C'est lundi, que lisez-vous? #270

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

ALBUMS

C'est lundi, que lisez-vous? #270

Ce que papa m'a dit. Texte d'Astrid DESBORDES et illustrations de Pauline MARTIN. Editions Albin Michel Jeunesse, 1er septembre 2016

Comme les autres albums de ces deux autrices ( Mon Amour; Ce que j'aime vraiment; Mon ami, Ma Maison; Un amour de petite soeur...) celui-ci est empli de douceur, de bienveillance et de tendresse pour répondre à de grandes questions (philosophiques, existentielles) de la Vie.

"Leur" petit garçon voit partir au loin des hirondelles et se demande, si une fois grand, il pourrait aller aussi loin qu'elles. Alors son papa de lui répondre à l'affirmative comme avec positivisme, à toutes les remarques et obstacles formulés par son fils. Le but, l'encourager, pour persévérer, pour aller au-delà, pour oser, pour découvrir, pour se confronter à soi et aux autres.

C'est délicat, c'est doux. Les dessins de Pauline Martin sont tout en rondeur, sans trop de couleurs, juste parfaits!

Une petite remarque seulement: c'est au Papa qu'il revient d'encourager, d'oser, quand avec la Maman, nous avions la douceur, l'amour, le côté cocon, rassurant. Même si cela n'enlève rien au fait que j'aime ces albums, je trouve cela un peu "cliché".

C'est lundi, que lisez-vous? #270

L'Oiseau-lyre. Texte de Nancy GUILBERT et illustrations de Valérie MICHEL. Editions Courtes et Longues, septembre 2019

Alih, le fils du Sultan, est admiré de tous. Un jour qu'il se promène dans la forêt, il entend un chant d'oiseau qui le subjugue. C'est celui d'un oiseau-lyre. Aussitôt, Alih veut le ramener au Palais avec lui, mais l'oiseau refuse. Il en va de sa vie. Ce que ne peut comprendre Alih.

Une nuit de tempête, l'oiseau-lyre est emporté jusque la chambre d'Alih qui le soigne. Mais l'aide se transforme vite en cage. Alih use de mots doux, de présents, d'arguments de sécurité, de menaces pour la justifier, mais ne voit pas que l'oiseau-lyre implore puis dépérit. Il ne veut l'oiseau et son chant que pour lui seul, au nom de l'amitié, au nom de l'aide qu'il pense lui apporter. Heureusement, quelqu'un entend et comprend la détresse de l'oiseau et le libère.

Liberté, harmonie, amitié et consentement sont au coeur de ce très bel album au charme oriental.

On ne peut s'approprier le don d'autrui, même au nom de l'amitié, de la beauté. La plus grande preuve d'amitié consiste (souvent) à laisser partir l'autre, à ne pas l'avoir près de soi. Mais Alih, habitué à avoir tout ce qu'il désire, ne peut l'entendre.

Il m'a renvoyée au conte d'Andersen Le Rossignol et l'Empereur, bien que différents.

C'est lundi, que lisez-vous? #270

Le sapin de Monsieur Jacobi. Robert BARRY. Editions Gallimard Jeunesse, octobre 2019 (réédition)

Noël approche et Monsieur Jacobi va enfin recevoir son sapin, son grand sapin qu'il compte mettre devant les fenêtres du salon. Qu'il a hâte. Mais le sapin est si haut sapin qu'il râcle malheureusement le plafond. Qu'à cela ne tienne, Monsieur Jacobi ne fait pas de manières et coupe le sommet qu'il donen à son majordome... Qui sait à qui l'offrir...

Mais voilà, la personne qui reçoit ce bout de sapin est, elle aussi, ennuyée par sa hauteur, et le sectionne donc aussi. Le bout restant trouve nouvel acquéreur mais lui aussi est confronté à sa hauteur, qui le coupe donc, et le sommet trouve un nouveau propriétaire qui ne fait pas de manières non plus lorsqu'il se révèle un peu trop haut... Et ainsi se passe de mains en pattes ce bout de sapin sans cesse raboté, mais qui fait tant d'heureux. Et finalement, n'est-ce pas là le plus important et l'esprit de Noël: le partage (même inconscient ou involontaire!).

Je ne connaissais pas cet album, bien qu'il semble s'agir d'un classique publié pour la première fois aux Etats-unis en 1963! Je profite donc de cette nouvelle (belle) réédition en grand format pour le découvrir et me régaler des mots en rimes et en humour comme des illustrations au charme désuet, au crayonné rehaussé de couleurs à l'ambiance hivernale.

ROMAN

C'est lundi, que lisez-vous? #270

Jour de courage. Brigitte GIRAUD. Editions Flammarion, 21 août 2019

Lycée, programme d'Histoire de Terminale, sur le nazisme, et notamment les autodafés. Livio, 17 ans, est particulièrement intéressé par le sujet et se décide à en faire un exposé.

Il en profite pour présenter à sa classe Magnus Hirschfeld. Un médecin allemand, juif, homosexuel du début XXe siècle, qui créa un institut de sexologie à Berlin (pour étudier la sexualité humaine sur des bases scientifiques - détruit en 1933 lors des autodafés), qui lutta pour les droits des homosexuels comme pour l'égalité hommes-femmes.

Pourquoi présenter cet homme, sa vie, ses combats?

Sous l'œil circonspect de sa professeure, l'œil interrogatif de son amie Camille avec qui il passe tout son temps mais à qui il n'a rien dit de cet exposé ni de ses recherches, et l'œil à la fois intéressé/désintéressé/poli/gêné de ses camarades, Livio lie l'histoire, le combat de Magnus à la sienne propre. Car parfois, parler d'un autre pour parler de soi semble être une bonne solution, la seule solution...

Dans sa narration, pleine de douceur, de métaphores, de poésie, Brigitte Giraud nous parle aussi de l'avant comme de l'après-exposé, de l'enfance de Livio, de sa famille, de ses racines italiennes, du couple silencieux et invisible de ses parents, de son amitié fusionnelle avec Camille, de son secret... mais aussi des conséquences. Car Livio est parti, a disparu deux jours après.

C'est un roman que j'ai beaucoup aimé. D'une part car l'on y apprend quantités de choses, historiques notamment, mais aussi parce qu'il m'a permis de découvrir la plume de Brigitte Giraud.

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

C'est lundi, que lisez-vous? #270

Secret de Polichinelle. Yonatan SAGIV. Editions de l'Antilope, 2019

J'adore la couverture, le titre est très tentant, le format parfait!
Pourtant, lorsque j'ai reçu ce #livre pour Le Grand Prix des Lectrices Elle 2020 , la quatrième de couverture ne m'a pas accrochée... C'est donc l'avant-dernier que je lis pour ma sélection (décembre).
Erreur!
Dès les premières pages, j'ai été happée par l'atmosphère très particulière de ce roman policier et son non moins particulier personnage principal, Oded Héfer.
35 ans, homosexuel, bedonnant, parlant de lui au féminin (on s'y fait très vite et cela apporte une touche cocasse), sarcastique et même cynique, Oded est quasi dans le sou et est menacé de devoir rentré au village natal, dans la maison parentale et comparé avec la réussite de ses frère et soeur qui n'habitent pas loin. C'est donc à corps perdu qu'il se lance dans une nouvelle activité : détective privé (est-ce son surnom de "La Fouine" au lycée qui l'aurait incité ?!).
Bref, diplômes et carte falsifiés, nous le découvrons alors qu'il s'apprête à connaître sa première affaire.

Mira Tamir vient le voir lui (et pas la police ou un détective renommé) car elle est persuadée que la mort de sa sœur Smadar (une femme cheffe d'entreprise à la poigne de fer) n'est en rien accidentelle...
Oded a cinq jours pour résoudre l'affaire (menace de son ami Ofer Ganor), pris entre ses souvenirs, la pression inhérente à la position de Smadar, ses mensonges... Il se retrouve à collaborer avec un ancien "camarade" de lycée devenu commissaire ce qui provoque de savoureux dialogues.
Ce roman, c'est une chouette découverte à tous points de vue.

La plume de l'auteur (premier roman), très sympathique, colorée et pleine d'humour, un personnage principal très original qui contrebalance les personnages stéréotypés cabossés de policiers ou sérieux de détectives privés (certes, ce n'est que la première enquête d'Oded - et malgré quelques cafouillages, il progresse plutôt bien!) la ville et la société de Tel-Aviv, une communauté pas toujours gay-friendly, mais bigarrée, cosmopolite, le monde de l'immobilier israélien et sa "mafia" inhérente, des référence musicales et littéraires (d'Israël ou non), culturelles (notamment ashkénazes).
Je suis conquise, rigole même de certains passages. Vraiment, j'adore!

3/ Que vais-je lire ensuite?

C'est lundi, que lisez-vous? #270

Un insaisissable paradis.Sandy ALLEN. Editions Belfond, 19 septembre 2019

Présentation de l'éditeur: C'est l'histoire vraie d'un garçon qui a grandi à berkeley californie pendant les années soixante et soixante-dix, incapable de s'identifier à la réalité et pour ça étiqueté schizophrène paranoïaque psychotique pendant le reste de sa vie ;
En 2009, Sandy Allen reçoit une grande enveloppe de papier kraft. À l'intérieur, l'autobiographie de son oncle Bob. Dans la famille, tout le monde le trouve étrange, certains diraient même fou, et c'est pourtant Sandy qu'il a choisie pour réécrire son histoire.
Et Sandy de plonger dans la vie d'un gamin fan de Jimi Hendrix, enfant des sixties, dont l'existence bascule un jour de 1970, alors qu'il est enfermé dans un hôpital psychiatrique, tenu à l'isolement, soumis à un cocktail narcotique de choc et déclaré schizophrène. À la manière de Maggie Nelson avec Les Argonautes, Sandy Allen bouscule les frontières de la biographie, de l'essai ou encore de la fiction, et nous entraîne dans l'histoire renversante d'un homme hors du commun. Étoffant son récit de croustillantes anecdotes familiales et d'une étude passionnante de la psychiatrie à travers les âges, Sandy Allen signe une œuvre audacieuse, sensible, intelligente, et donne enfin une voix à ceux qui vivent dans d'insaisissables paradis.

C'est lundi, que lisez-vous? #270

Oups, je n'ai pas encore fait ma photo...

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Pour finir, je vous mets les liens des articles publiés la semaine passée et je vous souhaite de belles lectures et découvertes pour celles à venir!

Blandine

C'est lundi, que lisez-vous? #270


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois