Rhapsodie des oubliés – Sofia Aouine

Rhapsodie des oubliés – Sofia Aouine

Titre : Rhapsodie des oubliés

Auteure : Sofia Aouine

Date de parution : août 2019

Editions de La Martinière

Barbès, quartier de la Goutte d’Or à Paris. C’est là que vit Abad, treize ans, un immigré d’origine libanaise. Dans ce récit, l’adolescent nous conte la laideur du béton, l’odeur de poubelles, la diversité ethnique qui pullule dans sa rue, nuit et jour. Il y a également l’usine qui avale les hommes pour un salaire de misère.

Dans son quartier, s’endurcir est une nécessité pour survivre face à la drogue, la violence, la prostitution qui s’infiltrent dans tous les atomes de sa rue. Abad, lui, connait ses premiers émois amoureux, enchaîne les bévues et se retrouve condamné par les services sociaux à consulter une psy chaque mardi.

«Ici, c’est Barbès, Goutte-d’Or, Paris XVIIIe, une planète de martiens, un refuge d’éclopés, de cassos, d’âmes fragiles, de «ceux qui ont réussi à dépasser Lampedusa», de vieux Arabes d’avant avec des turbans sur la tête et des têtes d’avant, de grosses mamans avec leurs gros culs et leurs gros chariots qui te bloquent le passage quand tu veux traverser le boulevard. Des gens honnêtes qui ont toujours l’air de voleurs et qui rasent les murs pour pas qu’on les voie. Une rue où il n’y a pas de femmes qui marchent toutes seules. Une ville dans la ville, monstrueuse et géante, une verrue pourrie sur la carte.»

Ce roman, c’est l’histoire d’un quartier, d’une population en souffrance, l’histoire de laissés-pour-compte que Sofia Aouine nous dépeint à travers la voix du jeune Abad. Avec son franc-parler et sa lucidité, le garçon nous immisce dans le quartier où il est englué, dans lequel les désillusions fracassent les rêves.

Heureusement, Abad peut compter sur quelques personnes. Des êtres cabossés par la vie qui gravitent autour de lui et que nous découvrons tour à tour.

La plume de Sofia Aouine se démarque ici par son originalité, par ses magnifiques envolées. Elle virevolte, harponne le lecteur, bouscule. Des phrases rythmées, intenses et un souffle poétique qui m’a séduite. Les mots sont crus, vivants, percutants et drôles pour raconter le triste quotidien, la pauvreté et le manque d’amour.

Un très beau premier roman, à la fois dramatique et lumineux.

note 4


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois