Le couteau. Jo NESBØ – 2019

Le couteau. Jo NESBØ – 2019

Le couteau

Jo NESBØ

Traduit du norvégien par Céline ROMAND-MONNIER

Editions Gallimard, Série Noire, 15 août 2019

608 pages

Thèmes : Policier, Norvège

Le couteau. Jo NESBØ – 2019

Grâce au Grand Prix des Lectrices Elle 2020, je découvre l'écriture de Jo Nesbø et son flic emblématique, Harry Hole, dont c'est (déjà) la douzième enquête.

Même si je n'ai pas lu ses précédentes, je n'ai pas été perdue dans son histoire qui nous est distillée par petites touches, ce qui peut, éventuellement, donner envie de découvrir les enquêtes qui l'ont mené jusque-là et leurs répercussions (nombreuses) dans sa vie.

Harry Hole est blond et très grand, défiguré par une cicatrice, a un majeur en titane et est grand amateur de musique rock,.

Il est inspecteur à la police criminelle d'Oslo et expert en criminologie (il a suivi un cours sur les tueurs en série à Boston pendant un an).

Brillant même si électron libre, et donc souvent en butte avec sa hiérarchie ou les règles, il est cynique, dépressif, alcoolique notoire (il carbure au whisky Jim Beam), et séparé d'avec sa femme, Rakel, le laissant exsangue (j'aime beaucoup les passages parlant des deux moitiés de son cœur) et au plus bas.

Et au travail, il est relégué à des affaires secondaires.

Voici donc un flic bien cabossé comme on les aime (mais un de plus quand même !).

Le couteau créait la vie tout autant qu'il la prenait. L'un n'allait pas sans l'autre. Et seuls les gens qui le comprenaient, qui savaient tirer les conséquences de leur appartenance au genre humain, pouvaient aimer cet objet. Craindre et aimer. Là encore, deux faces d'une même médaille.

Au début de ce polar, Harry se réveille chez lui, la main et le pantalon couverts du sang d'un autre. Mais de qui ?

De la nuit passée, il ne se souvient de rien, si ce n'est qu'il s'est bagarré avec le patron du Jealousy Bar, dont il était précédemment le propriétaire avec sa femme.

Mais pour son malheur, il apprend que cette dernière a été assassinée chez elle, dans sa cuisine, cette même nuit, au moyen d'un couteau.

Pour Harry il ne fait aucun doute que le meurtrier est Svein Finne, surnommé "Le Fiancé", violeur en série, emprisonné par ses soins et sorti de prison depuis peu.

Son mobile? La vengeance.

Ecarté de l'affaire (forcément) et mis sur la touche du fait de son addiction, Hole décide d'enquêter quand même, parfois de manière musclée, souvent de façon risquée, seul ou aidé de Kaja, une vieille amie et militaire de réserve, revenue d'Afghanistan ; d'Alexandra, laborantine et quelques fois amante ; ou encore de Bjørn Holm, policier scientifique en congé paternité.

Son instinct est-il le bon? Quelqu'un d'autre n'aurait-il pas intérêt à ce que Raquel disparaisse ? Ou bien est-ce pour lui faire du mal à lui?

Parce que dans un monde d'aveugles, je suis le borgne qui a le seul œil disponible.

Ce polar, de 600 pages tout de même, est long, très long à se mettre en place.

Jo Nesbø s'attache à nous retranscrire chaque détail de la psychologie de ses personnages, notamment d'Harry (et il y a beaucoup à dire!) qu'il malmène, de leur passé, de leurs choix et parcours et de ce qui les a menés jusque-là, là où ils sont et à ce qu'ils font.

Cela nous les rend proches (pas forcément sympathiques - d'ailleurs, une certaine distance est restée tout du long entre eux et moi) mais ce procédé freine aussi l'action.

Et ce n'est que vers le milieu du livre que les choses s'accélèrent, se décantent, que les révélations et rebondissements s'enchaînent, que les pistes se font et se défont et que l'on croit tenir le coupable.

Et j'ai été bien surprise lorsque son identité et son mobile se sont révélés.

Harry avait été heureux ; mais le bonheur, c'était comme l'héroïne, une fois qu'on y avait goûté, une fois qu'on en connaissait l'existence, on ne pouvait jamais accepter totalement la vie sans. Car le bonheur est autre chose que la satisfaction. Le bonheur n'est pas naturel. C'est un état d'urgence trépidant, ce sont des secondes, des minutes, des jours qu'on sait ne pas pouvoir durer ; et le manque ne survient pas après, mais pendant. Avec le bonheur vient en effet la douloureuse notion que rien ne sera plus jamais pareil, et ce qu'on a nous manque déjà, on redoute la privation, la douleur de la perte, on se maudit de savoir ce qu'on est capable de ressentir.

Au-delà de l'enquête et de son aspect très sombre (il paraît que c'est une composante des polars scandinaves), Jo Nesbø aborde des thèmes très intéressants, tels les relations police/justice/presse ; les moyens que peuvent employer les avocats pour leurs clients ; la présence de soldats norvégiens en Afghanistan et le SSPT (Syndrome de Stress Post Traumatique).

J'ai beaucoup aimé qu'il distille tout du long des références musicales, notamment de rock, mais pas seulement ( The Ramones ; Kanye West ; Hank Williams ; ...)

La fin est ouverte, comme je les aime !

Tellement d'ailleurs qu'il ne fait aucun doute qu'Harry Hole reviendra !

Pour conclure :

Malgré ses longueurs, ce polar tient ses promesses grâce à ses nombreux rebondissements et m'a permis de découvrir (un peu) la Norvège avec ses paysages et surtout son système judiciaire.

J'ai particulièrement apprécié les passages traitant de psychologie et du SSPT.

Il m'a permis de connaître l'écriture de Jo Nesbø. Mais il n'est pas dit que je m'y frotte à nouveau bientôt.

Et vous, connaissez-vous Harry Hole ?


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois