L’enfer vivait ici – Ludovic Metzer

L’enfer vivait ici – Ludovic Metzer

L'enfer vivait ici - Ludovic Metzer - Auto-édition, Mai 2020.

Méfiez-vous chers lecteurs de Mr Metzer... Car lorsqu'il vous ouvre les portes de son gîte, vous confiant les clés d'une chambre luxueuse et vous invitant cordialement à aller faire un tour au spa pour vous détendre... il rit sous cape, se joue de vous, s'impatientant déjà de vos réactions, s'imaginant votre pouls augmenter au fil de votre avancée dans son univers, vos yeux s'écarquiller d'horreur... et de vos angoisses légitimes naît sans doute cette volonté de réitérer ses méfaits, car auteur prolixe il est !!! Pardonnez-moi Mr Metzer de vous taquiner de la sorte, mais c'est une faible revanche, car croyez-moi, il y deux jours, je n'en menais pas large quant à vouloir passer une soirée en votre compagnie, j'en fis des cauchemars toute la nuit ! Mais voilà je ne m'en prendrai qu'à moi-même : je n'ai pas su résister à cette couverture et à ce titre si éloquent !

Passons aux choses sérieuses : trois amis de longue date achètent un hôtel particulier délabré situé à quelques kilomètres de Berlin, en pleine forêt, qu'ils projettent de réhabiliter pour en faire un gîte de luxe. En bonus, une gare abandonnée située à 200 kilomètres de là fait également partie du lot. La municipalité leur a promis, s'ils acceptaient la vente, de prendre à charge le démantèlement des rails entourant le site... Sans comprendre ce qui lie deux bâtiments si éloignés l'un de l'autre, on se doute que le passé des lieux a eu un rôle important durant la seconde guerre mondiale : " deux endroits liés par le passé qu'une nation entière veut oublier " ... Lorsque les premiers clients arrivent, le manoir vétuste est devenu un gîte luxueux, remis à neuf par Karl, Marc et Farid ainsi que leurs épouses. L'accueil des vacanciers est chaleureux, l'ambiance conviviale: une belle récompense pour les sacrifices et les efforts fournis lors de la remise en état des lieux, et le début d'une nouvelle vie pour les trois couples. La première soirée, agréable et festive sera l'occasion d'une partie de Ouija pour rassembler les convives et une tentative divertissante de communiquer avec les morts... Bien mal leur a pris car les murs de la maison semblent gorgés d'un terrible passé, prêt à jaillir à la moindre occasion... Et les trois comparses, devenus chefs d'entreprises qui doivent laisser leurs épouses gérer le domaine et la clientèle le temps d'une nuit, histoire de surveiller les abords de la gare avant l'arrivée des ouvriers et le début des travaux... Tout cela tourne au cauchemar bien évidemment...

Stop : je n'en raconte pas plus, car les petits curieux avides de sensations fortes en auront déjà l'eau à la bouche... Vous comprendrez qu'en dépit de ma frayeur, j'ai bien apprécié ce livre. Les lieux tout d'abord sont fascinants et sont imprégnés d'une atmosphère très lourde : une forêt sombre d'Allemagne, une imagination populaire nourrie de contes, légendes et vieilles rumeurs, l'ombre des frères Grimm est là, toute proche... J'ai vraiment ressenti cet aspect lugubre des contes anciens et cela m'a énormément plu. Dans cette histoire, l'espace-temps n'est pas linéaire et nous nous retrouvons à diverses époques, sans jamais perdre le fil. Plusieurs sujets intéressants sont abordés: les aberrations du nazisme, la folie de ses dirigeants souhaitant prouver leur suprématie sur la science, la technologie et la médecine...On évoque des expériences nazis donc certaines scènes sont horribles, mais sans jamais tomber dans le voyeurisme malsain. Le tout est bien écrit, dans un style très cinématographique, qui ravira les amateurs du genre, j'en suis certaine. Les personnages sont à mon goût trop superficiels, ce sera mon petit bémol, je ne m'y suis pas attaché du tout, même si au fur et à mesure de l'histoire certains gagnent en profondeur et dévoilent leurs secrets. Toutefois, il m'a semblé très judicieux de mettre en avant les origines diverses et les religions parfois opposés de ces personnages ainsi que leurs liens d'amitié très forts, dans ce contexte précis. Si vous aimez les films d'horreur (car on ressent là beaucoup d'influence), et la littérature horrifique, n'hésitez pas ! Personnellement, ce n'est pas mon genre de prédilection, mais de temps en temps je ne suis pas contre y faire un petit pas...

Je remercie Ludovic Metzer via Simplement Pro d'avoir accepté mon service de presse: à la question posée par Ludovic sur Simplement Pro, je répondrais " oui, je suis ressortie vivante du gîte, mais à quel prix!!! ". Sans rancune toutefois, car j'ai passé un bon moment de lecture !


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois