Jonathan Hickman lance une série de one-shots chacun mettant en valeur un, une ou plusieurs X-Men vivant sur Krakoa. Le premier paru, Giant X-Men: Jean Grey and Emma Frost, dessiné par Russell Dauterman, propose une aventure des deux télépathes mais, finalement, ce ne sont pas elles qui sont au cœur de l'épisode.

Giant X-Men est donc une série de one-shots qui est produite en utilisant la méthode Marvel, celle qu'employait Stan Lee dans les années 60 avec ses artistes et qui s'est généralisée au fil des années chez l'éditeur. Cela consiste à ce que le scénariste écrive un pitch haut-niveau avec les intentions et une description sommaire de l'action servant de base à l'artiste qui gère lui-même sa mise en page afin de développer le pitch en histoire. Une fois, le travail de l'artiste terminé, le scénariste vient poser les dialogues sur les panels.

Si la méthode a quelques limites, elle a pour elle le fait de mettre en avant le travail de l'artiste. Autant dire qu'avec Russell Dauterman aux dessins, nous sommes gâtés. Non seulement, il se fait plaisir avec des découpages originaux mais en plus il construit des pages complètement folles tout en restant cohérent avec ce que Hickman lui demande de faire.

Je pense qu'on peut dire que Hickman fait complètement confiance à son artiste puisqu'il lui demande de reprendre la structure du classique New X-Men #121 de Grant Morrison et Frank Quitely, un épisode quasiment muet dans lequel Jean Grey et Emma Frost visitent l'esprit du Professeur Xavier pour savoir quel mal le ronge à l'intérieur. Ici, l'esprit visité est celui de Storm créant un univers cohérent avec le personnage inspiré de la culture africaine du personnage. Il y a plein de clin d'œil à de vieilles aventures de l'héroïne et, clairement, cela est un bonheur pour qui, comme moi, est fan d'elle.

Malheureusement, cela fait qu'elle vole la vedette à Jean et Emma. Les deux héroïnes de la couverture ne font que répéter les mêmes actions lues dans New X-Men #121 n'apportant rien sur elles ni sur leur nouvelle mission au sein de Krakoa. Parfois, les rôles sont inversées mais ce n'est pas vraiment suffisant pour parvenir à rendre ce numéro unique.

En fait, nous sommes bien là face à une des limites de la méthode Marvel, Dauterman privilégie la forme plutôt que le fond, là où l'histoire originale écrite et pensée dans les moindres détails par Morrison arrivait à allier les deux, c'était le voyage extraordinaire de deux femmes. Les échanges paraissaient réels et installaient une compétition qui allait devenir de plus en plus importante entre Jean et Emma. On perd donc cela dans ce numéro.

Alors, oui, l'épisode est très beau mais est-ce bien suffisant ?