La poupée (et autres nouvelles) • Daphné du Maurier

poupée autres nouvelles) Daphné Maurier La poupée (et autres nouvelles) • Daphné du Maurier

Éditions Albin Michel, 2013 (250 pages)

Ma note : 15/20

Quatrième de couverture ...

" L'idée me plaît, bien qu'elle soit assez extravagante et folle. " Dans ses carnets, Daphné du Maurier évoque ainsi l'une de ses premières nouvelles, La poupée. Publié dans une revue mais refusé par les éditeurs, le texte avait disparu jusqu'à ce qu'une librairie de Cornouailles, passionnée par la romancière anglaise, ne le retrouve avec d'autres récits de jeunesse, dont cinq totalement inédits.
Une extraordinaire découverte, car ces nouvelles, écrites alors que l'auteur avait à peine vingt ans, donnent les clefs de ses grands romans. Et quelles clefs ! Qu'elle mette en scène la perversité d'une jeune femme aux mœurs mystérieuses, campe le portrait d'un pasteur corrompu et mondain, radiographie le délitement d'un couple, ou s'attache à suivre les déambulations d'une prostituée londonienne, l'auteur de Rebecca manifeste, à travers un imaginaire très singulier, une curieuse attirance pour les obscures manifestations de l'inconscient...
Ces inquiétants récits révèlent une jeune femme très en avance sur son temps, critique de l'hypocrisie sociale, avec cette maîtrise du suspense et de la narration qui feront d'elle, en précurseur du thriller psychologique, l'inspiratrice d'Hitchcock et, tout simplement, une des plus brillantes romancières du XXe siècle.

Mon avis ...

Daphné du Maurier fait et fera toujours partie, avec Agatha Christie et les sœurs Brontë, de mes auteures préférées. Comme j'ai aimé lire Rebecca, L'auberge de la Jamaïque ou encore Ma cousine Rachel ! Et il m'en reste encore tant à découvrir. Les éditions Albin Michel nous proposent ici un recueil de nouvelles, publiées du vivant de Daphné du Maurier mais rédigées alors que la future grande romancière n'en était encore qu'à ses débuts. J'ai déjà lu plusieurs nouvelles de l'auteure avec le recueil Les oiseaux (lu en 2015). J'en garde d'ailleurs un bon souvenir.

Les nouvelles qui accompagnent ici La poupée ne sont pas parfaites, sont très inégales et paraissent parfois inabouties mais l'on sent déjà poindre tout le génie de Daphné du Maurier. Elles reflètent (pour la majorité d'entre elles) le caractère passionné de l'auteure. La violence du vent et de la mer ( Vent d'est). La personnalité questionnante et dérangeante d'une jolie joueuse de piano ( La poupée). J'ai adoré toute la complexité des sentiments humains qui est ici décrite. J'étais à chaque fois impatiente de découvrir comment chaque nouvelle allait se terminer.

J'ai cependant parfois été déçue. Le caractère un peu rapide de ces nouvelles au ton doux-amer peut clairement mener à une certaine frustration. On reste parfois sur notre faim. Ou l'on aurait préféré découvrir un final différent. J'ai adoré La poupée, mais si je peux amener une comparaison (en restant sur des nouvelles de l'auteure), je pense avoir préféré le recueil Les oiseaux.

Mais parlons de La poupée... Tout est fait pour humaniser cette poupée si déconcertante que l'on se demande s'il s'agit vraiment d'un objet inanimé (ce qui colle aussi avec la personnalité très particulière de la jeune fille, glaçante à souhait). J'ai aussi apprécié Notre Père qui décrit l'arrogance et toute l'ambivalence d'un prêtre qui ne semble pas tant que ça en empathie avec ses fidèles. La sangsue aura tout autant su capter mon attention. Cette nouvelle relate l'influence, et même le pouvoir, d'une petite fille (que l'on voit ensuite grandir) sur tout son entourage. Devenue adulte, notre héroïne se demande pourquoi elle est seule et si isolée.

En bref, j'ai passé un bon moment en compagnie de ce recueil même si je lui préfère Les oiseaux. Pour découvrir l'univers de Daphné du Maurier, je vous conseille plutôt de vous tourner vers ses romans, Rebecca en tête ! Ce recueil est peut-être à réserver aux lecteurs déjà assidus de l'auteure.

Extraits ...

(Week-end) " Ils avaient l'esprit vide et imbécile, dépourvu de pensées logiques. Parfois, elle lui jetait un regard de côté, et il lui vint à l'idée qu'elle adorait la façon dont ses cheveux poussaient sur sa nuque. Elle ne remarqua pas le coup de soleil qui lui barrait le front et qui devenait plus rouge à chaque kilomètre. Il entraperçut sous un béret une boucle sombre qui se tortillait vers le haut exactement comme il fallait, mais ne remarqua pas les plaques de poudre mal étalée sur son nez. Ils étaient amoureux. "


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