Joy Ruby


Joy Ruby
Titre : Joy Ruby
Joy Ruby     Auteur : Ayrton Glenet
     Sorti le 21 juillet 2019
     Lu en octobre
     Auto-édition
     Genre : humour | science-fiction
4eme de couverture :
Un poulpe illusionniste, un chapeau de cowboy, un parieur avec la corde au cou et le plus grand vaisseau de paris de la galaxie, ça vous parle ?
Tout commence au milieu du désert. Sa dernière chance, son dernier souhait, un paris et une simple question : "Est-ce que vous pensez vraiment avoir mis la corde au cou de Joy Ruby ?".
Les deux chasseurs de prime n'ont aucun doute, mais avant de répondre, ils doivent écouter une histoire. Celle qui est à l'origine de la prime les ayant menés à ce jour fatidique
Je remercie Ayrton Glenet pour ce service presse et la surprenante découverte qui a découlé de la lecture. J’avais découvert l’auteur avec son premier livre CPU que j’avais beaucoup apprécié et j’étais impatiente de plonger dans cette nouvelle histoire. 
Joy Ruby
       Arrêtez-tout ce que vous faites ! Lâchez votre smartphone, posez-le loin de vous et concentrez-vous uniquement sur le livre, rien que le livre. Veillez à être suffisamment bien ancré dans la réalité, accrochez-vous à une solide branche et assurez-vous que votre ceinture soit correctement bouclée. Lorsque le train est en marche, rien ni personne ne peut l’arrêter ; le monde des illusions commence alors et je peux vous assurer que vous allez en prendre plein les yeux. La lecture de Joy Ruby exige énormément d’attention - tant on se perd entre l’illusion et le réel - ainsi qu’une certaine forme de lâcher-prise, elle invite à se déconnecter totalement de la réalité et à véritablement se laisser dépasser par les événements. 
      Joy Ruby, le personnage principal de cette folle histoire, est un parieur mais pas n’importe lequel, c’est sans doute le meilleur d’entre tous. Si vous ne me croyez pas, il va se faire un malin plaisir de vous le prouver. À la fois narrateur et protagoniste du récit, il s’avère être un conteur hors pair, aussi doué pour capter l’attention des gens que pour la perdre, il tire habilement les ficelles de l’imagination et de l’absurde en négligeant parfois celles de la simplicité et de la compréhension. Ce cow-boy joueur aime à emprunter des chemins détournés et souvent sinueux pour raconter son incroyable aventure, suscitant la curiosité mais provoquant par la même occasion des pertes d’attention et d’intérêt. M’est avis que l’auteur est également un parieur dans l’âme et qu’il a pris des risques en écrivant ce livre. 
      J’ai l’habitude de plonger dans mes lectures sans a priori, sans relire la quatrième de couverture et surtout, sans me poser de questions. J’ai ici été déstabilisée par le choix d’Ayrton Glenet qui, au début du livre, décide de nous raconter brièvement l’histoire, cela m’a complètement perturbée et j’admets que je n’ai pas appréhendé le livre de la même façon. Ajoutez à cela un univers complètement barré qui vous retourne le cerveau, des personnages aussi loufoques que surréalistes et vous obtenez là une Kathleen dont le cerveau bouillonne et dont les sens sont plus que jamais brouillés. Les perceptions sont modifiées et les choses perdent leur sens initial pour en obtenir un autre, rien n’est à sa place et tout est en perpétuelle transformation, les illusions dominent et la raison s’incline. Tenter de déchiffrer immédiatement les messages véhiculés par le livre, et par la même occasion les intentions de l’auteur, n’est guère une bonne idée, cela ne servirait qu’à vous rendre hallucinés, plus encore que les protagonistes. 
Joy Ruby
Image parGreg Nadot de Pixabay
     Bien qu’il demeure un personnage exceptionnel, Joy Ruby ne peut rendre, à lui seul, le récit aussi épars et extravagant. Joy pénètre sur un vaisseau, dans un monde réel mais pourtant imaginaire, un univers dans lequel l’ivresse du jeu côtoie l’adrénaline de la victoire sur le point d’être acquise, cette excitation quasi permanente de celui qui se sait risquer gros. Un poulpe illusionniste (oui, rien que cela!) va accompagner notre cher cowboy dans des aventures qui ne manquent pas de piquant et encore moins de folie. Entre tours de magie, paris, passé et présent, la réalité est sans cesse déformée, tout se dérobe à notre volonté, on ne peut rien palper qui ne s’évapore sous nos yeux ébahis. 
