La servante écarlate

Un classique de la littérature contemporaine, dont je vous partageais les Premières Lignes il y a une quinzaine de jours. Je connaissais la trame et j’avais déjà lu quelques pages, mais c’est de manière surprenante que j’ai eu envie de me (re)plonger dans cet univers créé par Margaret Atwood.

Quatrième de Couverture :

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.

Devenu un classique de la littérature anglophone, ce roman décrit un quotidien glaçant qui n’a jamais semblé aussi proche, nous rappelant combien fragiles sont nos libertés.

Des décennies plus tard, l’auteure en apporte une suite resplendissante avec Les Testaments, récompensé au Booker Prize 2019.

538 pages – Ed. Pavillons Poche Robert Laffont (11,50€) – Kindle (10,99€)

La servante écarlate

Mon Avis :

C’est par hasard que je suis tombée sur la série éponyme – je l’ai regardée du coup ! – que j’ai eu envie de lire ce bouquin. Je ne savais pas qu’une série était en cours (trois saisons disponibles sur le net, la quatrième à venir), mais dès le premier épisode j’ai su que j’étais foutue : le plantage de décor, la mise en scène, le nouveau monde… Même si je savais à peu près à quoi m’attendre, je n’étais pas certaine de la qualité de l’adaptation.

Mais je ne suis pas là pour vous parler de la série qui déborde largement du cadre du roman, bien qu’elle reste somme toute très fidèle à l’esprit originel et aux caractères des différents personnages.

« Béni soit le fruit. Que le Seigneur ouvre. »

Lorsque j’ai ouvert le livre, DeFred a tout de suite pris vie dans mon esprit (et pas seulement parce que je regardais la saison 1 en parallèle). Elle nous raconte sa vie, ses souvenirs, les épreuves qu’elle endure, ses souffrances, ses regrets, ses combats. La narration est faite d’événements actuels et de flash-backs réguliers, de sorte que le lecteur se rend bien compte de l’évolution (trop) rapide du régime politique.

Dans la théocratie qu’est Gilead, chacun a un rôle et une place bien définis. Le récit est basé sur les fameuses servantes, dont la mission est de procréer au bon vouloir des Commandants. Elles perdent toute identité et sont interchangeables, alors pas de place pour du sentimentalisme : il faut survivre. Si elles ne remplissent pas leur mission ou font des écarts de conduite, avec un peu de chances elles sont tuées. Sinon elles sont torturées, mutilées, ou encore envoyées aux Colonies (travaux forcés qui ne sont pas sans rappeler les camps de concentration nazis).

On pourrait croire que les hommes ont la part belle, mais il n’en est rien, à moins de figurer au sommet de la pyramide.

L’écriture est fluide et agréable, le texte regorge de détails parfois anodins, mais qui rendent la cité de Gilead encore plus réelle et terrifiante à la fois. L’auteure se sert au fil des pages de faits avérés dans l’Histoire de l’humanité, qu’il s’agisse de coutumes religieuses (quelle que soit la religion) ou de pratiques traditionnelles d’anciens peuples. Elle imagine aussi un mode de vie « pré-Gilead » très proche de celui qu’on connaît aujourd’hui en abordant notamment la question d’écologie ; cela peut être assez déroutant quand on pense que la première parution du roman date de 1985 !

Je n’en dirai pas plus car je ne voudrais pas spoiler ceux qui ne l’ont pas lu, et je n’inventerai rien en disant que ce livre est un chef-d’œuvre traitant de la place de la femme dans la société actuelle et celles à venir.

Margaret Atwood emploie le ton juste et (r)éveille les consciences : c’est un livre qui pose des vraies questions sous des airs de fiction.

Jusqu’où certains sont-ils prêts à aller pour changer le monde ? Celui-ci sera-t-il forcément meilleur (pour tous) ? Le système sera-t-il viable ? Quelles sont ses failles ? Quel est le vrai combat à mener ?

Quant à l’épilogue, c’est un petit bijou qui donne une dimension supplémentaire au récit.

J’ai été un peu plus longue que d’habitude car, vous l’aurez compris, ce livre est un véritable coup de cœur, et ce n’est pas pour rien s’il fait partie des œuvres incontournables du XX ème siècle.

Mais finalement, est-ce « juste » une dystopie ou un roman d’anticipation ?

Dans le doute, soyez attentifs à l’évolution des choses, même les plus infimes, il pourrait s’agir des prémices au chaos d’un futur pas si lointain…

« Sous Son Oeil. »


Margaret Atwood a écrit la suite de cette histoire 35 ans après : Les Testaments, paru en octobre 2019. Il ne devrait pas tarder à rejoindre ma PAL…


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois