Virginie Despentes : Bye Bye Blondie

virginie despentesVirginie Despentes (pseudonyme pour Virginie Daget), née en 1969 à Nancy, est une écrivaine et réalisatrice française. Elle est également, à l'occasion, traductrice et parolière. A quinze ans, elle est internée en hôpital psychiatrique, à dix-sept ans en faisant du stop, elle est victime d'un viol. Au même âge, après avoir passé son baccalauréat en candidate libre, elle quitte Nancy et s'installe à Lyon où elle multiplie les petits boulots : Femme de ménage, prostituée dans des salons de massage et des Peep-shows, vendeuse chez un disquaire, puis pigiste pour journaux rocks et critique de films pornographiques. Virginie Despentes est « devenue lesbienne à 35 ans », selon ses propres termes. Bye Bye Blondie date de 2004 et l'adaptation (très remaniée) de ce roman au cinéma par Virginie Despentes est sortie en salle en 2012.

Gloria, quinze ans, aime le rock, le sexe, la bière et la dope, zone dans les bars de Nancy à rendre dingues ses parents, mais c’est elle qui sera internée quatre mois en hôpital psychiatrique pour accès de violence. Là, elle rencontre Eric, un gamin de son âge mais issu de la haute bourgeoisie locale. La grande gueule de Gloria et ses colères pour des riens l’amusent. Libérés, puis fugueurs, ils vivront un temps une sorte d’amour avant que la vie ne les sépare. Vingt ans plus tard, si Gloria n’est qu’une épave, Eric est devenu un présentateur télé très connu. De passage à Nancy pour une émission, le destin fait se croiser leurs chemins, sous les yeux goguenards d’un Cupidon à crête de huron…

Cupidon, car sous la forme destroy du roman se cache (pas tant que ça, d’ailleurs) un roman d’amour, qu’on pourrait presque qualifier de banal. Banal mais dans le genre agité !

J’ai bien aimé le roman même s’il ne me semble pas d’un haut niveau. Le rythme est enlevé – mais dans un contexte punk c’est la moindre des choses me direz-vous – et il est court, sans fioritures. Je ne pense pas me tromper en disant que Virginie Despentes a écrit une fiction en y mettant beaucoup de son vécu : Nancy, Lyon, HP, musique rock, etc. se retrouvent dans sa bio comme dans son roman. L’avantage c’est que tout sonne juste et vrai dans son bouquin.

Ce qui m’a le plus épaté/surpris là-dedans, c’est le personnage de Gloria (qu’Eric appelle Blondie) : une fille absolument infréquentable, qui ne fait absolument rien pour se sortir de sa misère (« On ne sait pas pourquoi on te plaindrait vu que jamais tu n’essaies d’en sortir… »), pire, elle s’y complait, passant ses journées à stigmatiser les « bourgeois » et leur mode de vie. Une grande gueule toujours prête à tout casser autour d’elle pour le simple plaisir de la baston. Elle n’aime pas la société, elle n’aime pas les gens, elle ne s’aime pas, elle n’aime quasiment rien. Or, bien que ce type de personne m’exaspère au plus haut point, Virginie Despentes place tant d’amour dans son personnage (un alias bricolé pour son affaire ?) que le lecteur, moi en l’occurrence, ne peut se détacher d’elle et l’abandonner en cours de route.

Certes j’ai eu du mal à gober la reconnexion entre Eric et Gloria, vingt ans après et au vu de leur conditions sociales respectives, mais basta ! Ils étaient et sont encore, deux solitudes qui se reconnaissent et ne peuvent que s’attacher comme le feraient deux aimants. Il y aura des cris et des hurlements, des coups, on frôlera la mort mais in fine, comme dans les classiques romans « fleur bleue », l’amour vaincra. Du moins à l’instant où le livre s’achève.  

Virginie Despentes ne délivre pas de message dans ses romans, elle se contente de peindre certaines franges de notre société. L’effet loupe est réussi mais il est aussi particulièrement crispant à lire. Gloria et ses potes de bistrots sont fortiches pour gueuler contre la société et les « riches » mais à part biberonner leurs Kro ils ne font rien de constructif, s’opposant même à cette simple idée…


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois