État et avenir du blog

État et avenir du blog
Image par Comfreak de Pixabay

Bonjour les renardeaux,

Depuis quelque temps le blog est entré dans une phase d’hibernation assez intense. Je me dois de vous donner quelques explications quant à cet abandon relatif, sur les raisons d’une telle désertion. Je vous ferai également un point sur mon état d’esprit en général et sur l’avenir hypothétique du blog.

Abandon relatif et manque de temps

Le dernier article sur le blog remonte à la fin du mois de juillet, date à laquelle un rush a commencé pour moi. En effet, j’ai longtemps traîné des pieds avant de me lancer dans la rédaction du fameux mémoire de recherche de première année. J’avais les idées, un sujet plus ou moins clair mais je retardais toujours l’échéance, celle qui enclenche la machine et active tous les mécanismes. Ce n’est que lorsque la date limite s’est clairement dessinée que j’ai entrepris non pas un marathon mais un sprint, une véritable course contre le temps (et contre moi-même). Ce devoir de mémoire porte sur la fantasy à l’ère du numérique et compte près de 90 pages, en tenant compte des normes imposées. Il est long, sans doute trop long, beaucoup trop long. J’y ai passé énormément de temps, consacré beaucoup d’énergie, fait des recherches, ai eu des surprises. La rédaction s’est avérée être un parcours du combattant auquel mes nerfs ont eu du mal à résister. J’ai stoppé toutes mes lectures en cours, ait essayé de poursuivre un peu une bêta lecture mais sans réussir à me mettre totalement dedans.

 Au fil de mes pérégrinations sur le net afin d’approfondir tel ou tel point, je me suis rendu compte à quel point je devais encore développer ma culture littéraire sur le sujet. Difficile de prétendre écrire un mémoire sur la fantasy sans avoir lu ni Le Seigneur des Anneaux ni l’intégralité de la saga Harry Potter. Difficile de parler de numérique sans avoir effleuré la vague provoquée par The Witcher ou encore les nombreux Final Fantasy. Enfin, difficile pour moi d’écrire ce devoir sans avoir envie de lire des tas et des tas des livres. Terry Pratchett, Tolkien, David Eddings, G.R.R. Martin et j’en passe. Des noms qui reviennent sans cesse, des univers que je meurs d’envie d’explorer… La rédaction de ce travail de recherche, et donc le mémoire, m’a fait prendre conscience que je voulais d’abord lire les « classiques » du genre, ceux qui ont révolutionné la fantasy mais pas que. J’ai réalisé que j’avais encore beaucoup à apprendre pour parfaire mes analyses et progresser dans mes chroniques. Je me sens actuellement bloquée, j’ai sans cesse l’impression de répéter les mêmes choses dans mes avis et je souhaite que cela change.

Le manque de temps est aussi une conséquence de plusieurs facteurs personnels (très positifs). J’ai notamment trouvé un job étudiantqui me plaît sincèrement et dans lequel j’arrive à m’épanouir. Je ne vous en dirai pas plus sur ce job mais sachez simplement que l’équipe pense à moi pour réaliser quelques animations en lien avec la littérature et que j’ai vraiment envie de tout donner.

Enfin, le manque de temps provient sans doute aussi d’une grande lassitude et d’une pression anxiogène, thème que je vais développer de suite.

Entre lassitude et pression

Nous y voilà ! Pour tout vous dire, cela fait plus de 8 ans que je tiens un blog littéraire. Je roule ma bosse depuis un moment, arpentant la blogosphère de long en large, lisant beaucoup, rédigeant tout autant. Je partage mes avis, mes ressentis, quelques rares coups de cœur et encore plus rares coups de gueule. J’ai changé 36 fois de manière de présenter les articles, d’évaluer les livres, j’ai modifié mes critères, peaufiné tel ou tel aspect, j’ai ajouté ou supprimé des éléments. Bref, j’ai fait grandir et évoluer ma manière de vous parler d’un livre en même temps que j’avançais dans la vie, tout simplement. Je consacre vraiment beaucoup de temps à donner vie à un article : brouillon, rédaction, illustrations sourcées (ou libres de droits), musique, photographie réalisée par mes soins et finalement mise en page. J’y passe un temps fou, des heures et des heures. Perfectionniste dans l’âme, je tiens à ce que tout soit le plus agréable et lisible possible. Malheureusement, autant d’effort finissent par ternir mon envie et mon enthousiasme.

J’ai de plus en plus l’impression de faire tout cela dans le vent, de ne toucher qu’une poignée de personne sans parvenir à trouver ma place. Je ne me sens plus à l’aise dans l’univers des critiques littéraires, je me sens oppressée par un monde qui ne pense qu’à la popularité et aux partenariats, souvent au détriment de la qualité des avis. Je suis une amoureuse des livres et des beaux mots, une éternelle amoureuse des analyses et des mises en scène. J’essaie de rendre chaque chronique spéciale, unique, de trouver ce qui la fera sortir de l’ordinaire. Rarement lues, souvent incomprises, mes chroniques ont aussi parfois servi de source d’inspiration pour d’autres (le plagiat pour la forme n’est pas loin). Toujours est-il qu’aujourd’hui je passe trop de temps à créer des articles, je me fatigue pour obtenir quelques retombées… Les auteurs se plaignent souvent que sans avis (et surtout commentaire sur amazon) ils ne sont pas visibles, sachez que la même chose est valable pour mon blog. Si vous lisez mes articles mais que vous ne le dites pas, je n’ai aucun moyen de le savoir. Je ne sais pas si cela vous plaît, ce que je dois améliorer, je ne sais pas si je vous donne envie de lire le livre ou au contraire de passer votre chemin.

J’ai essayé, à plusieurs reprises, de nouer des liens avec des blogueurs. Je vous laisse imaginer ce que cela a donné : rien, rien du tout. En huit ans, j’ai pu constater des changements dans la blogosphère, et notamment celui des mentalités. Pour la grande majorité, c’est du chacun pour soi, chacun pour sa gueule et c’est tout. Il existe quelques exceptions, mais elles sont bien trop rares sur la toile. En presque 10 ans, je me suis rendu compte que des blogs ou des pages à peine sorties de terre voulaient déjà des partenariats avec toutes les maisons d’éditions, qu’à coups de concours ils parvenaient à obtenir des « j’aime/follow etc » avant même d’avoir publié dix chroniques… Que les formules express’ et coups de gueule marchent mieux que des avis sincères et détaillés, que le copinage et la complaisance pullulent. Je suis simplement écœurée et impuissante. Je ne me retrouve plus dans tout cela, et comment le pourrais-je ? J’ai toujours été sincère avec moi-même, j’ai toujours travaillé dur pour mériter le fait que les gens me suivent, j’ai toujours choisi le chemin du cœur avant celui de la popularité. Je me rends tristement compte que ce climat est bien trop anxiogène pour moi, que sans le vouloir je me mets une pression au lieu de simplement faire ce que j’aime. J’en suis à un point où lire et écrire me dégoûte simplement parce que les mondes de la lecture et de l’écriture s’éloignent de plus en plus de mes principes et valeurs. Je ne veux pas faire partie intégrante d’une sphère que je ne supporte plus. J’ai nagé à contre-courant pendant des années, j’ai essuyé les vagues sans broncher, je suis aujourd’hui fatiguée.

Alors oui, j’ai rencontré des gens merveilleux, des auteurs en or, j’ai fait de superbes découvertes et j’ai des étoiles dans les yeux quand je pense à certaines choses, malgré tout, je suis fatiguée d’être moi-même dans un monde d’hypocrites et de profiteurs. Je souhaite écrire et partager mes avis non seulement pour moi mais aussi pour vous. Je n’y arrive plus. Je n’ai plus la force d’ouvrir le blog ni la page facebook. Je ne prends plus plaisir sur le blog. J’aimerais tant avoir une baguette magique et réussir à changer la donne, je crains toutefois que cela ne soit pas possible. J’ai atteint un stade, franchit une limite. Ce monde de commentaires Amazon, concours, partenariats et courses aux likes n’est pas le mien. Je suis écrabouillée sous une masse de gens pleins de bonnes attentions qui n’hésitent pas à poignarder leurs voisins dans le dos pour gagner une place dans les classements ou s’attirer les bonnes grâces de telles ou telles personnes. Les éclaircies sont tellement rares dans ce nuage brumeux et opaque que j’ai depuis longtemps perdu le cap. C’est sans doute la raison qui me pousse à prendre une autre destination.

Envie de changement

Je le sais, j’ai encore des partenariats à honorer. C’est prévu. J’en profite pour préciser qu’à terme, je souhaite arrêter tous les partenariats et ainsi me consacrer exclusivement à ce que je désire lire. J’ai besoin d’honorer ces derniers services presses afin d’être en accord avec moi-même et pouvoir tourner la page. Je pourrais alors seulement envisager le futur plus sereinement. J’ai déjà quelques idées pour la suite, des sujets que je voudrais aborder, des aspects que je développerai. J’ai non seulement envie mais surtout besoin de changer, de renouer avec moi-même. Je ne veux pas porter de masque si ce n’est celui de l’honnêteté. Pour avancer, il va falloir que j’opère un virageet que je quitte certains abîmes devenus trop tortueux pour moi. La longue remise en question que j’ai entamée il y a quelques mois n’est pas encore achevée et il se peut que de nouvelles idées viennent se greffer au projet initial, que des imprévus viennent tout chambouler.

L’essentiel a été dit, rajouter quelque chose serait sans doute superflu. Je ne m’attends pas à ce que cette décision soit approuvée ou comprise, je tenais simplement à être transparente avec vous. Je me devais de vous le dire, et à moi-même de l’écrire. Il ne s’agit pas d’une rupture définitive avec les livres et le monde de la lecture, plutôt d’un éloignement afin de ne pas sombrer dans cette hypocrisie généralisée. Je ne peux que vous souhaiter plein de belles choses pour la suite. Prenez soin de vous et n’oubliez jamais que vos passions doivent rester un plaisir et non une contrainte.


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