Monsieur – E.L. James

Monsieur – E.L. James


Monsieur
E.L. James
Édition JC Lattès,
2019
Traduit par Denyse
Beaulieu / Dominique
 Defert / Carole
 Delporte
469 pages

Genre : Romance
Résumé :

LONDRES, 2019. Le séduisant Maxim Trevelyan a toujours mené une vie facile. Riche aristocrate, il n’a jamais travaillé et a rarement dormi seul. Et lorsque la tragédie frappe, son existence est bouleversée. Maxim hérite du titre, de la fortune et des domaines familiaux, avec toutes les responsabilités que cela implique. Un rôle auquel il n’est pas préparé.
Mais son plus grand défi est de lutter contre son irrépressible attirance pour une jeune femme au passé trouble, dénuée de tout, qui vient d’arriver en Angleterre. Fasciné par cette mystérieuse musicienne, aussi discrète que belle, Maxim voit son désir se transformer en amour ; un sentiment qui lui est encore inconnu.
Qui est vraiment Alessia Demachi ? Maxim peut-il la protéger du péril qui la menace ? Et comment réagira-t-elle, lorsqu’elle découvrira que lui aussi cache des secrets ?
Du cœur de Londres aux Cornouailles sauvages en passant par la beauté austère des Balkans, Monsieur est un thriller érotique qui tiendra le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.

Mon avis :

Bon, après cette immense purge de « Cinquante nuances de Grey » dont j’ai parlé en long, en large et en travers, je n’avais vraiment, vraiment, vraiment pas envie d’approcher un autre titre de E.L. James mais une lecture commune a été organisée sur « Monsieur » et vu que je n’ai aucun principe… !

Maxim Trevelyan est un jeune noble de 28 piges qui hérite d’un titre de comte, et des terres qui vont avec, suite à la mort brutale de son frère Kit.
Partageant ses journées entre coucheries, drogues et sorties, il trouve encore le temps de se plaindre de sa vie compliquée, et ses jérémiades ne s’améliorent pas quand il rencontre Alessia, la jeune et jolie albanaise qui est sa femme de ménage depuis peu.
Décrit comme un « thriller érotique » (mon conseil à celui ou celle qui a rédigé la quatrième de couverture : arrête la picole !), « Monsieur » est en fait un jeu du chat et de la souris particulièrement assommant.

Ne vous attendez pas à ce que je relève des points positifs car il n’y en a tout simplement pas et je crois que ne m’avance pas trop si je dis que cette lecture sera la pire de 2019 pour moi (un peu comme les trois tomes de Cinquante nuances qui avaient été mes pires lectures de 2015, 2017 et 2018) (bravo à E.L. James d’être aussi régulière dans la médiocrité !).
« Monsieur » est une horreur, une mauvaise fanfiction écrit par une adolescente de 12 ans titillée par ses hormones serait d’une qualité égale à ce truc, en plus d’être plus rapide à finir et de ne pas gâcher du papier juste pour publier un tissu de conneries.

L’histoire est mauvaise au possible, elle accumule les clichés et les incohérences, je ne vois pas l’intérêt de mettre en scène un noble riche qui mène une vie dissolue mais se range dès qu’il croise le regard de la pauvre roturière, perdue et vierge (oui encore une vierge, E.L. James fait une fixette il faut croire), mais où forcément l’un.e pense que l’autre est trop bien pour lui/elle et réciproquement et où des obstacles se mettre sur leur route mais où tout se résout facilement parce que : pouvoir de l’amour, ma gueule !
C’est juste une idée pourrie, ce n’est même pas une idée, c’est juste une repompe d’un milliard d’histoires déjà racontées, on sait comment tout va se dérouler et se finir dès la lecture du résumé et absolument rien n’est surprenant ou recherché.

A partir de là je vous préviens que je vais spoiler comme une truie (besoin de me défouler, tout ça tout ça) donc si vous voulez lire le bouquin (ne faites pas ça, vous méritez mieux) arrêtez la lecture de cette chronique, mais si vous voulez me voir maraver le livre en détails vous pouvez continuer !

Donc, « Monsieur » est tout simplement une histoire bateau où les deux personnages tombent amoureux on ne sait pas trop comment (probablement parce qu’elle a vu son cul tout nu pendant qu’il dormait et que lui a aperçu sa petite culotte rose pendant qu’elle faisait le ménage, parce qu’après tout dans le monde pas très merveilleux de E.L. James ça doit suffire pour provoquer le grand amour) (chez moi on appelle juste ça « l’envie de baiser » mais bon, je ne suis qu’une rustre !) MAIS ils ne sont pas foutus de se l’avouer (ni à eux-mêmes, ni l’un à l’autre) et se comportent comme des idiots l’un avec l’autre (avec option scènes gênantes voire glauques par moment) et puis un aristocrate avec une bonniche ça fait mauvais genre selon Maxim et son entourage de gros snobs, MAIS l’envie de niq… pardon l’amour étant plus fort que tout ils finissent par craquer, MAIS Alessia a dû quitter son Albanie natale et s’est retrouvée captive de trafiquants d’êtres humains qui sont toujours à ses trousses, MAIS Maxou est riche alors il peut la protéger, MAIS les gros méchants les trouvent, MAIS Max est armé et réussit à les coincer, MAIS Alessia est une clandestine en Angleterre MAIS Maxou songe à l’épouser pour régulariser la situation, MAIS on apprend qu’Alessia a un fiancé et qu’il n’est pas sympa, tout chafouin et qu’il va venir la chercher pour la ramener en Albanie et l’épouser de force, MAIS SuperMaxou va tout faire pour l’en empêcher, MAIS va-t-il y arriver ? QUE. DE. SUSPENSE.
(Je suis sure que vous avez envie de me mettre un taquet pour ma brochette de « mais » mais sachez que j’ai vraiment essayé de retranscrire le déroulement de l’histoire avec ses cliffhangers pétés qui sont assenés comme s’ils étaient incroyables !) (Et vous avez de la chance que cette chronique ne soit pas une vidéo parce que j’aurais pu ajouter des bruitages pour accentuer le suspense nul !)

Bref, en fait je ne sais pas si E.L. James manque cruellement d’imagination ou si elle nous prend pour des dindons (à mon avis les deux solutions sont bonnes) mais tous les pseudos retournements de situation (dignes d’un soap-opéra) du livre se font sentir des plombes avant qu’ils n’arrivent, et si je ne savais pas que l’histoire était à prendre au premier degré je penserais être face à une parodie.
Qui plus est le bouquin est interminable, si c’était bien écrit cela pourrait servir à faire monter la tension mais avec le style à chier c’est juste horriblement long, d’autant que c’est rallongé de manière complètement stupide car si le livre est aussi long c’est uniquement parce que les personnages sont des girouettes incapables de communiquer, que ce soit le statut social de l’un, le passé de l’une, leur attirance mutuelle… tout est prétexte à attendre des dizaine de pages avant que Maxim et Alessia se décident à parler et forcément quand l’un commence à s’expliquer quelqu’un ou quelque chose l’interrompt et on est reparti pour poireauter encore avec moult quiproquos, c’est insupportable.

En plus le parcours d’Alessia n’a aucune cohérence, elle est sur le point d’épouser un albanais qui est un sale con violent, sa mère donc lui dit qu’elle ne peut pas « finir dans la même situation qu’elle » et plutôt que de se barrer du pays avec sa fille elle la confie aux premiers clampins venus qui sont donc des trafiquants d’êtres humains, Alessia réussit à s’enfuir, passe plusieurs jours à marcher et, on ne sait comment, réussit à rejoindre Magda l’amie de sa mère (comment Alessia a-t-elle réussi à se repérer et à trouver son chemin dans un pays qu’elle ne connait pas ? Ta gueule, c’est magique !), elle a donc disparu pendant plusieurs jours, est dans un état lamentable mais Magda n’est absolument pas surprise de la voir, rien de surprenant ça lui arrive tous les mardis, évidemment Magda a un fils, il a 15 ans, il craque pour Alessia et il se comporte déjà comme un mec glauque (on est chez E.L. James, les hommes « normaux » n’existent pas voyons), Magda emmène Alessia chez Maxim et lui laisse sa place de femme de ménage, Alessia craque pour Max dès qu’elle le voit pour aucune raison étant donné qu’il passe toujours en coup de vent (et que c’est un porc) et après elle prend toutes les mauvaises décisions possibles parce que c’est pratique pour le scénario et elle ne fait preuve d’aucun discernement, d’aucune méfiance alors qu’elle vient tout de même d’échapper à des trafiquants d’humains et j’ajouterai qu’elle n’a aucun gros traumatisme par rapport à ça, mais bon qui a besoin d’aide médical quand il y a le pouvoir de l’amour après tout ?!
Et pour rester sur le manque de jugeote, une fois que l’albanais remet la main sur elle, elle a plusieurs fois l’occasion de se barrer ou de le tuer (il est violent, l’a enlevée, l’a agressée sexuellement plusieurs fois, au bout d’un moment il y a des circonstances atténuantes !) mais est-ce qu’elle essaie ? Eh non, elle préfère se lamenter sur le fait qu’elle ne verra plus Maxim. Sa vie ? Sa liberté ? Tsss on s’en fout, le cul de Maxou est plus important !

Quant à Maxim ce n’est pas mieux, lui aussi est une grosse brêle, au début du roman il couche avec son ex-belle-sœur (trois jours après l’enterrement de Kit), culpabilise mais une page après il se dit « oh puis je me fous de Kit, je couche avec qui je veux » puis re-culpabilise un chapitre après, avant de traiter Kit de tous les noms et ensuite de chouiner de nouveau, parce que son cerveau et sa bite ont décidé de ne pas être d’accord. Et c’est pareil pour tout, notamment pour Alessia, elle a beau lui dire vingt-cinq fois qu’elle veut être avec lui il se demande sans arrêt si elle l’aime mais par contre il se transforme en véritable Sherlock Holmes lorsque Alessia lui laisse un mot d’adieu (après avoir réussi à convaincre l’albanais qu’elle devait dire au revoir à Maxim, vu que c’est son patron à la base) qui ressemble à un «Maxim je t’emmerde et je rentre à ma maison » et qu’il comprend qu’elle a été enlevée (alors que rien ne le laisse deviner), bref ce personnage n’a aucun sens !
Si Christian Grey était un psychopathe harceleur et glauque alors Maxim Trevelyan est un névrosé niais qui ne sait pas ce qu’il veut.

Pour rester sur le thème de l’incohérence, le niveau d’anglais (ou de français en l’occurrence vu que j’ai lu la traduction) d’Alessia est variable et j’ai l’impression que c’est seulement avec Maxim que son vocabulaire déconne (pour coller au cliché du mec qui apprend tout à sa nana parce que ce n’est qu’une pauvre ignorante étrangère ? Meuuuh non je suis sure que ce n’est pas fait exprès… Ce n’est pas le genre enfin… E.L. James est plus subtile que ça… A peu près autant que moi avec ce gros sarcasme !)

Je ne l’ai pas évoqué jusqu’à maintenant mais Alessia a également une particularité, elle est synesthète (la synesthésie est un phénomène plutôt complexe à comprendre –et encore plus à expliquer- mais très grossièrement disons qu’entre autres les lettres et les sons peuvent être associés dans l’esprit de la personne à des couleurs ou à des odeurs par exemple), personnellement je ne connaissais pas du tout la synesthésie jusqu’à il y a quelques semaines quand une copine m’en a parlé, elle-même est synesthète et a lu le bouquin, et comme je m’en doutais : E.L. James a écrit de grosses conneries, ma théorie étant qu’elle voulait coller une faculté particulière à Alessia pour la rendre exceptionnelle et comme d’habitude elle n’a fait aucune recherche sur le sujet et a tout tourné à sa sauce, du coup c’est n’importe quoi !

En dehors de cette vaine tentative de donner un peu de substance à son héroïne, E.L. James propose encore une fois des personnages qui sont des coquilles vides, on dirait des sims en fait, ils n’ont que cinq traits de caractère chacun (elle est virtuose au piano, naïve, douce et romantique qui rougit pour un rien tandis que lui est un quetard arrogant, névrosé et fêtard en conflit avec sa mère) et c’est tout mais bon je suppose que 450 pages c’est trop juste pour développer un minimum les personnages (promis ce sera mon dernier sarcasme).

L’aspect « thriller » est donc à côté de la plaque mais qu’en est-il du côté érotique ? (Voyez c’est là que je regrette d’être à l’écrit, en vidéo j’aurais soupiré et ça aurait été suffisamment parlant !)
Les scènes de sexe ne sont pas folles du tout, tout est toujours autant mécanique et pas excitant (donc pour la sensualité on repassera) et évidemment on n’échappe pas au fameux « je suis vierge mais j’ai trois orgasmes dès mon premier rapport et je suis une déesse du cul de façon innée » et puis surtout « j’ai couché donc je suis différente », au moins cette fois E.L. James ne fait pas passer une pratique pour une déviance à cause de ses préjugés, c’est toujours ça de gagné par rapport à « Cinquante nuances » mais globalement ça reste merdique !

Évidemment la plume est également une catastrophe, E.L. James ne s’améliore pas, loin de là, les dialogues sont répétitifs au possible, vulgaire (quel intérêt de faire dire des jurons à Maxim toutes les trois phrases ?), les descriptions s’attardent sur des choses dont on se fout et sont brouillonnes au possible sur les scènes « importantes », il n’y a aucune ambiance, et tout est forcé.

Bref, croyez-moi, quand j’écris une chronique négative je pèse mes mots (du moins j’essaie) mais avec E.L. James je ne peux tout simplement pas, « Cinquante nuances » propage des idées puantes tandis que « Monsieur » est un véritable foutage de gueule, ce truc a été publié dans le seul but de faire de la thune parce que si un auteur inconnu avait proposé un manuscrit pareil à une maison d’édition on l’aurait envoyé péter et ça aurait été justifié !
C’est mauvais du début à la fin et sur tous les plans, si on est juste lecteur c’est une perte sèche de temps et si on est auteur c’est à lire parce que cela réunit tout ce qu’il ne faut PAS faire pour écrire un bon livre.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois