1917

🎞 BANDE ANNONCE 🎞
1917
Un drame, historique, portant sur la Première Guerre mondiale, de Sam Mendes, d'une durée de 1h59 sorti le 15 janvier 2020.
1917
     Bon, comme d’habitude, je suis à la traîne. Je passe après la vague, le flot ou plutôt le tsunami qu’a provoqué ce film. Je suis sûre que vous en avez entendu parler, quand bien même vous ne l’auriez pas vu. J’apporte donc, en ce jour, ma petite graine au moulin.

    Difficile de passer à côté. Difficile de rester de marbre. Difficile de ne pas être soufflée par les décors. Près de deux heures qui passent à une vitesse folle, les images défilent la tension monte crescendo, la guerre est partout, tout autour d’eux, de nous. Une heure cinquante-neuf exactement. Une heure cinquante-neuf intense et palpable, somptueuse et dure, immersive et progressive. La mise en scène particulière, sous la forme de longues prises qui donnent la sensation d’un plan-séquence, provoque le sentiment de vivre l’histoire au même rythme que les acteurs, accentue l’urgence de la situation, la violence du conflit. Le compte à rebours a commencé, chaque minute compte, chaque seconde…
  Le Pas-de-Calais est le terrain de nombreux affrontements entre les Anglais d’un côté, les Allemands de l’autre. Très rapidement, deux soldats - Première Classe Schofield et Première Classe Blake - se détachent des visages, de la masse d’hommes prêts à prendre les armes. Ils sont investis d’une mission, très précise, celle de rejoindre le plus rapidement possible un bataillon afin d’annuler l’assaut prévu à l’aube… La tension monte d’un cran à l’évocation du nombre de vies en jeu s’ils venaient à échouer. De lourdes responsabilités reposent sur les épaules de ces deux jeunes, ils n’ont pas le droit à l’erreur. À deux ils devront affronter la peur et les doutes, les imprévus, les pièges, éviter les Allemands, se protéger, fuir, courir, courir encore et encore…
    Les décors, aussi bien les champs s’étendant à perte de vue que les rivières ou encore les tranchés sont vraiment époustouflants. Les contrastes, notamment entre les périodes plus “calmes” et celles très agitées sont marqués, d’un côté l’obscurité, de l’autre une apparente lumière. J’ai vraiment adoré le passage durant lequel un soldat remonte toutes les tranchées afin de délivrer son message… Une scène dont la blancheur brûle presque la rétine, dont l’urgence nous saisit et nous noue la gorge. Peu de temps mort, juste de quoi reprendre son souffle avant de replonger au coeur de l’horreur, du sang et de la mort. Cette dernière est, comme vous le devinez, omniprésente. Obsédante, entêtante, comme une sinistre mélodie dont on ne parvient pas à se défaire - funeste écho de ce qui attend des milliers d’hommes. Ombre tapie dans l’obscurité de la nuit, elle rôde, guette, attend le bon moment pour frapper, pour ôter la vie. Elle revêt différentes formes, accompagnée de ses fidèles acolytes douleur et peine. Sans visage, amie ou ennemie, la mort n’épargne aucun camp.
1917Premier plan du film 1917 | Universal Pictures et Dreamworks Studios
    Le visage des principaux acteurs ne m’était pas inconnu, j’avais déjà eu l’occasion de voir George MacKay dans Captain Fantastic ainsi que Dean-Charles Chapman dans Game of Thrones, c’est donc avec plaisir que je les ai retrouvé dans un rôle tout à fait différent! J’ai particulièrement aimé la prestation de George MacKay qui incarne à merveille La Première Classe Schofield, sa détermination, l’indifférence dont il peut parfois faire preuve, sa rage d’aller jusqu’au bout, quoiqu’il en coûte. Nous n’apprenons finalement que peu de chose, pour ne pas dire rien, sur lui, sur sa vie, son passé, sa famille, ce qu’il aime ou n’aime pas. Homme discret, soldat sans histoire, ami fidèle, il pourrait n’être personne, n’importe qui, vous, qui sait. Sans attache, son parcours dit combien les héros de la guerre sont anonymes et multiples, simples et pourtant si importants.
    Le film a été tourné à différents endroits du Royaume-Uni, notamment à Glasgow, dans le Wiltshire ou encore l’Oxfordshire, nous sommes donc relativement loin des étendues françaises, de ces paysages presque sans relief… Je suis passée, il y a moins d’un mois, à Ecoust Saint Mein, près de Bapaume, je peux vous assurer que c’est plutôt… plat ? J’avoue qu’à l’écran, je ne me représentais pas forcément le Pas-de-Calais de la sorte, ni même la Somme. Je pense qu’il ne s’agit pas, ici, d’être fidèle aux conditions du terrain mais plutôt de produire une épopée assez spectaculaire, de créer un chemin semé d’embûches, un parcours rendu difficile par les obstacles naturels et humains. Pour des raisons techniques, le choix de tourner en dehors de la France est tout à fait compréhensible et légitime, il n’empêche que certains décors donnent la sensation de ne pas se trouver au bon endroit, d’être là uniquement pour servir les images du film. Toutefois, je dois reconnaître que l’ensemble des bâtiments apparaît plus ou moins fidèle à ce que l’on pourrait imaginer. J’ai apprécié l’immersion proposée et la beauté des décors, quoiqu’on puisse en dire.
    Je souhaiterais, pour conclure cet avis, aborder le rapport à l’Histoire, non pas forcément la vérité de cette histoire dans l’Histoire mais plutôt l’approche du réalisateur. On creuse. Des conditions de vie épouvantables, la peur, l’humidité, la faim, la douleur. On continue de creuser. Ces images, vraiment percutantes, provoquent l’impression d’observer une masse humaine grouillante, de la chair à canon que l’on envoie se battre et dévaler des kilomètres afin de reprendre une mince portion de territoire. On creuse encore. Stratégies militaires, vies humaines, prix à payer pour le lourd tribut qu’est la guerre. On tente tant bien que mal de rendre cette tranchée non pas habitable mais au moins respirable. Manoeuvre, échec, piège, percée, violence des rapports, la pitié et la tendresse ne sont pas de la partie, tout est codifié, régi par les règles de la guerre. On étouffe, on suffoque dans cette atmosphère lourde, oppressante, dans ces tranchées insalubres dans lesquelles la promiscuité réchauffe les hommes sans pour autant réchauffer les coeurs. Les Allemands n’ont, dans ce film, pas voix au chapitre, ils sont l’ennemi, juste l’ennemi, presque déshumanisé, ils tuent et ne font preuve d’aucune pitié, d’aucun remords, comme des bêtes sanguinaires que l’on aurait lâchées. On souffre avec les soldats anglais, une douleur tant physique que psychologique, on ressent cette épée au-dessus de leur tête, ces chaînes invisibles qui coûteront la vie à de nombreux soldats. 
    1917, en plus de nous plonger dans la peau d’un soldat, met en lumière l’effort de guerre et son caractère collectif. Une bataille se gagne ou se perd sur de nombreux plans, le combat se joue à différents niveaux et personne n’est épargné. J’aime le message que véhicule ce film, l’idée qu’un visage, anonyme dans la foule, contribue à changer le cours des choses, à épargner des vies. Ce n’est pas parce qu’ils n’apparaissent pas dans les manuels ou que leurs noms ne sont pas cités qu’ils n’ont pas existé, que leur rôle n’a pas été déterminant. De nombreux cimetières - notamment anglais - parsèment les paysages des Hauts-de-France, reconnaissables entre tous avec leurs tombes blanches. Vous pouvez aller les visiter, vous recueillir et réaliser l’ampleur de cette tragédie…
LE CASTING
1917

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois