Tout pour un bisou

Tout pour un bisou

Raowl – Livre premier: La Belle et l’Affreux (Tebo – Editions Dupuis)

Raowl est une sorte de version trash de Benoît Brisefer. Tout comme le petit garçon créé par Peyo, il perd ses pouvoirs magiques dès qu’il prend froid. En temps normal, Raowl se définit lui-même comme un « sauveur de princesses et exterminateur de dragons qui puent ». C’est un malabar avec des gros muscles qui n’hésite jamais à se jeter dans la gueule du loup pour voler au secours d’une princesse en danger! Mais dès qu’il éternue, il se transforme en Herbert, un prince charmant pas si charmant que ça, avec un physique de gringalet et un caractère plutôt désagréable. Autant dire qu’il préfère largement être Raowl plutôt qu’Herbert! La principale obsession de Raowl est de libérer des princesses dans l’espoir que celles-ci lui donnent un bisou pour le remercier. Le hic, c’est que ces jeunes demoiselles ne l’entendent pas toujours de cette oreille. Il a beau trancher des têtes, découper des monstres et décimer des armées à lui tout seul, cela ne suffit pas toujours pour convaincre les princesses de lui donner un baiser. Il faut dire que ces dernières ont une fâcheuse tendance à se montrer exigeantes. Lorsqu’il sauve une première princesse, elle lui fait comprendre qu’elle préfèrerait encore embrasser une éponge avec du gras que de poser ses lèvres sur Raowl. Il est vrai que celui-ci ne correspond pas vraiment au prince charmant qu’elle avait commandé, à savoir un prince blond avec des muscles et pas trop de moustache… Dépité, il se met alors en quête d’une seconde princesse à sauver. Ca tombe bien: il ne tarde pas à entendre un cri d’effroi dans la forêt. Il vient de Belle, une jeune fille sur le point de se faire dévorer par un ogre affamé.

Tout pour un bisou

La Belle et la Bête version Tebo, ça déménage! Dans « Raowl », le dessinateur de « Captain Biceps » s’amuse comme un petit fou à détourner les codes des contes de fées. On peut même dire qu’il donne un fameux coup de jeune au genre, en ridiculisant les princes charmants et en dotant ses princesses de sacrés caractères. Il soigne également ses personnages secondaires: ses elfes, dragons, cannibales et zombies ont pour point commun d’avoir des tronches aussi expressives qu’irrésistibles. Comme toujours chez Tebo, ça part littéralement dans tous les sens, que ce soit au niveau des graphismes, des dialogues ou de l’histoire en elle-même. A l’image de ce qu’il avait déjà réussi avec brio dans « La Jeunesse de Mickey », Tebo laisse libre cours à son imagination débridée, en alternant des scènes truculentes pleines de bons mots avec des magnifiques illustrations sur des doubles pages, dans lesquelles il donne la pleine mesure de son talent graphique. On aime ou on n’aime pas le dessin et l’humour un peu gras de Tebo, mais il faut reconnaître que l’auteur français met tout son coeur dans ses BD. C’est ce qui fait de « Raowl », dont le premier tome vient de paraître dans un bien bel album chez Dupuis avoir été prépublié dans le journal de Spirou, une nouvelle série qui se révèle à la fois drôle, tendre et efficace. Tebo mérite donc bel et bien un bisou, car « La Belle et l’Affreux » plaira inévitablement aux amateurs d’humour irrévérencieux.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois