Laëtitia ou La Fin des hommes – Ivan Jablonka

Découverte Concours – Éditions Points – Prix : 8,20 € (Poche)

Laëtitia ou La Fin des hommes – Ivan Jablonka

Laëtitia Perrais avait 18 ans et la vie devant elle. Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, elle a été enlevée. Puis tuée. Par la vague d’émotion sans précédent qu’il a soulevée, ce fait divers est devenu une affaire d’État. À travers cette enquête de vie, Ivan Jablonka rend Laëtitia à elle-même. À sa liberté et à sa dignité.
NB : J’ai découvert ce roman/enquête grâce au concours de Madame lit que je vous laisse regarder si l’envie vous en dit ! Pour ce premier défi relevé, j’ai eu la chance de faire une belle découverte ! Hâte de voir la suite 🙂 

Vie & Dignité

Ivan Jablonka se propose dans ce roman/enquête de retracer la vie de Laëtitia. On n’assiste donc pas simplement à sa disparition cruelle, mais aussi à la vie de la jeune femme que l’auteur n’a de cesse de faire vivre sous nos yeux. Il désire cette dignité pour elle et l’exprime en nous retraçant son parcours, aussi difficile soit-il, mais aussi en nous partageant les sms de Laëtitia, ses amours, ainsi que les entrevues qu’il a eu avec les gens qui l’on aimé et qui l’aime encore. 
Au sortir de cette lecture, ce qui m’a le plus marqué dans ce livre, c’est la vie difficile de Laëtitia, son sourire de façade et son incroyable force. Il émane d’elle, dans ces lignes, une volonté de vivre suffocante de tristesse et d’idées noires… Monsieur Jablonka a réussi son pari. Et bien que sa mort soit cruelle et que ce soit elle qui ait entraîné Laëtitia à être enfermée dans cette enquête, c’est bien sa vie matérialisé qui nous accapare dans cet ouvrage. L’auteur fait revivre cette jeune fille dans toute la dignité qu’elle mérite.

Mort & Dessous politique

Bien sur, la mort de Laëtitia est explorée dans le roman. Ivan Jablonka en retrace le déroulement et la chronologie. On assiste alors médusé à cette fin tragique concluant une vie déjà tragique, laissant planer un déterminisme outrageant au dessus de la victime. J’ai été révolté…
Foyers, assistantes sociales, maltraitances… ASE… Aide Sociale à l’Enfance… On ose appeler ça de l’aide ? Alors, oui les parents étaient déviants, oui elles avaient besoin d’aide ! Mais non, pas comme ça… Confrontée déjà à ce genre de choses par le biais de mon travail, ça n’a fait que renforcer ma révolte ! Et que dire de cet opportuniste de Nicolas Sarkozy sautant sur l’affaire comme un trampoline pour ses propres ambitions politiques lorsque Laëtitia est assassinée. Le tueur a souillé Laëtitia et a brisé sa soeur, Jessica, en lui arrachant sa moitié ; le beau-père, M. Patron – de la famille d’accueil des filles – en a violé une avec preuve et l’autre de manière certaine sauf judiciairement, mais qu’à fait l’État ? Merci à l’ASE de les avoir jetées dans la gueule du (P’ti)loup. Et Merci Président de vous être tant passionné pour la douleur des proches de Laëtitia, vous êtes une boule d’altruisme ! J’en ai la nausée et je ne sais pas qui est le plus à blâmer !

Criminologie & Sociologie

L’auteur, en sa qualité de professeur d’histoire à l’université Paris XIII, relate l’histoire judiciaire, sociale et politique en parallèle de l’enquête criminelle. Ainsi, il nous éclaire sur les enjeux que représente la vie et la mort de Laëtitia dans son instrumentalisation, mais aussi sur l’histoire de nos institutions. Un livre riche en apprentissage même si je regrette qu’il soit lié à une telle tragédie.
Jablonka nous offre donc un parcours criminologique à travers l’enquête, mais aussi un portrait social qui s’articule autour de cette mort. Institutions défaillantes, manque de moyens sociaux et judiciaires, isolement rural, déterminisme social,  fracture enfantine, déshumanisation carcérale…

En une phrase…

Une enquête à lire… nécessairement ! 10/10 !

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois