Impasse Verlaine - Dalie Farah

Impasse Verlaine - Dalie Farah

Présentation
" Sur le bateau, dans les yeux épuisés de ma mère, je vois les bottes françaises, les tirailleurs français, les soldats de la pacification ; dans ceux de mon père silencieux, la traîtrise d'avoir manqué à son pays pour survivre en France. Ils sont vivants et veulent être heureux là-bas, là-bas d'où venaient ceux qui les ont mis à genoux au pied des Aurès. "
Dans ses montagnes berbères, Vendredi, l'effrontée, cabriole parmi les chèvres pour faire rire son père adoré et subit à la maison l'œil redoutable et la main leste de sa mère. Jusqu'au jour où on la marie à un homme qui lui répugne et l'emmène vivre de l'autre côté de la Méditerranée. A seize ans, désespérée d'être enceinte, elle accouche d'une petite fille à qui elle portera un amour étonné et brutal.
Impasse Verlaine, en Auvergne, la fille de Vendredi remplit les dossiers administratifs pour la famille et les voisins, fait des ménages avec sa mère, arrive parfois en classe marquée des coups reçus chez elle. En douce, elle lit Dostoïevski et gagne des concours d'écriture, aime un Philippe qui ne la regarde pas et l'école qui pourtant ne veut pas voir la violence éprouvée.
C'est l'histoire de deux enfances cruelles et joyeuses, l'histoire d'une mère et de sa fille liées par un amour paradoxal. Un récit unique et universel où l'humour côtoie la poésie dans un élan d'une vitalité impérieuse et magnifique.

Avis
L'histoire d'une fille-mère pour ce premier roman époustouflant de sincérité et d'amour. Djemaa, Vendredi, est la petite dernière d'une grande famille berbère d'Algérie, enfant pleine d'énergie qui adore son père mais est souvent réprimandée par sa mère. Après la mort de ce père tant aimé, tué par torture devant ses yeux, sa vie va radicalement changée, finie l'insouciance la mère de Vendredi va élever la violence au rend d'éducation et tout faire pour la marier rapidement. Et ce mariage la mènera en France où une nouvelle vie va s'offrir à elle non sans son lot de souffrance et d'incompréhension.

Vendredi, jeune femme très belle, va attirer à elle tous les regards de ce petit village auvergnat. trois enfants vont d'abord naître dans cette belle maison de Ponteix avant de déménager dans ces nouveaux logements communautaires très en vogue à cette époque et où un quatrième enfant fera son apparition.

Une histoire de fille devenue mère très jeune, et d'une petite fille qui souffre auprès d'une mère qui ne souhaite que pouvoir grandir sans autre responsabilité que de vivre pour elle-même. On a une enfance un peu malmenée auprès d'une mère pas tout à fait stable qui pourtant aime ses enfants, d'une fratrie à laquelle la narratrice ne s'identifie guère et une petite sœur, source de renouveau. Des mots sur l'espoir venu des livres et de l'école, des moments douloureux auprès d'une mère qui ne sait pas montrer son amour et qui vit pourtant pour eux, sa chair et son sang.
C'est l'histoire d'un déracinement, de l'exil et du désir d'échapper à sa condition, d'une recherche de liberté et d'amour.

Ce roman m'a beaucoup touché au point de ne pas arriver à libérer mon impression et la transformer en mots, moi qui aime à développer mon ressenti je me retrouve sans mots. C'est à n'en pas douter mon coup de cœur, tous ces instants d'une enfance qui s'enchaîne pour tenter de recomposer une mère, de la comprendre sans jamais la juger, de l'aimer telle qu'elle se donne. Ce qui a été le plus douloureux (et peut être parce que je suis une maman qui redoute que ça n'arrive un jour) a été de lire les sentiments d'une enfant qui attend indéfiniment un geste d'amour de sa mère.

Magnifique premier roman qui loin de ce que l'on pourrait croire ne verse pas dans la patho mais se concentre sur des faits et l'analyse d'une personnalité bouleversée.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois