Chroniques de San Francisco 1. Armistead MAUPIN, Isabelle BAUTHIAN et Sandrine REVEL – 2020 (BD)

Chroniques de San Francisco 1. Armistead MAUPIN, Isabelle BAUTHIAN et Sandrine REVEL – 2020 (BD)

Chroniques de San Francisco

1

D'après les romans d'Armistead MAUPIN (1998)

Adaptation d'Isabelle BAUTHIAN
Dessin de Sandrine REVEL

Éditions Steinkis,5 novembre 2020
128 pages

Thèmes : USA, Chronique sociale, Amour, Quête identitaire

Après avoir passé quelques jours de vacances à San Francisco, Mary-Ann Singleton, 25 ans, décide d'y vivre. Elle aime l'énergie débordante, l'atmosphère festive et la vibration palpitante, si nouvelles pour elle, qui en émanent.
Se définissant comme provinciale, timide et d'une naïveté touchante, Mary-Ann vient de Cleveland et d'un milieu très conventionnel, agréablement bousculé par ce qu'elle trouve.

Elle emménage au 28 Barbery Lane, dans l'immeuble d'Anna Madrigal, une libraire à la retraite devenue une logeuse aux petits soins pour ses locataires. A commencer par son surprenant geste de bienvenue : un joint scotché à la porte dont elle a elle-même cultivé la marijuana. Personne positive et lumineuse, elle cache en son cœur un lourd secret.

C'est là que Mary-Ann fait la connaissance de Mona Ramsey, une jeune femme rousse à la fois libérée et hésitante ; de Michael Tolliver, surnommé " Mouse ", jeune homosexuel assumé (sauf devant ses parents) qui cherche l'Homme de sa vie et qui devient vite son confident; de Brian Hawkins, le coureur de jupons de la maisonnée (les hétérosexuels se font se faire rares est-il dit), ancien avocat " pour les causes ", reconverti en barman.

Grâce à Mona, Mary-Ann trouve un travail de secrétaire dans l'agende de publicité d'Edgar Halcyon, (l'amant de Mme Madrigal) beau-père du séduisant Beauchamp Day, volage bisexuel, qui ne tarde pas à la séduire pour mieux la quitter. Il est le mari de Deirdre qui se console dans les bras de son livreur asiatique.
Dans le même temps, Mary-Ann fait une mission de bénévolat à SOS San Francisco où elle fait la connaissance de Vincent (quasi un sosie de van Gogh).
Elle se rapproche de Norman Neal Williams, énigmatique locataire de la maisonnée, et dont la discrétion la charme. Ce personnage bien mystérieux apporte autant de suspense qu'un sentiment dérangeant à l'histoire.

Ici, votre normalité a quelque chose... d'enthousiasmant.

Cet album est la première adaptation en bande-dessinée des Chroniques de San Francisco d'Armistead Maupin, dont les neuf tomes sont parus entre 1978 et 2014 (1998 et 2015 en France). Cela faisait longtemps que je voulais les lire sans pour autant sauter le pas. Moi qui adore les adaptations BD, l'occasion était trop belle - même si je ne peux pas comparer. Plusieurs adaptations télévisées ont été faites, dont la dernière en 2019, que je n'ai pas vues (!) et le 28 Barbery Lane (dont la maison est fictive) est devenu un symbole de tolérance et de fraternité.

J'ai beaucoup aimé l'atmosphère qui se dégage de ce premier volume comme faire connaissance avec ses personnages aux identités et catégories sociales très variées, dont Mary-Ann est le pivot central.
Ils se croisent et se dévoilent petit à petit, au gré de saynètes qui se suivent et qui toutes forment l'histoire : une comédie douce-amère au tournant des années 1970-1980, une époque de transition juste au sortir de la Guerre du Vietnam.
Elle explore la libération des mœurs contre le poids des conventions, l'écartèlement entre les désirs sociaux et ceux du moi profond, avec les mensonges et dissimulations que cela engendre, et la question du genre. Avec son âme candide, Mary-Ann est particulièrement touchante et attachante.

Graphiquement, c'est très beau, La couverture est très attractive avec ses personnages et images typiques de San Francisco : rues pentues, pont suspendu, son architecture victorienne... que l'on retrouve à l'intérieur.

Les teintes voilées, une ambiance vaporeuse, confèrent aux planches un aspect suranné, nostalgique.
Chaque saynète possède sa propre atmosphère chromatique.
Les cases aux coins arrondis évoquent de vieilles photographies, et j'aime la forme des bulles.

Plusieurs planches sans texte, des détails à observer, de l'humour par petites touches, j'aime!

De rencontres en amitiés, d'amours passagères aux retrouvailles,de révélations en assumations ou fuites, ce premier tome est riche de rebondissements et nous rend attachants ses personnages dont j'ai hâte de découvrir les évolutions.