     Ayrton Glenet dépeint un univers fantaisiste vraiment décalé ainsi qu’une ambiance western avec ce cowboy haut en couleur. C’est un récit qui se raconte et dont le lecteur est déjà averti de la teneur, tentant tant bien que mal de se laisser prendre au jeu comme les deux hommes qui écoutent et boivent les paroles de Joy. Comme eux, je suis parfois sortie de la lecture, je ne comprenais pas ou alors je refusais de comprendre. En prenant du recul, je remarque que je ne me suis attachée à personne, à aucun personnage… Comment l’aurais-je pu dans un monde de mirages et de faux-semblants ?Tout est question d’enjeux, de bluff, de rencontres et de coups de poker, on progresse en suivant les paris de Joy. Les scénarios sont improbables et très vite une sensation de fouillis et de grand n’importe quoi s’est emparée de moi. C’est un monde qui va vite, très vite, une course effrénée contre le temps, des rebondissements en permanence et finalement peu de temps pour se poser et justement « prendre le temps ». Je parlais tout à l’heure de pari risqué concernant ce livre, l’histoire tourne facilement en rond, Joy narre son aventure, on revient dans le présent, il repart et nous embarque dans son récit et ainsi de suite, cela n’est pas sans créer une certaine forme de lassitude. Certaines choses allaient beaucoup trop vite alors qu’au contraire d’autres traînaient en longueur, je pense que cela a occasionné un déséquilibre dans le rythme qui m’a fait décrocher à plus d’une reprise. Je ne parvenais pas à trouver le juste milieu entre la vitesse et la lenteur, sans cesse prise entre deux feux dont j’apercevais les flammes dévorantes s’abattre sur moi. 
Joy Ruby     Je n’aborderais que brièvement la plume de l’auteur. Je l’avais déjà rencontré et beaucoup apprécié lors de la lecture de CPU. Elle m’a ici semblé moins incisive, moins tranchante également, sans doute parce que je n’avais pas le temps d’en profiter, que j’étais trop absorbée à vouloir comprendre le monde loufoque et dangereux de Joy Ruby. L’emploi récurrent du pronom impersonnel « on » pour désigner le groupe de personnages m’a également plus d’une fois gênée, il était certes employé dans des dialogues mais je lui préfère largement le « nous » qui renforce l’unité et la cohésion. Le style de l’auteur n’en demeure pas moins très fluide et imagé, je n’en attendais pas moins dans un tel univers décalé, je l’ai simplement trouvé moins mordant. 
Image parClker-Free-Vector-Images de Pixabay
      J’aime quand les livres parlent, qu’ils ne racontent pas seulement une histoire mais délivrent des messages, véhiculent des idées et valeurs que les lecteurs saisissent au vol. Je me suis longtemps interrogée sur ce livre, prenant le temps de questionner la couverture ainsi que le récit, me remémorant certains passages et tentant de les incorporer dans un tout. J’en suis venue à la conclusion, après de nombreuses heures à me creuser la tête et à remettre les choses dans le bon ordre, que ce livre, sous ses airs délirants et abracadabrantesques, interroge notre rapport à la mort et à la maladie. Au cancer, plus spécifiquement. Je ne vous l’ai pas dit mais Joy possède une particularité que seules les personnes atteintes d’une tumeur détiennent, or, Joy n’est atteint d’aucune tumeur… Je vois dans ce livre une métaphore de la maladie et de ce sursis que l’on a, de cette incertitude face à la mort, comme le laisse penser la corde autour du cou de Joy et cette corde sur la couverture. Les paris, l’adrénaline et l’ivresse témoignent de cette volonté de vivre à 200 %, sans se soucier des conséquences car l’on se sait condamné, voué à une existence incertaine mais à une mort certaine. Ce récit et les escapades illusoires (ou non) de Joy retracent le long parcours des personnes malades, un chemin sans cesse interrompu par les proches, par leurs remarques et parfois même leurs reproches, un couloir interminable qu’elles traversent et dont elles ont envie d’enfoncer chaque porte comme pour s’assurer qu’il ne s’agit pas de la dernière. L’univers dans lequel Joy évolue représente ce temps après lequel on court sans cesse, cette course éreintante pour se sentir vivant et profiter de la vie. 
      En définitive, Joy Ruby invite le lecteur à pénétrer dans un monde d’illusions et de paris, à partir à la rencontre de personnages aussi loufoques que déjantés mais surtout, à plonger dans un univers totalement décalé dans lequel on ne discerne plus les traits de la réalité. Un cowboy, un poulpe illusionniste, un décor fantasque et une ambiance western, ce livre est original à bien des égards. À travers le chemin emprunté par Joy Ruby, l’auteur questionne le lecteur sur son rapport à la mort ainsi qu’à la maladie, sur ce besoin de vivre à fond sans se soucier des conséquences de nos actes. Entre ivresse et adrénaline, ce livre enfonce toutes les portes et tente de se frayer un chemin dans l’imaginaire des lecteurs, dans ce cerveau que de nombreuses illusions ont mis à mal. Bien que je n’ai guère été conquise par tous les aspects de cette histoire, je ne peux que saluer la prise de risque et l’intelligence qui se cache derrière un tel récit. 
3 raisons de lire Joy Ruby :
- Une histoire abracadabrantesque
- Des personnages hauts en couleur
- Une ambiance western et un monde d'illusions
Bonus : une couverture bien plus que réussie, qui cerne totalement l’esprit du livreJoy Ruby

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois