Il se marièrent et il y eut beaucoup de sang

Ça y est, c’est la dernière chronique pour le PAI 2019, pour lequel je fais partie du jury cette année en catégorie Noire. C’est donc dans ce cadre que j’ai découvert le livre de Laurine Valenheler.

 Résumé :
Au cœur de l’hiver 2017, quatre ans après les débats sur le projet de loi « Mariage pour Tous », plusieurs couples d’hommes sont retrouvés morts en petite couronne de Paris. Sur les scènes de crime, la signature marque les esprits : entre les corps des victimes sont retrouvés des triangles de tissu, roses comme le symbole de la persécution des homosexuels sous le IIIème Reich.
Pour l’équipe de Maël Néraudeau et Yohann Folembray, lieutenants à la Section criminelle du SDPJ 94 et partenaires à la ville comme à la scène, le compte à rebours est lancé. Le mot d’ordre est sur toutes les lèvres, y compris celles de la presse : mettre la main sur l’assassin et enrayer la vague de folie meurtrière. Mais face à un criminel aussi obscur qu’imprévisible, les enquêteurs se retrouvent désarmés, et ce malgré l’appui d’un capitaine de la Brigade des crimes sériels de l’OCRVP venu se greffer à la section pour les assister. Le sadisme du meurtrier se révèle alors sans limite lorsque l’affaire prend un virage dramatique pour les deux coéquipiers et amants. Entre les plaies endormies qui se réveillent et la colère qui les déchire, affectant l’équilibre du groupe, le terrain est plus libre que jamais pour le Tueur au Triangle Rose, qui profite de la diversion pour passer à la vitesse supérieure et parachever son acte final…

 548 pages – Édition Indépendante – 21/10/2019

Il se marièrent et il y eut beaucoup de sang

 

Mon Avis :

Avec un titre pareil, je me doutais qu’on serait loin des contes de fées et j’ai été servie ! L’histoire est parfaitement résumée par la couverture, glaçante à souhait.
Maël et Yohann, Yohann et Maël, ces deux-là sont inséparables, tant dans leur vie professionnelle que personnelle. Flics au SDPJ 94 à Créteil, ce sont aussi les heureux papas d’un petit garçon de 6 ans, Ludovic.L’histoire commence lentement, on découvre leur quotidien et la famille formée avec l’unité de la Section Criminelle.
Leur équipe est saisie de l’affaire du Tueur au Triangle Rose par le biais d’amis proches de Maël. Cette enquête est loin d’être anodine, puisqu’il s’agit d’un tueur en série qui a décidé d’éliminer les couples homosexuels (d’où le triangle rose et son symbole tristement historique). Ses crimes sont inhumains, abjects, et surtout gratuits !  À part l’orientation sexuelle des victimes, il n’y a pas de mobile. Les faits se déroulent après les débats du mariage et de l’adoption pour tous, et on a franchement du mal à croire qu’aujourd’hui l’homophobie atteigne de tels sommets en France (et pourtant…). Mais l’auteure s’est très bien documentée, elle s’est servie de vraies phrases affichées lors des manifestations contre la loi du Mariage pour Tous, ce qui confère au récit une authenticité palpable.
S’intéressant à la psychologie criminelle depuis de nombreuses années, Laurine a aussi su créer de vrais personnages, en ciselant au scalpel leur caractère et leur passé. C’est d’ailleurs lors de l’analepse que le vécu de nos deux lieutenants prend toute toute son ampleur, parallèlement à l’enquête qui semble piétiner, mais dont il faut tirer les bonnes ficelles pour dérouler la pelote dans son entièreté. L’auteure n’a pas beaucoup appuyé sur les procédures d’investigation ou de recherche scientifiques,mais finalement ça ne manque pas tant le récit est bien mené.

L’écriture est brute, concise, mais n’omet aucun détail. Outre les découvertes de cadavres, dont les mises en scène laissent apparaître tout le sadisme du tueur, la violence n’épargne personne tant elle est présente, aussi bien sur le plan physique que psychologique. On suit pas à pas ces chers protagonistes qui ne manquent pas de déclencher craintes et empathie chez le lecteur. En effet, une fois que l’histoire s’emballe, on n’a qu’une envie : savoir s’il y aura un happy end ou pas. J’avoue ne pas avoir été surprise quant à l’identité du psychopathe responsable du carnage, mais les profils des personnages sont tellement bien ficelés que ce n’est pas du tout gênant, au contraire : au lieu de se demander « qui ? », on se demande « comment ? » ; et c’est un vrai plaisir d’aller au bout de cette histoire.
En refermant le livre, on se rend compte qu’on s’est attaché à cette famille, et ça fait tout drôle de les quitter.

Ce roman est un vrai coup de coeur, et Laurine prévoit la publication du prochain d’ici la fin de l’année… J’ai vraiment hâte de le découvrir !

Pour plus d’infos sur le PAI : https://www.prixdesauteursinconnus.com/

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois