A Royal City les choses ne s’arrangent pas pour la famille Pike. Pendant que le père sort tout juste du coma après sa crise cardiaque, la mère le trompe avec un ancien camarade de lycée. La fille, Tara, entame une procédure de divorce et voit son gros projet immobilier battre de l’aile tandis que Richie, son cadet, doit effacer une dette au plus vite s’il ne veut pas finir avec les genoux fracassés à la batte de baseball et que Patrick, l’aîné, n’arrive pas à écrire la moindre ligne alors que son éditeur lui met la pression pour récupérer le manuscrit de son troisième roman. Tous continuent de vivre avec à leurs côtés le fantôme de Tommy, le petit dernier décédé vingt ans plus tôt, en pleine adolescence. Un fantôme que chacun façonne selon sa propre vision et auquel chacun confie ses secrets les plus inavouables.
Conclusion d’un triptyque à la mélancolie déchirante, cet album creuse jusqu’à la racine les dysfonctionnements de cette famille frappée par un drame dont personne n’a pu se relever. Récit choral traversé par la voix de Tommy, Royal City est un modèle de drame psychologique ne tombant jamais dans la mièvrerie ou d’artificiels torrents de larmes. Tommy accompagne les siens, il les pousse dans leurs derniers retranchements, les place face à leurs responsabilités, leurs égarements, leurs compromis devenus trop lourds à porter. Ce faisant, il les amène à déchirer le voile de faux semblants barrant depuis trop longtemps leur chemin pour les ramener vers un indispensable lâcher prise et une salvatrice résilience.
Jeff Lemire excelle dans ce registre intimiste tout en retenu, décrivant à merveille la banalité et l’horizon bouché d’une petite ville industrielle sans relief. Après Essex County, Jack Joseph, Sweet Tooth et Winter Road, ce génial touche à tout confirme sa place parmi les grands noms de la BD américaine actuelle.
Royal City T3 : On flotte tous en bas de Jeff Lemire. Urban Comics, 2019. 120 pages. 14,50 euros.
Les BD de la semaine sont à retrouver chez Stephie
Conclusion d’un triptyque à la mélancolie déchirante, cet album creuse jusqu’à la racine les dysfonctionnements de cette famille frappée par un drame dont personne n’a pu se relever. Récit choral traversé par la voix de Tommy, Royal City est un modèle de drame psychologique ne tombant jamais dans la mièvrerie ou d’artificiels torrents de larmes. Tommy accompagne les siens, il les pousse dans leurs derniers retranchements, les place face à leurs responsabilités, leurs égarements, leurs compromis devenus trop lourds à porter. Ce faisant, il les amène à déchirer le voile de faux semblants barrant depuis trop longtemps leur chemin pour les ramener vers un indispensable lâcher prise et une salvatrice résilience.
Jeff Lemire excelle dans ce registre intimiste tout en retenu, décrivant à merveille la banalité et l’horizon bouché d’une petite ville industrielle sans relief. Après Essex County, Jack Joseph, Sweet Tooth et Winter Road, ce génial touche à tout confirme sa place parmi les grands noms de la BD américaine actuelle.
Royal City T3 : On flotte tous en bas de Jeff Lemire. Urban Comics, 2019. 120 pages. 14,50 euros.
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