Je ne suis pas un gay de fiction

Je ne suis pas un gay de fiction

Il y a une différence entre un silence dû à un manque de matière, et un silence qui sert à repousser ce dont on veut parler.

⋅ Publié le 12 octobre 2019
⋅ Contemporain
Résumé

2/5PUBLIC AVERTI
TW : fantasmes pédophiles/incestueux, homophobie, suicide, harcèlement, agression sexuelle

Je ne suis pas un gay de fiction est un ouvrage qui ne me tentait pas plus que ça quand on m’a proposé de le recevoir, mais après discussions j’ai fini par être motivée à 200% pour lire cette petite histoire qui a bouleversé le Japon. Autant te dire que je l’ai commencé dès qu’il est arrivé…

Malheureusement ça ne l’a pas vraiment fait avec moi. Le fais qu’on parle de la représentation des gays dans les boys love (de la fiction centrée sur des relations entre hommes) m’a beaucoup intéressée mais ça s’arrête là puisque j’ai eu du mal avec le reste de l’histoire. L’intrigue est assez basique dans sa construction, mais surtout ce sont les thèmes abordés qui m’ont prise de court, notamment les fantasmes pédophiles et incestueux de l’homme que fréquente notre protagoniste. On apprend assez tôt dans le roman que ce père de famille de quarante ans a des relations sexuelles avec le personnage principal, Jun (qui a 16 ans) car il se sent attiré par son fils et relâche donc ses « pulsions » avec Jun, il l’explique en long en large et en travers et j’ai été plus que mal à l’aise vu la description précise faite de toutes ces envies. J’avais déjà du mal avec le langage cru des personnages et le fait que tout soit tout le temps ramené au sexe, autant te dire que mon pauvre cerveau ne s’attendait pas à ça. J’ai aussi eu du mal à digérer le fait qu’un des garçons du lycée agrippe régulièrement le paquet de Jun pour le malaxer (littéralement oui oui) malgré les demandes répétées du protagoniste pour qu’il arrête, vraiment je pense que ce n’était pas nécessaire comme scènes et elles m’ont rapidement braquée.
Aussi, le format du light novel m’a un peu surprise mais je pense que ça vient du fait que c’est mon tout premier. J’avais l’impression de lire un manga rédigé (aucun sens par ici c’est terrible) et c’était un peu perturbant mais ce sentiment s’est très vite estompé.

Pour le reste, je comprends que ce roman soit important. On nous parle de l’homophobie à l’école, des boys love avec une réflexion comme j’ai rarement vu, et surtout les questionnements du protagoniste sont poussés et très pertinent. Je me suis beaucoup identifiée à Jun, c’est un garçon qui essaie depuis des années de se fondre dans le moule, qui ne souhaite qu’être comme les autres et qui en vient à se haïr pour ce qu’il est. Il m’a énormément touchée puisqu’on a vécu des choses assez similaires, donc je n’ai eu aucune difficulté à m’identifier à lui et à ce qu’il traverse. Il m’a fait cogiter même après ma lecture, il m’a fait remettre en question certaines choses et surtout il m’a fait poser des questions sur moi-même et c’est ça que j’aime chez certains personnages : il vous perturbent jusqu’au bout et vous font revoir votre vision des choses.

Bref, un petit ouvrage à ne pas mettre entre toutes les mains !

Merci aux éditions Akata et à Guillaume pour l’envoi ! 


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois