Une immense sensation de calme de Laurine Roux

Une immense sensation de calme de Laurine Roux

Une immense sensation de calme

Laurine Roux

Les éditions du sonneur

2018

121 pages

Quatrième de couverture : Alors qu’elle vient d’enterrer sa grand-mère, une jeune fille rencontre Igor. Cet être sauvage et magnétique, presque animal, livre du poisson séché à de vieilles femmes isolées dans la montagne, ultimes témoins d’une guerre qui, cinquante plus tôt, ne laissa aucun homme debout, hormis les « Invisibles », parias d’un monde que traversent les plus curieuses légendes.

« A présent il faut je raconte comment Igor est entré dans ma vie. C’était la fin de la saison froide, j’avais passé l’hiver dans la maison des frères Illiakov. »

Ce roman, ce conte, cette légende, je ne sais comment le nommer, c’est une parenthèse de sérénité dans un monde qui marche sur la tête. On se croirait dans un texte d’anticipation ou dans l’univers d’un conte, on avance à pas feutrés au milieu des montagnes, on côtoie ces fameux « Invisibles », on pleure la mort d’un ours témoin du monde d’avant.

« Le bruit du vent mérite plus d’attention que les vaines paroles. »

J’avoue que je n’ai pas réussi à pénétrer la haie touffue des mots dès la première page, il a fallu que l’auteur m’apprivoise, me trouve là où je n’étais pas. Encore empêtrée dans les affres de la vie réelle, je ne parvenais pas à m’en extraire pour simplement laisser les images envahir mon esprit.

Une fois passé le temps des hésitations devant la poésie des phrases, j’ai été happée et j’ai apprécié cette écriture qui a quelques affinités avec celle de Jeanne Benameur. Cette écriture qui narre la rencontre silencieuse entre deux êtres. Une histoire intemporelle qui balaie toutes les platitudes pour ne céder la place qu’au sublime, au mystère d’un monde dont il ne subsiste que l’essentiel.

« On vit aussi bien sans réponses. »

La nature est un écrin pour les mots de Laurine Roux. Les personnages évoluent au sein des éléments naturels, là où la dureté côtoie la douceur, là où les doigts caressent les plaies.

« Le soleil levait chaque matin son rideau sur une nature différente. La lumière ruisselait dans les branches cristallisées par la glace. Les myriades de teintes allaient du rose au bleu pâle, projetant des flaques colorées sur la surface du lac en banquise. L’hiver révélait des grâces de jeune fille. Le ramage des branches, prisonnières de leur robe de cristal, devenait dentelle, piquetée par endroits de boutons vernis là où les corneilles arrêtaient leur vol. On crissait à chaque pas et c’était délicat, un froissement de tissus précieux. »

Une belle lecture qui malheureusement s’est trop vite estompée, dans la brume des premiers jours d’hiver.


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