Les chevaliers du Tintamarre

Les chevaliers du Tintamarre

De Raphaël Bardas

Rissignol, Silas et la Morue, trois pas grand choses des bas-fonds de Morguepierre ont toujours rêvé d’aventures, de bagarre et de damoiselles en détresse à sauver mais rien ne les a préparé à ce qu’ils vont vivre lorsque trois marie-morganes viennent s’échouer sur les plages de la ville-volcan.

On ne peut pas être amoureuse des Salauds Gentilshommes de Scott Lynch et ne pas être curieuse de découvrir l’univers de R. Bardas et de sa Morguepierre ! Des anti-héros propulsés dans une intrigue d’enlèvements et de sirènes, une ville a l’histoire sombre et au caractère bien trempé, des réparties cinglantes : tout était fait pour me plaire !

Pourtant, je vous le dis tout de suite, ça n’a pas fonctionné pour moi. D’abord, les dialogues m’ont vite rendu dubitative. De jolis mots bien employés, certes, un rythme chatoyant, une certaine fougue et un fameux mélange de précieux et de vulgaire, oui. Mais l’utilité ? Les tirades de nos trois compères, et de tous les personnages d’ailleurs, sont souvent très creuses ou redondantes.

Ensuite, une intrigue qui avance toute seule. Silas, Rossi et la Morue ne font rien que d’être, par hasard, au bon endroit au bon moment. Jamais leurs décisions ou leurs réflexions ne font avancer l’enquête de façon significative et leurs actions sont énormément précédées de phrases telles que « sans savoir pourquoi » ou « sans bien comprendre » ce qui est très irritant et frustrant ! Les héros n’ont pas d’implication dans le récit, ils n’ont pas de raisons d’agir, il n’y a pas d’enjeux qui les concernent. De fait, ils n’ont pas de prestance, je n’ai pas adhéré à leur aventure, je n’ai pas pris leur parti.

L’intrigue en elle-même : c’est une enquête très simple enrubannée d’une mythologie complexe et bancale et j’ai été assez déçue. Cela m’a beaucoup surprise car l’histoire de la ville, son fonctionnement et ses croyances sont très bien travaillés mais les Hurlement des veuves ? le nain et le géant ? je n’y ai rien compris et le dénouement tombe à plat.

Et pour finir, en 2020, j’en ai marre de lire des présentations des personnages féminins aux bouches en cul de poule et aux rondeurs placées juste là où il faut. J’ai vu quelques efforts dans ces pages pour éviter de faire d’Alessa un cliché mais ça n’a pas été suffisant… Surtout quand de l’autre côté les hommes ont le droit d’être des pouilleux puants édentés, merci. D’ailleurs, Planète Diversité en parle très bien ici !

C’est vraiment dommage car la plume de Bardas est piquante et travaillée, son monde a un vrai potentiel mais il y a beaucoup de maladresses et d’effets de style dans ce premier roman qui ne m’a finalement pas convaincu.

Marion

éèé

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois