Betty de Tiffany Mc Daniel

Betty de Tiffany Mc DanielBetty

Tiffany Mc Daniel

Traduit de l’américain par François Happe

Gallmeister

2020

716 pages

« Ce livre est à la fois une danse, un chant, un éclat de lune, mais par-dessus tout, l’histoire qu’il raconte est, et restera à jamais, celle de la Petite Indienne. »  Tiffany Mc Daniel

Betty, c’est goûter aux trois premières pages et être emporté dans la bourrasque des mots, des images, des légendes cherokees.

Betty est née, dans une baignoire, d’un père cherokee et d’une mère blanche, elle a 2 sœurs et 3 frères vivants, 2 frères morts dans leur jeune âge.  Elle va connaître le rejet, le racisme (elle est foncée de peau), mais aussi l’amour démesuré de son père, les complicités et les disputes avec ses sœurs. Elle va développer son goût pour la nature, pour les histoires tissées par son père pour l’aider à grandir.

Betty, c’est un coup de poing dans la vision innocente d’une enfant, c’est la découverte progressive des mauvaises âmes, ce sont des traînées noires dans la peinture blanche.

Betty, ce sont aussi des personnages, des êtres incarnés, des personnalités fortes, singulières.

Betty, c’est celle qui va être sauvée par les mots, ceux qu’elle écrit, ceux qu’elle enfouit, ceux qu’elle vomit.

Betty, c’est la fille de Landon Carpenter qu’on aimerait tous avoir pour père, cet être si humain, si généreux, qui fait de l’univers de ses enfants un véritable enchantement. Leur pauvreté matérielle n’est rien au regard de leur richesse intérieure.

Betty, ce sont des révélations terribles essaimées tout au long du texte, des démons à affronter, des histoires familiales lourdes de sens.

Entre les plantes qui guérissent et les écorces qui meurtrissent, entre les coups de feu mystérieux et les dessins d’orages, entre réalisme et poésie, Betty est une ode à la nature, à la famille, à la femme, aux traditions ancestrales des indiens.

Betty, c’est une réflexion intelligente et sensorielle sur le sens de notre existence, c’est une construction fine, c’est un feu d’artifice d’émotions.

Certains passages m’ont bouleversée, comme le chapitre 28 sur la vieille Slipperwort, cette femme qui « a toujours eu peur d’être elle-même ».

« Pour une femme vieillir est une agression. »

« Je me suis enfermée dans un asile intérieur de peur de savoir qui j’étais vraiment. »

Betty est un roman qu’on quitte avec la boule au ventre mais qui cheminera longtemps dans les mémoires.


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