Le joueur d’échecs – Stefan Zweig

Livre mythique dans la bibliographie de Stefan Zweig, “Le joueur d’échecs” est une œuvre posthume, écrite juste avant le suicide de l’auteur et de sa femme, au Brésil, et publiée en 1943.

 

Thème :  Jeu d’échecs, nazisme, folie, seconde guerre mondiale, enfermement, psychologie, Autriche, résistance, torture, roman classique, Stefan Zweig.

Le joueur d’échecs - Stefan Zweig

Résumé de l’éditeur

“Czentowic, champion d’échecs arrogant, esprit borné à outrance, inculte et étonnamment stupide, occupe le premier plan jusqu’à l’entrée en scène de Monsieur B. Dès lors que cet aristocrate autrichien s’intéresse à la partie livrée entre le champion et les passagers amateurs, la direction du texte bascule.
Par un effet de symétrie, la narration se transforme en un face à face tendu entre un esprit brillant et rapide à l’intelligence abstraite et un cerveau au pragmatisme brutal, incapable de projection véritable. Mise en scène percutante de la résurrection de la folie, cette nouvelle oscille entre ouverture et enfermement.
Dans cette avancée implacable de la stupidité destructrice, allégorie de la victoire du nazisme mais aussi chef-d’œuvre de composition, Zweig s’intéresse peu à la survie du corps, préférant montrer les réactions de l’esprit, qui trouve un symbole parfait dans ce jeu éminemment intelligent mais désespérément stérile”.

Pourquoi ““Le joueur d’échecs” de Stefan Zweig est à lire ?

Pour la fine connaissance de Stefan Zweig de la psychologie humaine

Pour la fluidité de sa plume et son incroyable talent de conteur contemporain.

Mon avis sur “Le joueur d’échecs” de Stefan Zweig

J’en parlerai dans un article plus spécifique mais Stefan Zweig fait partie des auteurs dont je voudrais TOUT lire sur 2021 (j’ai déjà un peu abordé cette question de mes lecture dans  mon article bilan “Pourquoi je change mes lectures”).

J’ai donc commencé avec “Le joueur d’échecs” que je croyais avoir lu (allez savoir pourquoi !) et ce fut un véritablement enchantement ou une révélation !

Pourquoi n’ai-je pas lu Stefan Zweig plus tôt !

Ahah j’imagine qu’on se pose cette question pour nombre d’auteurs et de choses que l’on découvre tardivement.

Isolé dans une chambre d’hôtel par les nazis qui viennent de prendre le contrôle de l’Autriche, sans aucune distraction, ni vue sur l’extérieur (la fenêtre est murée), un homme finit par dérober un livre dans la poche d’un de ses tortionnaires pour ne pas céder à la folie.

Cette prise de guerre se révèle malheureusement, pour sa plus grande déception, n’être qu’un manuel de jeu d’échecs. Il va alors apprendre les différentes stratégies et jouer inlassablement contre lui-même pour résister . Ce jeu dont il doit imaginer l’échiquier dans sa tête, devient son unique bouée de sauvetage pour ne pas sombrer dans cette folie à laquelle l’accule ses geôliers.

Lors d’un voyage en bateau, quelques mois après sa libération, Mr B se retrouve à jouer contre un champion d’échecs arrogant et brutal, qu’il réussit à mettre en difficulté. A cette occasion, il confie alors son histoire à un aristocrate compatriote qui fait le même voyage.

Cette courte nouvelle oppose ombre et lumière du monde à travers deux personnages, l’un brutal et abruti (le champion) et l’autre rescapé de la folie et des tortures nazies grâce à son obstination à ne pas se laisser sombrer.

En développant un monde intérieur imaginaire puissant, cet homme oppose ainsi l’intelligence humaine à l’esprit de stratégie froide, brutale et frustre de son adversaire, dans laquelle il n’est pas difficile d’identifier le nazisme.

Les gens qui sont possédés par une seule idée m’ont toujours intrigué, car plus un esprit se limite, plus il touche par ailleurs à l’infini. Ces gens, qui vivent en solitaire en apparence, construisent, avec leurs matériaux particuliers et à la manière des termites, des mondes en raccourci d’un caractère tout à fait remarquable.

Sur ce jeu d’échecs, ce ne sont plus des joueurs qui s’affrontent mais deux visions différentes du monde. Il n’est pas étonnant que Mr B soit viennois, tout comme l’était Zweig.

J’ai aussi découvert à travers cette nouvelle, cette pratique perverse qu’utilisaient les nazis pour obtenir des informations de leurs opposants. Il leur suffisait d’être patients. L’horreur et l’étendue des solutions auxquelles ils recourraient pour arriver à leurs fins semble infini. L’imagination n’a en la matière aucune limite, semble-t-il.

Autour de moi, c’était le néant, j’y étais tout entier plongé. On m’avait pris ma montre, afin que je ne mesure plus le temps, mon crayon, afin que je ne puisse plus écrire, mon couteau, afin que je ne m’ouvre pas les veines ; on me refusa même la légère griserie d’une cigarette. Je ne voyais aucune figure humaine, sauf celle du gardien, qui avait ordre de ne pas m’adresser la parole et de ne répondre à aucune question. Je n’entendais jamais une voix humaine. Jour et nuit, les yeux, les oreilles, tous les sens ne trouvaient pas le moindre aliment, on restait seul, désespérément seul en face de soi-même, avec son corps et quatre ou cinq objets muets : la table, le lit, la fenêtre, la cuvette. On vivait comme le plongeur sous sa cloche de verre, dans ce noir océan de silence, mais un plongeur qui pressent déjà que la corde qui le reliait au monde s’est rompue et qu’on ne le remontera jamais de ces profondeurs muettes.

Ceci confirme que notre cerveau humain a nécessairement besoin d’être “nourrit” (plus ou moins) intellectuellement pour nous garder vivant ou du moins pour que l’on reste sain d’esprit.

C’est pourquoi il ne faut jamais cesser d’apprendre, ou de tisser du lien social.

Cela m’a rappelé l’expérience menée par Frédéric II de Hohenstaufen, au XIII e siècle, sur des nouveau-nés pour déterminer comment se constitue le langage. Les enfants étaient nourris, propres, on s’occupaient d’eux, ils ne manquaient de rien mais personne ne leur adressait la parole. Ils sont tous morts très rapidement.

Combien il est facile d’abîmer cette belle machine complexe qu’est notre cerveau !

Nous sommes des êtres profondément sociaux en besoin perpétuel d’apprentissage, de développement, et d’échange avec les autres.

Tout ce qui concerne le cerveau me passionne alors je ne pouvais qu’accrocher avec cette histoire

“Le joueur d’échecs” est un récit rétrospectif, à l’instar de “Vingt-quatre heures de la vie d’une femme”, qui est le seul livre de Stefan Zweig que j’ai déjà lu.

On partage la détresse de ce pauvre Mr B grâce à l’écriture en apparence simple et fluide de Stefan Zweig, qui nous captive de la première à la dernière ligne.

Sa passion pour les rouages et la complexité de l’esprit humain et la manière dont il l’intègre à ses récits, est certainement ce qui m’éblouit le plus dans son écriture. Il était d’ailleurs très admiratif et proche de Freud, auquel il faisait souvent relire ses romans.

Mais nous aurons l’occasion d’en reparler, puisque j’ai décidé de tout lire de cet auteur en 2021 #uneannéeaveczweig.

Bilan de ma lecture

Que dire sinon que “Le joueur d’échecs” de Stefan Zweig est un livre à lire !

Brillant et émouvant et cela d’autant plus lorsqu’on connait la fin tragique de l’auteur. Et puis, c’est un classique à connaître.

A lire si la complexité de l’âme et de l’esprit humain vous fascine ♥♥♥

 

A lire aussi – idées lecture

Vu la richesse de l’œuvre de Stefan Zweig, je ne peux que vous recommander de vous y plonger à l’instar de ce que je vais faire cette année.

Je vous recommande également la seconde nouvelle de ce recueil Lettre d’une inconnue”, émouvante confession amoureuse, dont je parle dans un prochain post. Ou encore “Amok”, qui est ma prochaine lecture ou “Vingt-quatre heures d’une femme” que j’avais trouvé d’une modernité incroyable, Stefan Zweig sachant se couler dans l’âme féminine comme personne.

Ou plus simple, vous achetez un recueil regroupant ses différentes œuvres, solution pour laquelle je pense opter.

Si tout comme moi vous avez été conquis par la mini série  Netflix “Le jeu de la dame”, si Beth Harmon vous a envoûté et que vous avez envie de vous mettre aux échecs, je donne quelques conseils sur les manuels pour se lancer dans les échecs dans l’article sur les livres à offrir pour Noël mais vous pouvez aussi lire d’autres romans parlant d’échecs, j’ai écrit un article à ce sujet : 13 romans qui parlent de jeu d’échecs

Personnellement mon choix s’est porté sur Vladimir Nabokov “La défense Loujine”.

Vous êtes, vous aussi, fasciné.e par Stefan Zweig ?

Le joueur d'échecs - Stefan Zweig

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Le joueur d'échecs
Le joueur d’échecs – Stefan Zweig

Livre mythique dans la bibliographie de Stefan Zweig, “Le joueur d’échecs” est une œuvre posthume, écrite juste avant le suicide de l’auteur et de sa femme, au Brésil, et publiée en 1943.

URL: https://livresalire.com/le-joueur-dechec-stefan-zweig

Auteur: Stefan Zweig

Auteur: Emma

Format: https://schema.org/Paperback

Note de l’éditeur :
5

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois