworth aime ses personnages, elle nous réserve en effet parfois une happy end à la fin de son roman. Cela fait du bien, tout comme on se plaît à se balader en plein Londres ou encore dans la campagne anglaise.

Extraits ...

" Au milieu de la pièce trônait une table de travail en noyer clair aux pieds chantournés et, derrière cette table, se tenait une vieille dame toute menue, vêtue d'une robe d'une indéfinissable couleur tabac. Une lourde masse de cheveux gris, retenus en chignon par une résille serrée, et une frange curieusement frisottée encadraient un visage pointu, anguleux, à la peau fraîche et sans rides.
Quand sa visiteuse entra, elle finissait de libeller une enveloppe qu'elle sécha soigneusement à l'aide d'un buvard ; puis elle releva la tête et observa la nouvelle venue avec attention. "

" Plonger la moitié de la maisonnée dans le mélodrame avant le petit déjeuner ! C'est indécent ! Les gens ne devraient pas éprouver d'émotions fortes avant trois heures de l'après-midi. "


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