Nickel boys de Colson Whitehead

Nickel boys de Colson Whitehead

Nickel Boys, Colson Whitehead, Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Charles Recoursé, Albin Michel, Août 2020, 259 pages

Je me souviens de l’article très élogieux de The Autist Reading qui a lu ce roman en anglais, il n’était pas encore traduit, et j’avais fulminé, ne pouvant lire que le français, et devant attendre sa parution en France… Il m’avait mis l’eau à la bouche et je me disais que j’allais lire un grand livre. Je n’avais pas tort.

En 2014, un article de presse annonçait que des restes humains avaient été retrouvés dans un cimetière clandestin de l’établissement Dozier School for boys fermé en 2011. Des enfants ! Des cadavres d’enfants torturés !

Colson Whitehead s’est emparé de ce sujet à peine croyable pour en faire un roman à la construction habile.

On a l’impression de lire un documentaire sur ce lieu et en même temps on s’attache au jeune Elwood, victime d’une injustice.

L’action se situe en Floride dans les années 60, encore sous le joug des lois ségrégationnistes Jim Crow. Nickel est le nom de cette « école » ou plutôt de cette prison pour enfants. Étaient envoyés là ceux qui avaient volé, les petits malfaiteurs en herbe que l’institution pensait remettre sur le droit chemin. Elwood aurait pu faire de brillantes études, il était sérieux, certes à l’écoute de Martin Luther King mais sans être révolté, il était décidé à aller à l’université. Seulement, voilà, il n’a pas eu de chance et a été stoppé net sur sa lancée.

La voie qui mène aux études n’est pas la même si tu es noir ou si tu es blanc, et surtout si tu as la malchance de monter dans la mauvaise voiture. Erreur judiciaire, ou mauvaise couleur de peau. Il n’empêche qu’Elwood va se retrouver à Nickel. Il croit pourtant en la justice, il pense pouvoir changer les choses, pulvériser Nickel. Son ami Turner, plus pragmatique, moins idéaliste, va essayer de l’aider…

C’est un roman ramassé, concis qui va droit à l’essentiel tout en réservant une belle surprise romanesque.

Il n’y a aucun pathos, seulement des faits. L’auteur ne surenchérit jamais dans la description des sévices, et ainsi laisse libre cours au lecteur d’imaginer, de se révolter, de se faire ses propres images et de hurler s’il le souhaite.

Le seul bémol que je pourrais émettre s’il en fallait un, c’est à propos de cette concision. J’aurais aimé un livre plus épais, un texte plus étoffé, une petite centaine de pages de plus. J’ai été surprise par cette brièveté.


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