Emma G. Wildford • Zidrou et Edith

Emma Wildford Zidrou Edith

Emma G. Wildford • Zidrou et Edith

Éditions Soleil, 2017 (102 pages)

Ma note : 16/20

Années 20. Campagne anglaise. Alors qu’Emma et sa sœur, Elisabeth, tentent d’oublier l’été caniculaire, une question se pose sur toutes les lèvres : qu’est devenu Roald Hodges, explorateur et fiancé d’Emma ? Parti il y a plus d’un an pour une expédition au nord de la Norvège, c’est en effet le silence radio depuis lors… Emma dispose d’une lettre, à n’ouvrir que si Roald risque de ne jamais revenir. Or notre héroïne se refuse à y croire. Elle se languit de son retour, écrit des vers sur l’amour, l’absence, avant de se décider à passer à l’action ! Cette lecture fut pour moi un quasi coup de cœur.

Quel bel objet-livre que ce roman graphique ! Je me suis tout simplement régalée. Les planches, signées Edith, sont d’une beauté à couper le souffle. Mais le scénario proposé par Zidrou (dont j’ai pu découvrir le travail en 2015, en ouvrant Lydie) tient lui aussi toutes ses promesses. Âgée d’à peine vingt ans, Emma se révèle être une héroïne forte, audacieuse, prête à tout pour retrouver l’homme qu’elle aime. Elle n’hésite pas à partir en Laponie, après avoir contacté la National Geographic Society, et à braver ainsi les interdits tandis qu’elle étouffe dans une société guindée et patriarcale. Il lui est en effet rappelé qu’une femme de son époque se doit de rester à sa place : celle d’une bonne épouse, toute dévouée à son mari.

J’ai beaucoup aimé le scénario de Zidrou, tout comme le caractère bien trempé d’Emma. Partir vers des paysages glacés, à la recherche d’un fiancé peut-être en danger, qu’on espère pouvoir épouser à la fin… L’intrigue, certes on ne peut plus romantique, pointe du doigt la place accordée aux femmes dans cette société du début du XXe siècle. Si je m’attendais à un certain déroulé et à un final convenu, j’ai eu tout faux. Je suis totalement ravie que ce roman graphique ait réussi à me surprendre.

Quelques petites zones d’ombres font malgré tout que je suis passée à côté du coup de cœur tant escompté (même si je l’ai frôlé). J’aurais par exemple aimé en apprendre davantage sur le décès de la mère de notre héroïne. Tout comme j’ai été frustrée que trop peu de planches abordent le lien entre Elisabeth et Roald. Le lecteur n’obtient pas nécessairement toutes les réponses qu’il pourrait attendre, ce qui est un brin dommage. Heureusement, seuls de petits détails sont concernés. Ceci n’enlève en rien la qualité de l’intrigue dans sa globalité.

Pour finir, je tiens à souligner la qualité du travail éditorial. Il y a bien sûr cette jolie couverture aimantée, mais (cerise sur le gâteau) une photographie, un billet d’embarquement et une lettre viennent compléter le tout. C’est un vrai plus, et cette lecture fut une belle surprise.

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois