Confession d'une hypocondriaque

Hypocondriaque : Personne atteinte d’hypocondrie, maladie se traduisant par la peur, l’obsession d’être malade.

Je vais vous confier quelque chose, je suis hypocondriaque. Jusque- là je gérais à peu près ma phobie. J’avais des crises de panique ponctuelle mais globalement ça allait. Et puis, il y a eu le jeudi 12 mars, l’allocution du Président, l’annonce des fermetures d’école et du confinement « raisonné ». L’effet fut immédiat, palpitations, sensations d’étouffements, impression de tomber dans un puit sans fond.

Après une nuit agitée, il a pourtant fallut retourner à l’école pour préparer la dernière journée de classe avant longtemps… Sortir de la voiture après 5 minutes à avoir fixé la porte et enfin se diriger vers sa classe comme un automate, croiser une collègue et se mettre à pleurer, avoir l’impression que tout est sale, souillé. La journée fut un calvaire. Ne rien toucher outre mesure, se laver les mains encore et encore, rester à un mètre de distance, respirer à fond, lutter contre l’angoisse et rentrer chez soi en courant.

Ce confinement est une véritable épreuve pour l’hypocondriaque que je suis et pour bien d’autres gens aussi. Les crises d’angoisse se multiplient, je suffoque, n’est-ce pas un symptôme ? Essayer de se raisonner et faire des exercices de respiration.

J’ai envie de crier, de m’arracher la peau, de me désinfecter encore et encore. Il faut tuer les germes, il faut tousser dans son coude, il faut se laver les mains longuement, minutieusement.

Faustine tousse, il faut l’amener chez le docteur. Je fais une crise d’angoisse dans la salle d’attente. Tout est sale et vicié. Je dis à mes filles de ne toucher à rien. Je frôle l’hystérie. Je crie intérieurement. Se laver les mains encore et encore.

Et puis, il y a les autres…ceux qui ne comprennent pas, ceux qui se croient invincibles et bronzent sur les Buttes Chaumont, ceux qui quittent la ville pour envahir et contaminer les campagnes. La colère, l’incompréhension, la sensation que tous ces gens nous mettent tous en danger. Avoir envie de se déchiqueter, faire une nouvelle crise d’angoisse, étouffer à nouveau.

Et puis, il y a la télé, les infos qui égrènent le nombre grandissant de gens contaminés et de morts. Je prends la décision de ne plus regarder les nouvelles, trop anxiogènes.

Essayer de respirer à fond, s’imaginer dans un endroit calme, avoir les larmes aux yeux, se laver les mains encore, désespérée de ne pouvoir se libérer de cette cage qui oppresse la poitrine. Penser aux gens qui sont directement en contact avec ce satané virus au quotidien et avoir beaucoup d’admiration pour eux.

Respirer à fond, respirer à fond…et se laisser happer doucement.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois