Gogol : Les Nouvelles Pétersbourgeoises

Gogol, Nicolas Vassiliévitch Gogol (1809-1852) est un romancier, nouvelliste, dramaturge, poète et critique littéraire russe d'origine ukrainienne. Il est considéré comme l'un des écrivains classiques de la littérature russe.

Les Nouvelles Pétersbourgeoises est un recueil de cinq nouvelles : La Perspective Nevski, Le Journal d’un Fou, Le Nez, La Calèche et Le Manteau. Textes écrits et publiés dans des revues à différentes époques, ce n’est que plus tard que l’écrivain y verra une unité, à savoir que toutes se déroulent à Saint-Pétersbourg. Une ville qu’il n’appréciait pas vraiment, où il séjourna entre 1828 et 1836, jeune étudiant sans le sou, mais où il fit la connaissance d’Alexandre Pouchkine.

Si tout est bon là-dedans, deux nouvelles se détachent du lot pour moi, Le Nez et Le Manteau. La première parce qu’elle est complètement absurde : un matin le barbier Yakoblévitch trouve un nez dans le pain que sa femme vient de sortir du four, c’est celui d’un de ses clients, le major Kovaliov, qui va passer son temps à le chercher partout… la chute est très drôle. La seconde, la plus classique dans sa construction et son thème, conte l’histoire d’un vieux fonctionnaire (« souffre-douleur, résigné à subir les railleries de ses collègues ») qui va laborieusement économiser durant près d’un an pour s’offrir un manteau neuf et pouvoir affronter les rigueurs du climat, à peine en profite-t-il qu’on lui vole et va en mourir… la jolie chute d’essence fantastique ajoute un peu de sel à ce texte charmant.

Toutes les nouvelles jouent sur une certaine forme d’humour par leur côté soit absurde (dans Le Journal d’un Fou, le « fou » entend les chiens parler et se prend pour le roi d’Espagne), soit gentiment fantastique. A ces éléments, Gogol ajoute une critique sociale permanente, sur cette ville dont il faut se méfier car sous les lumières et les ors, la réalité n’est pas ce qu’elle semble (La Perspective Nevski) ainsi que sur la bureaucratie – un thème fréquent chez les Russes et pour cause, ou le rang social (fonctionnaires, officiers, gens du peuple).

Un bouquin extrêmement agréable à lire, pour son humour je l’ai déjà dit et parce que c’est vraiment très bien écrit comme on s’en doute.

« L’assesseur du collège Kovialov se réveilla d’assez bonne humeur en murmurant : « Brrr ! » suivant une habitude qu’il aurait été bien en peine d’expliquer. Il s’étira et se fit donner un miroir dans l’intention d’examiner un petit bouton qui, la veille au soir, lui avait poussé sur le nez. A son immense stupéfaction, il s’aperçut que la place que son nez devait occuper ne présentait plus qu’une surface lisse ! Tout alarmé, Kovialov se fit apporter de l’eau et se frotta les yeux avec un essuie-mains : le nez avait bel et bien disparu ! Il se palpa, se pinça même pour se convaincre qu’il ne dormait point : mais non, il paraissait bien éveillé. Kovaliov sauta à bas du lit, s’ébroua : toujours pas de nez !... Il s’habilla séance tenante et se rendit tout droit chez le maître de police. » [Le Nez]


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois