Une aventure de Blake et Mortimer – Le Dernier Pharaon

Chronique « BLAKE ET MORTIMER – Le Dernier Pharaon »

Scénario de JACO VAN DORMAEL, THOMAS GUNZIG ET FRANÇOIS SCHUITEN,
Dessin de FRANÇOIS SCHUITEN

Genre : Aventure

Public conseillé : tout public
Paru le 29 mai 2019, aux éditions “Dargaud”,
92 pages couleur, 17,95 euros

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Ça commence comme ça…

Pyramide de Kéops, Le Caire. Blake et Mortimer sortent de l’inconscience dans la chambre du roi… Ils ne se rappellent pas comment ils sont arrivés là.
Bruxelles, Palais de Justice, des années plus tard, les deux hommes ont vieillis.
20H30, le professeur Mortimer va rejoindre Henri dans la salle des pas perdus. Ce dernier le mène au fond d’un couloir obscur devant un mur couvert de hiéroglyphes. Pendant les travaux de rénovation, Henri a découvert derrière une salle inconnue, le bureau de Poelaerts, l’architecte du Palais. Derrière des dossiers, Henri a mis au jour un mur égyptien qui évoque un passage. A l’aide d’une masse, il fracasse le mur. Dans l’embrasure qui dégueule une lumière aveuglante, Henri s’enfonce..
A peine a t il disparu que le mur s’effondre libérant dans tout Bruxelles des flots d’une étrange lumière…

Le contexte « Blake et Mortimer »

Après les 12 albums créé par Edgard P. Jacobs, sa série Blake et Mortimer a été relancé avec d’autres auteurs. BoB de Moor, Ted Benoit, puis des duo comme Yves Sentes/André Juillard et Jean Van Hamme/René Sterne se sont vu confié les rênes dans la veine de Jacobs. Strict respect du style graphique (une ligne claire un peu rigide), des phylactères très présents et des aventures aux accents fantastiques, chaque scénariste apportait sa patte, tout en respectant au mieux les codes. Le résultat plaisait aux amateurs du genre, tandis que d’autres lecteurs trouvaient cela un peu “désuet”.
Pour Le dernier Pharaon, le scénario est le “produit” de trois hommes. Jaco Van Dormael, metteur en scène et réalisateur (“Toto le héros”), grand amateur du travail de Jacobs s’est associé à François Schuiten (célèbre dessinateur de la série “Les Cités obscures”) et à Thomas Gunzig, metteur en scène et romancier. Pour la première fois, les codes graphiques originels ont été mis de côté au profit du dessin réaliste et personnel de François Schuiten. Enfin, la couleur a été confiée à l’affichiste Laurent Durieux.
Inventée d’après une note d’intention de Jacobs, “Le dernier Pharaon” est un “Blake et Mortimer” différent, personnel, réinventé, qui fait le lien entre les oeuvres de Jacobs et de François Schuiten.

Ce que j’en pense

Pour cette nouvelle aventure, les trois co-scénaristes nous entraînent dans une époque quasi contemporaine de la nôtre (il y a des fax et des ordinateurs). Évidemment, le professeur Mortimer et le capitaine Blake ont bien vieillis. D’ailleurs, pour le professeur, le temps de la retraite. Pourtant, il va se lancer dans une nouvelle aventure dont il sera le témoin et le témoin privilégié. Son ami Henri a découvert au fond d’une pièce murée du Palais de Justice de Bruxelles (la salle de travail de l’architecte du monument) une salle secrète, qui laisse échapper un flot d’ondes lumineuses étranges. Leur particularité ? Elles bloquent toute forme d’électricité et donc les appareils électroniques. Malgré une tentative de limitation de son expansion et la mise en confinement d’une partie de Bruxelles, le danger impose au professeur une plongée dans la zone sinistrée…

Cet album est un véritable pont entre les univers de Jacobs et de son admirateur Schuiten. Le scénario impose les thèmes chers à François, comme l’architecture témoin des sociétés et la peur de l’extinction humaine. Ce sont des thèmes contemporains (la fin du monde numérique traitée par Enki Bilal dans « Bug ») mise-en-scène en grand spectacle fantastique cher à Jacobs.

Le trio d’auteurs nous immerge dans ce Bruxelles “post-apocalyptique”, un bâtiment iconique (le Palais de Justice) fantasmé et même les traces d’une ancienne civilisation égyptienne en pleine capitale belge. Ne cherchez pas la cohérence ou la logique, il n y en a pas, excepté celle de vous faire voyager dans l’imaginaire et l’aventure.

Au dessin, François Schuiten nous offre un dessin en « mutation ». Réaliste, mais aussi à la recherche d un trait plus directe et expressif, il n’en oublie pas la richesse des détails pour nous immerger complètement dans l’ambiance. La mise en couleur particulière et moins réaliste participe à ce parti-paris.

Alors, envie de grande aventure en Bd ? Tenter le grand pont entre la bd classique de “Blake et Mortimer” et la vision personnelle de Schuiten et ses acolytes.

Nb : si vous êtes fan, procurez vous la version limitée en format horizontal, qui met à l’honneur le dessin et la lecture en demi pages.


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