J'aime pas ma mamie. Isabelle DAMOTTE et Charles DUTERTRE – 2021 (Dès 6 ans)

J'aime pas ma mamie. Isabelle DAMOTTE et Charles DUTERTRE – 2021 (Dès 6 ans)

J'aime pas ma mamie

Texte d'Isabelle DAMOTTE
Illustrations de Charles DUTERTRE

Editions Magnard Jeunesse, 9 mars 2021
Dès 6 ans

Thèmes : Famille, Grands-parents, Humour

La fillette de notre album, petite blondinette à couettes, n'aime pas sa grand-mère.
Elle a beau être la mère de son père, son nom lui échappe toujours, il n'y a rien à y faire.
C'est ainsi, elle ne l'aime pas.
Mais ne croyez pas que cela soit sans raisons.

J'aime pas ma mamie... Sapristi, j'ai oublié son nom !
Elle plante des peignes en écaille dans ses cheveux mauves et elle me lance des éclairs avec ses yeux verts...

Son regard, sa maison, l'odeur de ses draps, sa cuisine, ses petites phrases acides, son jardin, ses habitudes...
Au fil des pages, elle nous détaille ses arguments avec comique de répétitions et illustrations de famille qui en disent long.

Si certains peuvent prêter à sourire et sembler légers (telle la nourriture, mais n'avons-nous pas tous d'affreux souvenirs alimentaires en famille ?!), tous expriment une relation impossible d'autant que la fillette est en constante et sourde comparaison avec sa grande sœur.
Bonnet et casque en permanence sur la tête, téléphone non loin, cette dernière entretient avec sa grand-mère une tendre complicité et une passion pour la couture.

Toutes les deux, elles papotent derrière les portes et Mamie parle souvent de moi : " Ta sœur a toujours l'air sage, mais elle fait ses coups en douce... "

Suspicions, dévalorisations, remarques sur son éducation, visage sans cesse renfrogné, la Mamie n'aime pas non plus sa petite-fille et ne s'en cache pas.
Voilà qui explique peut-être/certainement la profonde aversion de la petite envers son aïeule...

Avec son texte en rimes très dynamique, ses quelques délicieux mots désuets, complétés par les foisonnants, pétillants et colorés dessins de Charles Dutertre, cet album est vraiment drôle.
Pourtant, derrière le rire et les expressions blasées, se cachent une souffrance, un désir de reconnaissance, d'être et d'exister.

Isabelle Damotte nous rappelle que toutes les mamies ne sont pas " gâteaux ", gentilles et pleines d'attentions affectueuses envers leurs petits-enfants, tous ou quelques-uns.
Pourtant, nous savons fort bien qu'il est possible, et même normal, de ne pas aimer les membres de notre famille avec une égale mesure. Toutes les familles ont leurs histoires...
Et cette image de la Mamie qui prédomine...

C'est un sujet qui n'est pas très courant, qui peut paraître dommage ou triste (rapport à l'image et la confiance en soi, la transmission, etc.) et qui pourtant est bien réel (croyez-moi, j'en sais quelque chose, et même doublement !).
Je suis donc bien contente de le voir si bien abordé par Isabelle Damotte (dont je découvre l'écriture) et Charles Dutertre (dont j'adore le travail).

C'est bien fait pour elle!


wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois