The Walking Dead #193

C'est par un tweet inattendu ce lundi 1er juillet que Robert Kirkman a annoncé que le numéro 193 de The Walking Dead, publié le surlendemain, allait marquer l'arrêt de la série de comics la plus vendue au monde actuellement. Au-delà du remue-ménage sur la toile, revenons sur une démarche inédite et audacieuse.

Depuis deux numéros, dont je me faisais l'écho ici et , de grands bouleversements ont eu lieu dans la série. De taille à modifier sensiblement la dynamique des personnages, et à faire s'interroger la sphère des aficionados sur le passage d'un éventuel "saut de requin" après lequel The Walking Dead n'aurait plus jamais retrouvé son niveau de qualité habituel. Il faut dire qu'entre les précédentes déclarations de l'auteur qui voulait atteindre et dépasser le numéro 300, le courrier des lecteurs du numéro 192 dans lequel il lance des pistes sur l'avenir de la série, et surtout la publication des couvertures de numéros 194 et 195 qui n'existeront finalement jamais, Robert Kirkman avait pensé à tout pour nous tromper.

The Walking Dead #193

Et pourtant, dès l'annonce, la remise en perspective des numéros 191 et 192 me semble une évidence. Sans le réaliser, j'avais lu la fin de la série. Évidemment, le discours de Rick fait écho au célèbre discours du numéro 24 : "We are the Walking Dead". Mais en plus de cela, cette déclaration bouclait la boucle. Robert Kirkman avait fini de raconter son histoire. Il ne lui restait plus qu'à finaliser le dernier acte. Et nous, simples lecteurs, nous n'en sommes pas doutés une seule seconde.

Alors, pourquoi l'avoir caché jusqu'au dernier moment ? Pour nous surprendre une dernière fois. Comme a su le faire si souvent ce comic qui aura décidément été hors-norme. Kirkman explique très bien ses intentions dans une lettre d'adieu émouvante à la fin du numéro 193. Et même si je ne suis pas convaincu de l'intérêt de la démarche, cela n'empêche nullement d'apprécier cette conclusion.

Saluons encore une fois au passage le travail de Charlie Adlard, dont le travail tout en clair/obscur force le respect, que ce soit dans la découverte de certains paysages, ou dans les expressions de visages. Et tout cela sans interruption depuis 187 numéros. Rien que pour sa régularité, son travail force le respect.

Pour ceux qui ne veulent rien savoir du contenu de cet épisode, sachez que ces 71 pages forment un superbe épilogue, dont la force et l'émotion ne sont pas sans rappeler celui de Y The Last Man, autre grande série post-apocalyptique à la qualité constante. Maintenant, je m'apprête à dévoiler des éléments de l'intrigue, donc si vous ne souhaitez rien savoir, je vous invite à sauter à la conclusion et ne surtout pas cliquer sur le lien ci-dessous.

En effectuant une fois encore un saut dans le temps, le scénariste nous offre un véritable épilogue. En accompagnant un Carl devenu adulte, le lecteur retrouve à la fois un bout de l'adolescent laissé en larmes à la fin du #192 et un homme au caractère aussi droit que son défunt père. Un fait divers va être l'occasion pour Carl de recroiser les personnages les plus emblématiques de la série et de confronter les valeurs inculqués par son père à celles de la nouvelle société. A travers cet affrontement idéologique entre les personnes ayant vécu "Les épreuves", nom donné à l'invasion zombie par la génération qui n'a connu qu'une civilisation maintenant reconstruite, et les dernières personnes à avoir affronté l'enfer, Robert Kirkman délivre une dernière fois et de manière claire sa vision de ce que devrait être une communauté, offrant au passage une réflexion sur notre société de consommation. Il termine son récit sur une superbe séquence de partage familial, qui devra émouvoir les lecteurs qui ne se sont pas encore remis de la disparition de Rick Grimes.

The Walking Dead #193


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois